Le drame de Mbour au Sénégal, un scénario qui se répète encore et encore

Le drame de Mbour au Sénégal, un scénario qui se répète encore et encore

C’est malheureusement souvent la même histoire. Des dizaines de jeunes gens qui s’entassent sur une pirogue, pensant trouver une vie meilleure en Europe en passant par le territoire espagnol des îles Canaries. Et à l’arrivée, bien souvent, c’est la mort par noyade qui les attend.

« Le décompte macabre se poursuit toujours après le drame maritime de dimanche dernier, lié à l’émigration irrégulière, soupire le site d’information Dakar Actu. Selon des informations confirmées par les unités des sapeurs-pompiers de Mbour, 36 corps sans vie sont pour le moment enregistrés officiellement. Les recherches sont, à cette heure, suspendues. Elles reprendront ce mercredi. »

« La majorité des migrants retrouvés morts sont originaires de (cette même ville de) Mbour, précise le site Senego. Les dépouilles sont exposées au niveau de la plage et à la morgue afin de permettre leur identification par leurs familles. L’organisateur du voyage a été arrêté lundi, aux environs de 17 heures, chez son charlatan, où il se rendait pour se munir de protections mystiques, afin d’échapper à une arrestation. » Pour le coup, c’est raté.

Trente-six morts pour l’instant, donc. Mais « le bilan du naufrage pourrait encore s’alourdir, relève WalfQuotidien. Citant Babacar Senghor, président du Conseil local de la pêche artisanale à Mbour, des personnes ont affirmé que 80 corps avaient été repêchés. Pour l’heure, on ne sait pas avec certitude combien de personnes avaient pris place dans la pirogue. Mais on estime qu’elles étaient une centaine. »

Qui pour leur faire comprendre ?
Le site Dakar Matin laisse éclater sa colère : « qui pour leur dire que la vie, c’est ici, dans ce pays, et maintenant ? Qui pour leur faire comprendre que la réussite est à portée de main et que l’espoir est de retour dans leur propre pays où tout est à reconstruire et qu’il suffit d’y croire pour exister ? Tous ces jeunes qui meurent bêtement au fond de l’océan, éblouis par les mirages d’une Europe en crise et qui rêvent d’Eldorado, se trompent dans leur entreprise périlleuse (…). L’arrivée d’un nouveau régime n’a pas arrêté la traversée macabre, pointe encore Dakar Matin. Elle se poursuit et s’intensifie sans répit avec la présence de despérados d’autres nationalités qui font de ce Sénégal côtier un pays de transit. Un exode qui, à lui seul, résume l’échec d’un pouvoir qui nous promettait une hypothétique émergence et qui nous a laissé un pays en lambeaux. »

Et rien n’y fait, constate L’Observateur Paalga au Burkina Faso… « On a beau tout essayer, avec l’opération Frontex, avec la politique de fixation des jeunes dans leurs terroirs, avec l’aide au développement. Ils sont encore des milliers et des milliers à prendre le désert ou la mer à la recherche d’un hypothétique eldorado, quitte à y rester en cours de route (…). Depuis le début de l’année, ils sont quelque 5 000 à s’être noyés en voulant traverser l’Atlantique. Entre janvier et mars, un peu plus de 13 000 migrants ont atteint les îles Canaries de manière irrégulière après avoir traversé en bateau depuis les côtes de l’Afrique de l’Ouest, soit une augmentation de 502 % par rapport à 2023. »

Tous ces « Mbour »
Et malheureusement, relève pour sa part WakatSéra, ce phénomène de l’immigration clandestine n’est pas l’apanage du Sénégal. « Les “Mbour“ ne sont pas qu’au Sénégal qui constitue, avec la Gambie et la Mauritanie, en Afrique de l’Ouest, les passages les plus usités pour atteindre l’Europe. Les “Mbour“ sont dans le désert algérien. Les “Mbour“ sont à la porte du Maroc qui s’ouvre sur (l’enclave de) Melilla. Les “Mbour“ sont dans le no man’s libyen où les migrants sont tués ou, au mieux, vendus comme esclaves. Et tous ces “Mbour“, s’agace le site burkinabé, ne se construisent pas en dehors des dérives de ceux qui nous gouvernent, qui transforment, grâce à la mal gouvernance, la corruption et la soif inextinguible d’un pouvoir de fer, leurs populations en bêtes de somme, juste bonnes pour servir de bétail électoral. Quand la confiscation des libertés se conjugue avec ces pratiques égoïstes, sport national de nombre de dirigeants africains, le départ vers des horizons meilleurs devient la seule issue possible. Alors, soupire encore WakatSéra, les “Mbour“ ouvriront toujours les bras aux désespérés de la vie dans les goulags que sont la plupart des “Républiques très très démocratiques du Gondwana“ où le “leader bien-aimé“ ne règne que pour lui-même et sa famille. »

RFI

Petit Ba

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