Rappelé à Dieu le 27 juin 1922: Il était une « foi » El hadji Malik Sy

Rappelé à Dieu le 27 juin 1922: Il était une « foi » El hadji Malik Sy

Le 27 juin 1922 était rappelé à Dieu Seydi El Hadji Malick SY (rta), érudit de la confrérie Tijaaniya et l’une des plus grandes figures de l’Islam africain. Retour sur la vie de cet homme de Dieu. Une existence bien remplie. Nous reproduisons in extenso une production de haute facture. 


Né à Gaya, village qui se trouve actuellement dans le département de Dagana, vers 1855, son père Ousmane Sy était originaire du Jolof, précisément du village de Sine près de Dahara, et en remontant sa lignée, son origine était au Bundu. Ce fut un érudit religieux qui avait étudié chez plusieurs grands savants de son époque comme Mor Xujja Kumba de Kokki, Mustafa Uld Ahmad Faal et Mahand Baaba Ad Daymaani. Il séjourna à Gaya au Waalo chez Thierno Malick Sow, et c’est là qu’il épousa une femme très pieuse du nom de Fa Wade Wellé. C’est elle qui lui donna Malick Sy, homonyme de Thierno Malick Sow. Ousmane mourut avant la naissance de son fils, vers la trentaine. Le jeune Malick grandit ainsi orphelin de père.
Il apprit le Saint Coran chez son oncle Alfa Mayoro Wellé, chez Thierno Malick Sow et chez un oncle paternel appelé Mor Khoudia Sy. Son père lui avait laissé en héritage une petite bibliothèque bien conservée. Il séjourna au Jolof dans le village paternel de Siin, puis au Kajoor, et retourna finalement à Gaya où il dirigea pour la première fois une école coranique. Par la suite, il alla à Podor chez Thierno Mamadu Top pour y apprendre le tajweed (lecture psalmodiée du Coran). Il continua ses voyages en quête de savoir vers le Kajoor à Kër Kode Alasan chez Mor Diop pour apprendre la Rissala d’Ibn Abi Zayd Al Qayrawani, et à Kër Tayba Sey chez Kala Sey pour perfectionner sa connaissance de la grammaire. Il perpétua sa quête de savoir à Saint-Louis chez Ahmadu Njaay Mabey.
Il épousa à Saint-Louis sa première femme, la pieuse Rokhaya Ndiaye. Il se déplaça ensuite à Luga chez Ibrahima Diakhaté, à Ngig chez Mamadu Wàdd, et enfin dans le Mbakol à Thille Daramaan chez Maa Silla Mane. Enfin, il partit en Mauritanie chez Muhammad Ali Yaqubi qui lui conféra des «ijaza» (licences conféries). Il faut rappeler que Maalik Si avait reçu le Wird Tijaan vers ses dix-huit ans de son oncle Alfa Mayoro Wellé qui, à son tour, l’avait reçu de Shaykh El Hadji Oumar  Tall.
Au terme de cette longue et riche formation, Malick Sy retourna à Saint-Louis, où il ouvrit une école coranique et pratiqua l’agriculture pendant les mois d’hivernage à Ganjool. Il commença une longue et prolifique activité d’écriture poétique. Il s’installa par la suite à Ndombo vers 1883 et à Ngambu Thille après le rappel à Dieu de son auguste oncle Alfa Mayoro en 1887. Durant toute cette période, il alliait le travail champêtre à l’éducation religieuse à travers l’enseignement du Saint Coran, sans oublier la production littéraire à travers l’écriture poétique. Il épousa en cette période sa deuxième femme, la noble Soxna Safieyetu Niang, qui était descendante de Buur ba Jolof.

Voyage à la Mecque  


C’est en 1888 qu’il effectua son voyage à la Mecque suivant la route Dakar-Marseille-Alexandrie-Suez-Djedda. De retour du pèlerinage dans les lieux saints de l’Islam, il s’installa quelques années à Saint-Louis, jusqu’en 1895. Il y épousa sa troisième femme, Sokhna Yacine Dieng, fille du grand érudit Masàmba Moor Jéeri Dieng qui l’avait hébergé à Ndar. (Pour ceux qui sont intéressés, j’avais écrit un article sur lui : https://www.facebook.com/share/p/EyyUJNXAjVeN3fbz/) Il se fit apprécier et respecter par toute la population de la capitale sénégalaise, et au cours du temps, malgré sa discrétion, son aura augmentait de plus en plus : plusieurs personnes des contrées voisines venaient à Saint-Louis pour assister à ses enseignements. Vers 1895, il s’installa à Njarnde, créant une communauté agricole originale et dynamique, basée sur l’égalité entre les êtres humains propre à l’Islam et la solidarité fraternelle.

Installation à Tivaouane

Enfin, sept années après, en 1902, il s’installa à Tiwawaan où il ouvrit sa célèbre Zawiya. C’est ici que le modèle pédagogique de Njarnde fut perfectionné et des talibés de toutes les contrées du Sénégal, jusque en Gambie et en Casamance, venaient pour apprendre le Coran et les sciences religieuses. La Zawiya est organisée comme une véritable université islamique.
Il forma à Tiwawaan ses nombreux muqaddams qui seront chargés de répandre dans le pays ses enseignements et participeront incontestablement à l’islamisation du Sénégal. Véritable amoureux du Prophète Muhammad (PSL), il lui dédia plusieurs poèmes d’une grande beauté littéraire, mais le célébra surtout avec son œuvre pédagogique, sa parfaite pratique religieuse, et son immense dimension mystique. Il œuvra pour la commémoration du Mawlud, qui est encore célébré avec beaucoup de zèle chaque année à Tiwawaan. Il fut rappelé à Dieu il y a exactement 102 ans, jour par jour, dans cette ville devenue « Sainte », qui représente, grâce à son travail, un pôle fondamental de l’Islam sénégalais.

Avec Internet 



Bibliographie essentielle :

Boubacar Camara 2022 Seydi El Hadji Malick Sy. Un héros de la Umma, Dar Alburaq : Beyrouth.

Cheikh Tidiane Fall 1986 El Hadji Malick Sy à Tivaouane de 1902 à 1922 UCAD, mémoire de maitrise.

Rawane Mbaye 1993 La pensée et l’action d’El Hadji Malick Sy : Un pôle d’attraction entre la Shari’a et la Tariqa. Vie et œuvre de El Hadji Malick Sy, Université de la Sorbonne nouvelle, Paris III, thèse de doctorat.

Mouhammadou Lamine Niang 2019 Expansion de l’Islam au Sénégal: Le Role des Muqaddam d’El Hadji Malick Sy, UCAD, mémoire de maitrise.

Amadeus

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