SUR X (EX TWITTER) ET FACEBOOK : Les voix discordantes face à Sonko
Ils sont tous journalistes et se sont imposés comme des vigies face au régime Diomaye–Sonko. Que partagent-ils? Une détermination sans faille à ne rien épargner au Premier Ministre sur ses dérives, chef du parti au pouvoir, le Pastef. À travers des messages incisifs sur X et Facebook, ils saisissent chaque occasion pour se prononcer, pointant tour à tour ses supposés reniements et certains de ses dérapages.
Chaque intervention du Premier ministre Ousmane Sonko suscite une véritable tempête sur les réseaux sociaux. Les journalistes Adama Gaye, Madiambal Diagne, Mamadou Ibra Kane, Thierno Diop, Rama Seck et Yoro Dia, armés de leurs plumes acérées, ne laissent passer aucune déclaration sans y apposer leur marque. Leurs critiques, tranchantes et sans concession, sont devenues l’emblème de l’opposition au régime actuel. Adama Gaye, toujours prompt à dénoncer le duo Diomaye – Sonko, se distingue par sa constance à fustiger non seule- ment le régime en place mais aussi le précédent gouvernement de Macky Sall. Madiambal Diagne, pour sa part, ne laisse aucun répit au Premier ministre Ousmane Sonko, commentant sans relâche ses actions et prises de parole. Mamadou Ibra Kane, qui s’était engagé lors de la présidentielle avec le candidat Amadou Ba, y va à coup d’interpellations directes, accentuant la pression sur le Premier ministre. Thierno Diop, en plus de critiquer le Premier ministre, ne rate aucune occasion pour dénoncer les premiers pas de ce régime. C’est à lui qu’on doit la polémique autour de la nomination de la fille de la ministre Yassine Fall. Rama Seck, quant à elle, aborde les sujets avec nuance, posant des débats où elle déploie des arguments solides pour défendre ses positions contre le régime actuel et le chef du gouvernement. Yoro Dia, avec sa perspective critique, analyse la stratégie politique du Premier ministre et la confronte aux dynamiques sociopolitiques du pays. Cette mobilisation des journalistes sur X et Facebook n’est pas sans conséquences. Ce week-end, le pool d’avocats de Ousmane Sonko, sous la direction de Me Bamba Cissé, est monté au créneau, menaçant de porter plainte contre Madiambal Diagne et de sévir contre toute personne s’en prenant à l’actuel Premier ministre. Cette déclaration a provoqué de vives réactions, certains y voyant une tentative de museler les leaders d’opinion et de restreindre la liberté d’expression. L’activiste et fondateur du Think tank Afrikajom Center, Alioune Tine, très actif sur Twitter, s’est désolidarisé de cette volonté exprimée par les avocats d’Ousmane Sonko. Il en appelle au Premier ministre à ne pas emprunter la voie judiciaire contre les critiques portées sur lui, soulignant l’importance de préserver un espace de débat libre et ouvert.
Avalanche de réactions
Ces interventions critiques suscitent elles-mêmes une avalanche de réactions sur les réseaux sociaux. Les partisans du Premier ministre, ainsi que ceux qui s’opposent à ces journalistes, ne manquent pas de riposter par des insultes, des critiques virulentes et des répliques acerbes. La polarisation est telle que chaque mot devient une arme dans un débat de plus en plus tendu. Le danger de voir des avocats s’auto-saisir au profit de leur client, surtout lorsqu’il s’agit d’un homme politique de premier plan, est réel. Cela pourrait constituer un précédent inquiétant, menaçant la liberté d’expression et la capacité des leaders d’opinion à remplir leur rôle de vigie. Une clarification par le bâtonnier semble nécessaire pour encadrer cette volonté déclarée par Me Bamba Cissé. Ainsi, la question demeure : jusqu’où les voix discordantes sur X et Facebook pourront- elles aller sous le sceau de la liberté d’expression sans risquer d’être muselées par des menaces et poursuites judiciaires ? La réponse réside peut- être dans la détermination de ces journalistes à braver les obstacles pour défendre la liberté d’expression, un pilier fondamental de la démocratie sénégalaise.
I.F