Licenciements abusifs et exploitation : Le ministre du travail en première ligne contre les abus dans les entreprises
Au Sénégal, le nouveau régime a lancé une vaste campagne pour traquer les patrons de sociétés qui respectent ou exploitent excessivement leurs travailleurs. Sur instruction du chef de l’État Bassirou Diomaye Faye, le Ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions, Yankhoba Diémé, a effectué une descente ce mardi 2 juin dans deux entreprises : le supermarché « Exclusive » et le Syndicat des Auxiliaires et Travailleurs du Sénégal (SATS). La situation des travailleurs de cette dernière, employant des centaines de Sénégalais, est alarmante.
Babacar Ndao, récemment licencié pour avoir mené un mouvement de contestation avec quatre de ses camarades, dénonce une forme d’esclavage moderne : « Dans cette entreprise, nous travaillons 12 heures au lieu de 8. Aucune mesure sociale n’est prise en faveur des travailleurs. Nous vivons de l’esclavage moderne. Les travailleurs sont intimidés en permanence. Certains ont plus de 30 ans d’ancienneté sans avoir bénéficié de l’IMP ni de versements à la caisse de sécurité sociale. Les retraités partent les mains vides », regrette cet ancien employé de SATS.
Selon Babacar Ndao, leur licenciement est survenu après une simple lettre adressée à la Direction du SATS, dirigée par Amadou Mactar Sarr : « Nous avons dénoncé les conditions de travail et exhorté le DG à ouvrir des négociations. Au lieu de dialoguer, il a préféré nous licencier », déplore-t-il.
Des conditions de travail alarmantes
M. DIOP, un doctorant en droit devenu docker en raison du chômage, accuse SATS de les exploiter : « Cette société gagne des millions mais ne traite pas bien ses travailleurs », alerte-t-il. SATS emploie trois catégories de dockers : professionnels, occasionnels et CU. « Les dockers CU sont les plus nombreux et effectuent tout le travail, mais ne sont ni embauchés ni correctement rémunérés. La direction nous impose deux équipes de 12 heures au lieu de trois équipes de 8 heures », explique M. DIOP.
Sur la rémunération, F. Fall explique à la délégation du ministre qu’ils sont victimes de sous-traitance : « Normalement, nous devons être payés 35 000 FCFA, mais la société nous paie 9 150 FCFA. Où sont passés les 25 850 FCFA ? », s’interroge-t-il. « Tout docker doit avoir un contrat ou être embauché, c’est le décret qui le dit. SATS ne respecte rien et continue de maltraiter ses travailleurs sans que le gouvernement intervienne », poursuit F. Fall.
L’Intervention des Autorités
La société a été mise en demeure à plusieurs reprises par l’inspection du travail, mais Amadou Mactar Sarr, le directeur de SATS, n’a jamais été ébranlé durant les 27 dernières années. Toutefois, les nouvelles autorités ont effectué une visite au port autonome de Dakar pour constater les faits. Sous la pression, M. Sarr a affirmé qu’il s’appuyait sur les textes pour payer ses travailleurs : « J’accepte que tout n’est pas rose dans cette entreprise, mais nous faisons de notre mieux. Les véritables raisons des manquements sont à chercher dans un décret de 30 ans qu’il est grand temps de réviser », a-t-il déclaré difficilement sous les huées de ses employés.
M. Sarr a ajouté devant les caméras : « Le Sénégal est un pays de droit et je m’appuie sur les textes. » Plusieurs plaintes pour licenciement abusif et exploitation ont été déposées contre lui. Un inspecteur du travail présent sur les lieux a indiqué que M. Sarr n’avait jamais répondu à leurs convocations suite aux plaintes des travailleurs. Le Ministre Yankhoba Diémé, qui s’est déplacé sur les lieux, a promis d’apporter des correctifs dans les meilleurs délais : « Nous sommes ici suite à une plainte des travailleurs et sur instruction du chef de l’État. Il est clair qu’il y a beaucoup à faire et à refaire. L’inspection du travail a déjà relevé des problèmes de conformité et de légalité concernant l’existence de cette entreprise. »
Vers des réformes nécessaires
Dans le cadre de l’opération « Jub, Jubeul, Jubunti », le ministre a précisé que la conformité de l’entreprise n’était pas négociable : « Le décret brandi par le directeur n’est pas fondé. Nous sommes ici pour protéger l’outil de travail et permettre aux employés de vivre décemment et dans leurs droits. On n’est pas là pour faire disparaître des entreprises mais », a-t-il conclu.
Le nouveau régime semble déterminé à faire respecter les droits des travailleurs et à réformer le secteur pour améliorer les conditions de travail dans les entreprises sénégalaises.