Mali: Plus de 500 personnes exécutées par l’armée et ses supplétifs à Moura en 2022, selon l’ONU
Au Mali, plus de 500 personnes ont été sommairement exécutées par l’armée et ses supplétifs à Moura, dans le centre du pays, en mars 2022. C’est ce qu’affirme un rapport publié ce 12 mai 2023 par le Bureau des droits de l’homme des Nations unies.
Cette enquête était attendue depuis des mois. Ses auteurs, qui n’ont pas été autorisés par les autorités maliennes de transition à se rendre sur place, précisent qu’elle est basée sur des entretiens avec des victimes et des témoins, ainsi que sur des sources médico-légales ou encore de l’imagerie satellitaire.
L’armée malienne avait mené dans cette localité une opération anti-terroriste et indiqué un bilan officiel de 203 morts, tous jihadistes. Un bilan battu en brèche par le rapport onusien.
Selon celui-ci, plus de 500 personnes ont été « sommairement exécutées » par l’armée malienne et ses supplétifs « étrangers » selon le rapport onusien de 42 pages, qui rappelle la présence des mercenaires russes du Groupe Wagner au Mali.
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Les enquêteurs onusiens racontent l’arrivée, d’abord, de cinq hélicoptères militaires un jour de marché, les tirs aériens sur la population qui auraient tué « 20 civils et une douzaine de membres présumés de la Katiba Macina » du Jnim, lié à al-Qaïda.
Puis le rapport onusien décrit quatre journées d’exécutions sommaires d’habitants, dans leurs maisons, au motif qu’ils portent une longue barbe ou un pantalon court – une obligation imposée aux populations dans les zones fréquentées par les groupes jihadistes.
Des cas de viols et autres violences sexuelles également rapportés
Au moins 500 personnes ont été exécutées sommairement et jetées dans plusieurs fosses communes que les villageois ont été obligés de creuser eux-mêmes, selon les enquêteurs onusiens, qui indiquent avoir obtenu « de nombreuses données d’identification personnelles, y compris les noms d’au moins 238 victimes ».
Des cas de viols et autres violences sexuelles sont également rapportés sur « au moins 58 femmes et filles ». Le rapport décrit une scène effroyable de viol collectif dans un jardin.
Il affirme également que plusieurs dizaines de personnes, interpellées à Moura, ont ensuite été atrocement torturées dans plusieurs camps militaires et dans les locaux de la sécurité d’État, à Bamako.
Les Nations unies indiquent que le rapport a été préalablement communiqué aux autorités maliennes et russes, qui n’ont pas transmis de commentaires à ce jour.