Joe Biden passe le relais à Kamala Harris à la convention démocrate à Chicago

Joe Biden passe le relais à Kamala Harris à la convention démocrate à Chicago

Aux États-Unis, la convention démocrate s’est ouverte lundi 19 août à Chicago. Une convention qui va entériner la candidature de Kamala Harris, l’actuelle vice-présidente, et son colistier Tim Walz. Celle qui va tenter de succéder à Joe Biden à la Maison-Blanche a rendu un vibrant hommage au président, avant que celui-ci ne prenne la parole. La convention démocrate doit durer jusqu’au jeudi 22 août.

« Nous sommes éternellement reconnaissants » envers Joe Biden, un « incroyable » président, a dit Kamala Harris lundi 19 juillet au soir, acclamée lors d’une première et brève apparition à la convention démocrate à Chicago, dans le nord des États-Unis. « Battons-nous pour les idéaux qui nous sont chers. Et n’oublions jamais : quand nous nous battons, nous gagnons », a lancé Kamala Harris, qui affrontera le républicain Donald Trump en novembre.

La convention démocrate va durer jusqu’à jeudi et accompagner l’investiture de Kamala Harris. Mais la vraie vedette de la première soirée, c’était Joe Biden, qui a emporté le public dans l’émotion. Aux cris de « We love Joe » (« Nous aimons Joe ») et de « Thank you Joe » (« Merci Joe ») devant un public conquis d’avance et longuement préparé par les intervenants successifs, Joe Biden s’est présenté devant l’assemblée qui était censée l’investir, et donne en quelque sorte son testament politique. Le président a fait le bilan d’une vie d’engagement et surtout de son mandat, consacré essentiellement, selon lui, à la défense de la démocratie américaine face aux assauts de Donald Trump et de ses partisans.

Joe Biden dresse son bilan
Il a livré sa vision de l’Amérique, une nation ouverte et unie autour de valeurs communes et non divisée entre les États républicains et démocrates. « Amérique, je t’ai donné le meilleur de moi-même. J’ai fait beaucoup d’erreurs dans ma carrière, mais je t’ai tout donné, déclare-t-il, s’inspirant de la chanson « American Anthem », qu’il avait déjà citée lors de sa cérémonie d’investiture en janvier 2021. Comme beaucoup d’entre vous, j’ai donné mon cœur et mon âme à notre nation. Et j’ai été payé un million de fois en retour par le soutien du peuple américain. J’ai failli être trop jeune pour entrer au Sénat, parce que je n’avais pas encore 30 ans, et trop vieux pour être président. Mais j’espère que vous savez à quel point je vous suis reconnaissant, à vous tous. »

Il défend aussi son bilan économique, le rebond après la pandémie, le plan pour les infrastructures, la loi sur la relocalisation de l’industrie électronique, la lutte pour faire baisser les prix des médicaments, autant de succès qu’il revendique et qui l’encouragent à dire que le pays est sur le bon chemin. Un chemin qui va maintenant être parcouru par Kamala Harris qu’il ne cesse d’associer à sa politique tout au long de son discours.

Le président de 81 ans a aussi plaidé pour la défense de la démocratie face à Donald Trump. Il a dénoncé des mensonges de son opposant sur la criminalité et l’immigration. Et comme si cela ne suffisait pas, Joe Biden, décidément très offensif, explique sous les vivats de la foule que Donald Trump est, pour lui, inapte à être commandant en chef. Mais cette fois, il ne le fait pas pour défendre sa candidature, mais celle de Kamala Harris, le nouvel espoir des démocrates, qui savoure dans son fauteuil, alors que l’émotion finit par submerger la salle.

La grand-messe du parti n’a jusqu’ici pas été troublée par des manifestations pro-palestiniennes monstres. Des manifestants ont brièvement ouvert ce 19 août une brèche dans un périmètre de sécurité extérieur. La police les a bloqués et l’un d’entre eux, vêtu de noir, a été interpellé, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse sur place. En réponse, Joe Biden a déclaré lors de la convention que ces manifestants avaient « des arguments à faire valoir ». Le dirigeant démocrate a brièvement évoqué dans son discours le mouvement de contestation contre le conflit qui fait rage depuis plus de dix mois dans le territoire palestinien, déclarant que « beaucoup de personnes innocentes ont été tuées, des deux côtés ».

Une nouvelle dynamique dans la campagne
Il y a un mois à peine, les démocrates s’attendaient à investir sans passion le président octogénaire, embourbé dans les sondages. Mais voilà qu’après son incroyable retrait le 21 juillet, ils se prennent à rêver à nouveau d’une victoire grâce à leur candidate de 59 ans.

« J’adore Joe Biden, mais j’ai été absolument ravi qu’il abandonne, parce qu’il nous tirait vers le bas », a asséné Harry Pascal, un militant démocrate.

Donald Trump, qui a prévu des déplacements dans plusieurs États décisifs cette semaine, a évoqué ce 19 août son programme économique dans l’un d’eux, la Pennsylvanie. En promettant un virage protectionniste et une dérégulation massive, l’ancien président républicain a attaqué les projets « communistes » de Kamala Harris et a avancé sans aucune preuve qu’elle aurait monté un « putsch » contre Joe Biden.


Pour le président, qui a été précédé sur scène par son épouse Jill Biden puis annoncé par sa fille Ashley, ce discours a une dimension testamentaire, au terme d’un demi-siècle de vie politique. « Ce sera un moment gratifiant » pour lui, a assuré la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, assurant qu’il était « impatient de parler des succès historiques qu’il a obtenus pour notre pays avec la vice-présidente. »

Hillary Clinton soutient Kamala Harris
Les anciens présidents Bill Clinton et Barack Obama s’exprimeront aussi lors de la convention. De même que l’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton, qui a offert l’un des premiers moments forts de la convention démocrate en appelant son parti à enfin briser le plafond de verre et faire élire la première femme présidente de l’Histoire des États-Unis. « Il se passe quelque chose en Amérique. Cela se sent. Une chose pour laquelle nous avons travaillé et dont nous avons rêvé depuis longtemps », se réjouit-elle. Candidate malheureuse face à Donald Trump en 2016, alors qu’elle était donnée favorite, sa présence rappellera peut-être les démocrates à une certaine prudence.

Le milliardaire cherche, lui, la parade face aux attaques du camp adverse. « Nous sommes des gens extrêmement normaux », a par exemple dit ce 19 août le candidat de 78 ans, à propos de lui-même et de son colistier J.D. Vance, auquel les démocrates ont collé l’étiquette d’homme « bizarre ».

L’avance de Kamala Harris dans les sondages reste toutefois dans la marge d’erreur statistique. Donald Trump domine le Parti républicain, malgré sa condamnation historique dans une affaire pénale et les poursuites dans plusieurs autres. Il reste adulé par sa base, encore plus depuis la tentative d’assassinat dont il a été victime en juillet. « Je ne nous vois pas du tout en favoris », avait averti Kamala Harris il y a deux jours.

RFI

Petit Ba

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