DISCOURS À LA NATION : DISSOLUTION DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE: Sonko, le tout puissant Président de la République
Le Pm Ousmane Sonko avait annoncé que l’Assemblée Nationale serait dissoute le 12 septembre 2024, il n’y aurait pas de motion de censure et que les parlementaires seraient pris par autre chose. Nonobstant cela, le Président Bassirou Diomaye Faye avait fixé la date de la Dpg au vendredi 13 septembre 2024. Cet engagement ferme du chef de l’ Etat ne sera pas concrétisé . Ce qui conforte de nombreux Sénégalais que ce pays est entre les mains de Ousmane Sonko qui semble dicter ses lois. Avec cet acte posé, le Président Diomaye n’est-il pas en train d’entacher sa crédibilité de même que sa signature ? Pas un mot sur les 200 morts dans l’Océan. Omission ou oubli volontaire
Dans son discours à la nation, le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye n’ a pas jugé nécessaire de faire allusion à ces 200 personnes qui ont péri récemment dans les eaux en empruntant les chemins de l’émigration clandestine. Pour un chef d’ Etat qui faisait face à sa Nation, sujet ne pouvait être plus important. Ces candidats au voyage dont la plupart sont des jeunes envahis par le spectre du désespoir méritaient ne serait-ce qu’une fenêtre dans le discours du Président de la République. Le Président de la République les a zappés sur toute la ligne. Omission ou oubli volontaire ? Là est la question.
« En imposant, par la force du Droit, la date du 13 septembre 2024 pour la Déclara- tion de politique générale, ce n’est pas de duper le Peuple Sénégalais mais simplement d’asseoir fermement l’autorité de la Loi. Et de rappeler, par les actes que « L’ordre politique, sous mon magistère, ne supplantera jamais l’ordre légal », déclare le Président Diomaye qui pousuit : « Il était donc de mon devoir juridique, éthique et moral de ne céder la moindre parcelle de tolérance aux contempteurs de la Loi. J’en ai donc conclu, que le gage d’une collaboration franche avec la majorité parlementaire, dans le seul intérêt du peuple Sénégalais était une illusion. Celle-ci ayant décidé de se détourner du Peuple pour promouvoir le culte du blocage et ainsi entraver la mise en œuvre du Projet sur la base duquel j’ai été élu. Voilà pourquoi, en vertu des pouvoirs qui me sont conférés par l’article 87 de la Constitution, et après avoir consulté le Conseil Constitutionnel sur la bonne date, le Premier Ministre et le Président de l’Assemblée nationale, sur l’opportunité, je dissous l’Assemblée nationale. La date des élections législatives est ainsi fixée au dimanche 17 novembre 2024. Je dissous l’Assemblée na- tionale pour demander au peuple souverain les moyens institutionnels qui me permettront de donner corps à la transformation systémique que je leur ai promise. »
Chapelet de griefs à l’endroit de l’opposition parlementaire
Après son acte de dissolution qui n’a pas surpris des mil- lions de Sénégalais, le chef de l’État soutient que la majorité parlementaire a décidé de ramer à contre-courant de la volonté du peuple sénégalais qui s’est clairement exprimée au soir du 24 mars 2024.
Il rappelle que celle-ci a refusé de tenir le débat d’orientation budgétaire pour simple supposée attaque sur le terrain politique. Selon lui, cette violation d’une obligation légale prévue par l’article 56 de la loi organique relative aux lois de Finances a terni l’image du Sénégal aux yeux des institutions internationales.
Aussi, ils ont rejeté le projet de loi constitutionnel visant à concrétiser la promesse que j’ai faite au peuple de supprimer le Haut conseil des collectivités territoriales et le conseil économique, social et environnemental, alors que la situation des finances publiques impose urgemment de ratio- naliser les dépenses publiques. Enfin, cette usurpation des prérogatives constitutionnelles du prési- dent de la république pour fixer une date pour la déclaration de politique générale, en violation flagrante de l’article 84 de la constitution et de l’article 97 de l’organique portant règlement intérieur de l’Assemblée, sans parler de la menace, regrette le chef de l’État qui officialise la dissolution de la 14e législature.
Reddition des comptes enclenchée
En outre, il a mis en relief les dégâts causés par l’ancien régime tout en mettant le doigt sur la reddition des comptes à laquelle le pouvoir va s’employer. Dans son adresse à la Nation, le Prési- dent Bassirou Diomaye Faye est revenu sur les résultats de l’audit qu’il a commandité concernant la gestion des fi- nances publiques. Il révèle des manquements et des dérapages liés laux finances publiques. Le chef de l’Etat a annoncé que les rapports de la Cour des comptes seront publiés et que des respons- abilités seront établies.
Malgré le procès fait par le Chef de l’Etat à l’endroit de l’opposition parlementaire, le Président de la République risque de recevoir des foudres émanant de la classe politique, de la société civile et du citoyen tout court. Ces derniers s’accommodent mal de voir un chef d’Etat qui après un engagement ferme opère un reniement flagrant. Pourquoi fixer une date pour la Dpg avec la claire con- science que ce rendez-vous n’aura pas lieu ? A-t-on le droit de jouer à cache-cache avec un peuple qui vous a donné un chèque de 54 % et plus des suffrages exprimés ? Les Sénégalais ont flairé ce coup depuis longtemps et le voyait venir. Ainsi, le Président Diomaye donne raison à ceux comme Alioune Tine ont déclaré que le Président de la République non élu se nomme Ousmane Sonko. En tous cas, le Président Diomaye suit à la lettre ses désirs. C’est lui-même qui nous annonce les décisions que le Président de la République prend et même le contenu de son discours à venir. Les choix de Diomaye que nous avons évoqués plus haut quels que soient ses justifications constituent des voies détournées pour satisfaire les volontés politiques de son Premier ministre au risque même de mettre en jeu sa crédibilité, sa signature. Toutes les annonces faites par Ousmane Sonko (limogeage des présidents du Cese et du Hcct, pas de motion de censure, dissolution de l’Assemblé Nationale, reddition des comptes, pas de Dpg… ont été exécutées à la lettre par le Président Diomaye. On peut dire à la dif- férence de Wade, au lieu du Wakh Waxett, il a fait du « signé signeet » ? Une manière singulière de dire que le Président Diomaye a enterré son décret et sa signature. O jeu politique, quand tu nous tiens. De toutes façons, l’histoire retiendra cette tache noire dans la gouvernance du 5 ème Président de la République du Sénégal.
I.F