Dépenses – 3 mois dans des hôtels de Dakar : L’Etat aux frais de la princesse

Dépenses – 3 mois dans des hôtels de Dakar : L’Etat aux frais de la princesse

Plus de 3 mois après leur arrivée au pouvoir, le chef de l’Etat et son chef de gouvernement logent encore dans des hôtels de luxe de Dakar, au lieu de rejoindre leurs résidences officielles. Une durée qui dépasse celles qu’avaient établies les prédécesseurs de Bassirou Diomaye Faye en leur temps.

Quand le tandem à la tête de l’Etat va-t-il enfin se décider à regagner ses pénates ? 100 jours après avoir pris le pouvoir, le chef de l’Etat et son Premier ministre sont toujours sous abri provisoire, comme de simples potaches. Il y a, à n’en pas douter, de très bonnes raisons pour que le Président Diomaye Faye et le Premier ministre Sonko, ainsi que des membres de leurs familles, n’aient pas jugé bon de prendre leurs quartiers au Palais de l’Avenue Senghor, ou à la résidence officielle du Premier ministre. Ils n’auront pas été les premiers à se comporter de la sorte.
On se rappelle qu’en 2000, à son arrivée au pouvoir, le Président Abdoulaye Wade avait longtemps attendu avant de rejoindre la résidence officielle. Logée dans un hôtel de Dakar avec son époux, la Première Dame de l’époque, Mme Viviane Wade, avait organisé de manière impromptue, une visite de presse, pour montrer à l’opinion que cette bâtisse a fortement souffert d’un manque d’entretien de la part du couple qui venait de perdre le pouvoir. Incidemment, cette préoccupation avait été confortée en 2004, après la sortie du fameux «Cd no1» du plus proche collaborateur du chef de l’Etat de l’époque. On se rappelle sa phrase : «Viviane nous distrait, elle nous parle des cafards du Palais…»
Macky Sall, à sa suite, avait aussi pris son temps avant d’occuper les lieux. Si les nouveaux venus se font ainsi remarquer, c’est qu’ils ne semblent pas pour leur part, être pressés de changer d’air. Plus de 3 mois après, on pourrait presque dire qu’ils ont pris leurs aises.
Dès leur sortie de prison, les deux compagnons avaient occupé chacun une suite à l’hôtel Azalaï, sur la Corniche-ouest de Dakar. Outre le fait d’être confortable, ce local permettait à chacun d’eux de préserver une vie de famille et d’éviter à leurs proches de subir les incessants va-et-vient des militants et autres collaborateurs du candidat Diomaye et de Sonko. La victoire électorale n’a pas tari le mouvement. Bien sûr, la sécurité présidentielle s’est mise à filtrer les entrées et sorties, mais il n’est pas facile, dans un hôtel comme Azalaï, de garantir un minimum de sécurité et de discrétion pour la conduite des affaires de l’Etat. Ce sont, entre autres raisons, celles qui, selon des membres de l’entourage du Président et du Pm, ont contraint ces derniers à déserter Azalaï, pour aller prendre leurs quartiers au King Fahd Palace, un peu plus loin.
Ce qui ne fera pas de mal aux finances de l’Etat, au moment où les fiscalistes à la tête du pays cherchent à traquer toutes les dépenses inutiles au Trésor. Les personnes les mieux informées indiquent que la nuitée dans la suite présidentielle de l’hôtel Azalaï revient à 1, 3 million de francs Cfa. Au King Fahd, un réceptif du même type, elle reviendrait à 800 mille francs Cfa. Deux autres catégories inférieures y sont proposées, à 500 mille et 350 mille francs Cfa. Si Le Quotidien n’a pu savoir combien de chambres et/ou de suites sont occupées par ces officiels, il a été établi que tout un niveau d’étage est réservé aux dirigeants du pays. Si certains membres de leurs familles les accompagnent, on imagine aussi la lourdeur de la machine des services de l’Etat qui les accompagne. En plus des services de sécurité, absolument indispensables, il y a les plus proches membres et collaborateurs des cabinets présidentiels et de la Primature, qui ne peuvent trop s’éloigner de leurs chefs.
Faute de chiffres précis, ce journal ne peut s’aventurer à donner une idée du montant que ce séjour hôtelier coûte à l’Etat. Il n’en reste pas moins que, multiplié par 100 jours au moins, la plus petite facture, en s’éternisant, est en train de prendre des proportions incon­trôlables pour le Trésor public.
Et si ce temps était nécessaire pour réfectionner les bâtiments officiels de la Présidence et de la Primature, on pourrait se convaincre qu’il ne faudrait pas plus de 3 mois à n’importe quelle entreprise sérieuse pour tout remettre à neuf. Sans dépasser les montants de l’occupation des suites dans ces hôtels de luxe de Dakar.
mgueye@lequotidien.sn

Amadeus

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