Burkina Faso: le chef de l’État préside un Conseil des ministres mais soulève toujours des questions
À Ouagadougou, le conseil des ministres qui devait se tenir ce 19 juin 2024 à finalement eu lieu ce jeudi matin. Ibrahim Traoré est apparu souriant et détendu sur les photos fournies par les autorités burkinabè. Souriant alors qu’il règne un contexte d’incertitude et de grandes spéculations au Burkina Faso où plusieurs questions se posent. Explications.
La première question : où réside, au jour le jour, le chef de l’État du Burkina Faso ? Après l’attaque désastreuse pour l’armée burkinabè sur Mansila qui a fait au moins 100 morts dans les rangs de l’armée, le 11 juin 2024, et l’épisode d’une roquette tombée sur la Radio-Télévision du Burkina (RTB) le 12, en plein Conseil des ministres, le président de la transition – au pouvoir depuis le 20 septembre 2022, suite à un coup d’État – aurait été mis à l’abri dans la banlieue de Ouagadougou, à Loumbila. Une mise à l’abri assortie d’un prompt renfort de militaires maliens et de supplétifs de Wagner débarqués par avion de Gao (Mali).
Deuxième interrogation : quid du sort du président ? Le fiasco de Mansila a jeté un froid au sein de l’armée où certains contestent la compétence du pouvoir en place pour contrer l’avancée des jihadistes. Plusieurs brigades d’intervention rapide (BIR) auraient fait un refus d’obstacle lorsqu’il s’est agi d’aller contre-attaquer les jihadistes à Mansila. Et l’autorité du chef suprême des armées – qui se vantait de pouvoir régler le problème terroristes en trois mois au Faso – vacille de plus en plus.
De nombreuses rumeurs à Ouagadougou se répandent par ailleurs à propos de tractations autour de la présidence burkinabè. Toutes les hypothèses vont bon train : l’une consiste à dire que « IB » va surmonter la vague contestataire au sein de l’armée avec l’assentiment et le soutien des deux pays frères de l’Alliance des États du Sahel (AES) et notamment du Mali qui n’envoie pas que des hommes mais aussi des messages : difficile, en effet, pour Bamako d’imaginer que le patron du Burkina soit une personne qui ne serait pas « en phase » avec la grande AES.
L’autre hypothèse serait un départ ou une mise à l’écart du capitaine Traoré. Bon nombre de hauts gradés n’ont jamais accepté d’être soumis à l’autorité d’un subalterne dans la hiérarchie militaire.
Certains seraient à la recherche d’un homme providentiel au sein de l’armée burkinabè qui serait aussi plus ouvert à un retour de la société civile et aux politiques qui, depuis l’avènement d’Ibrahim Traoré, sont priés de se taire.
RFI