ALERTE SUR LE GAZ :Diomaye espère un repreneur pour le gisement Yakaar-Teranga

ALERTE SUR LE GAZ :Diomaye espère un repreneur pour le gisement Yakaar-Teranga

Pays émergent sur la scène énergétique mondiale, notre pays traverse une période de turbulence dans le secteur des hydrocarbures. Le vaste gisement gazier offshore de Yakaar-teranga, autrefois perçu comme un moteur de développement économique et énergétique pour notre pays, fait aujourd’hui face à des incertitudes croissantes. Après le retrait de la major britannique BP en novembre 2023, le gouvernement se retrouve dans une course contre la montre pour trouver un nouveau partenaire stratégique. La multinationale malaisienne Petronas a été sollicitée pour une reprise, mais le chemin vers un accord semble semé d’obstacles. La Malaisie à la rescousse ?

La quête d’un repreneur pour Yakaar-Teranga a été, selon le très réseauté Africa Intelligence, au cœur des discussions entre le président et le ministre malaisien des Affaires étrangères, Mohamad bin Haji Hasan, lors de sa visite à Dakar en mai dernier. Pour compenser le départ de BP, le gouvernement a clairement manifesté son intérêt pour Petronas, la compagnie pétrolière malaisienne, très active sur le continent. En réponse, les autorités malaisiennes ont rapidement mis en contact les équipes de Petronas avec celles de notre pays pour explorer les possibilités. de collaboration. Petronas n’est pas un inconnu. En 2018, la firme malaisienne avait acquis 30 % des parts du bloc Rufisque Offshore Profond, en partenariat avec Total Énergies. Ce contrat avait suscité de vives polémiques à l’époque et, après des résultats décevants, le permis de recherche avait expiré, entraînant le retour des actifs à l’État. Aujourd’hui, la perspective d’un nouveau partenariat soulève des espoirs, mais aussi des contraintes.
Les défis d’une collaboration avec Kosmos energy.


Pour que Petronas puisse effectivement reprendre le flambeau sur Yakaar-Teranga, il est impératif que des accords soient trouvés avec l’actuel opérateur du gisement, l’américain Kosmos Energy. Cette entreprise, qui détient encore 90 % des parts du projet, a récemment annoncé son intention de réduire sa participation à un niveau compris entre 25 % et 33 %. Kosmos Energy souhaite toutefois con- server son rôle d’opérateur, et les premiers mètres cubes de gaz sont toujours attendus d’ici à 2027. Un accord avec Petronas devra également tenir compte de plusieurs paramètres clés : les volumes à extraire et les prix d’achat du gaz, deux questions qui ont d’ailleurs conduit au départ de BP. Ces points de discorde ont été particulièrement épineux, surtout lorsque l’on considère que Yakaar-Teranga est destiné en priorité à alimenter les besoins nationaux en électricité, pour matérialiser la promesse d’une baisse des coûts de l’énergie pour les ménages et réussir le programme d’industrialisation, en exportant une partie de la production sous forme liquéfiée.


Kosmos annonce la réduction de sa participation


Dans le cadre du projet gazier Yakaar-Teranga, le retrait de BP avait révélé des divergences de vision avec les autorités sénégalaises, notamment sur l’orientation des projets d’exportation par rapport à la consommation domestique. Lors du bilan de ses travaux du premier trimestre 2024, Kosmos Energy a annoncé sa décision de « réduire sa participation directe entre 25 et 33 % ». Toutefois, Kosmos a précisé qu’elle souhaite conserver ses responsabilités dans les « opérations d’exploitation ». Kosmos Energy indiquait également aux nouvelles autorités son souhait de travailler avec Petrosen pour préparer des travaux préalables visant à garantir un gaz compétitif en termes de coûts pour soutenir l’économie nationale. Déjà en novembre 2023, Antoine Félix Diome, alors ministre du Pétrole, avait expliqué que le retrait de BP était dû à une préférence de la compagnie britannique pour l’exportation, contrairement à la volonté de l’État sénégalais de privilégier la consommation domestique pour alimenter les centrales électriques et faire face aux engagements pris par les IPP dans le cadre des contrats d’achat de production d’énergie.


un projet en perte d’attractivité ?


Le retrait de BP n’est pas un simple incident de parcours ; il reflète des difficultés pro- fondes dans la structuration et la rentabilité du projet Yakaar- Teranga. Les retards accumulés dans la production des champs gaziers, notamment ceux de Sangomar et GTA, ainsi que l’incertitude quant à l’avenir du projet, suscitent des inquiétudes. L’économie, qui comptait sur les revenus du gaz pour booster sa croissance et soutenir son endettement, pourrait être gravement impactée par ces retards, avec un risque de dégradation de notre notation et des taux d’intérêt plus élevés sur le marché.

Les problèmes de Petronas en Afrique


Petronas fait face à des difficultés sur le continent. En 2014, la société malaisienne a décidé de se retirer du champ Chinguetti, situé à 65 kilomètres de Nouakchott. Ce retrait unilatéral est survenu alors que Petronas peinait à trouver un repreneur pour un champ dont les prévisions de production n’étaient pas à la hauteur des attentes. Cette situation a mis en lumière les défis rencontrés par Petronas dans un marché pétrolier globalement morose à l’époque et la réticence de la compagnie malaisienne à prendre des risques. En outre, en décembre 2022, un accord pour l’acquisition du portefeuille d’actifs pétroliers de Petronas au Soudan du Sud avait été officialisé avec Savannah Energy, mais cet accord est resté en suspens. Nilepet, la compagnie pétrolière publique du Soudan du Sud, a depuis un moment exprimé son intention de reprendre ces actifs, ajoutant encore aux complications auxquelles Petronas fait face. Ces problèmes témoignent des défis internationaux auxquels Petronas est confrontée, ce qui pourrait impacter ses engagements potentiels dans le projet Yakaar-Teranga.


Vers une nouvelle donne dans l’énergie


Alors que le gouvernement poursuit ses négociations avec Petronas, l’avenir de Yakaar- Teranga reste incertain. Les travaux en vue des renégociations des contrats, qui vont dé- marrer après la mise en place de la commission, seront déterminants pour maintenir la confiance des investisseurs. En attendant, le gouverne- ment reste à la recherche de solutions pour assurer l’avenir du secteur gazier, un secteur qui, bien que plein de promesses, n’attire plus autant qu’avant.


I.F

Amouradis

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