France: le gouvernement Barnier se précise, premières polémiques sur sa droitisation
Le Premier ministre français Michel Barnier s’apprête, avant dimanche, à présenter la composition de son gouvernement, qui devrait compter 38 membres.
La figure de la droite Laurent Wauquiez ne figurera pas dans la liste des ministres. Le chef des députés du groupe Droite républicaine l’a annoncé dès jeudi 19 septembre à ses troupes. Il affirme avoir finalement refusé le portefeuille des Finances. Sa possible présence au gouvernement avait provoqué beaucoup d’hostilité dans le camp présidentiel. Une ministre démissionnaire se réjouissait en déclarant : « Nos alertes ont été entendues », ajoutant que le nouveau Premier ministre avait dit à son prédécesseur Gabriel Attal qu’il n’y aurait « pas de hausses d’impôts sur les classes moyennes ».
Finalement, l’architecture du futur gouvernement a été dévoilée. Il y aura donc un total de 38 ministres, dont 16 de plein exercice. Sept sont issus d’Ensemble pour la République, deux du MoDem, un d’Horizons et trois des Républicains qui devraient obtenir le stratégique ministère de l’Intérieur. Emmanuel Macron devrait garder des ministres du bloc central aux Affaires étrangères et à la Défense, ses domaines réservés. Gérald Darmanin, qui avait fait valoir son intérêt pour le quai d’Orsay, ne devrait pas rester au gouvernement.
Droitisation
Si la liste officielle n’est pas publiée, quelques noms ont filtré. Certains ministres resteraient en place ou changeraient simplement de maroquins ministériels. C’est le cas de Sébastien Lecornu, aux Armées, et de Rachida Dati, qui devrait conserver la Culture. Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Agriculture dans le précédent gouvernement, signerait son retour à l’Écologie. Quant à Catherine Vautrin, elle est annoncée aux Territoires.
À droite, le chef des sénateurs LR Bruno Retailleau pourrait devenir ministre de l’Intérieur. Il était l’un des plus fervents soutiens de François Fillon en 2017 et a manifesté contre le mariage pour tous. Début 2024, il votait contre la constitutionnalisation de l’IVG. Une partie du camp présidentiel est vivement opposée à sa nomination. Sa collègue députée Annie Genevard devrait prendre l’agriculture.
Laurence Garnier, sénatrice LR, est pressentie au ministère de la famille. Mais son profil irrite, car elle s’est opposée au mariage pour tous et à la constitutionnalisation de l’IVG. Selon l’Élysée, le chef de l’État a « alerté » le Premier ministre sur le « profil délicat » de cette nomination. Patrick Hetzel, député LR pressenti pour l’Enseignement supérieur, a aussi participé aux manifestations contre le mariage pour tous et a aussi voté, contre l’inscription de l’IVG dans la Constitution.
Cette liste devrait être présentée avant dimanche dès le feu vert de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Matignon a annoncé que l’annonce du gouvernement de Michel Barnier ne sera pas annoncé ce vendredi, car de « derniers ajustements » sur sa composition sont encore en cours.
« Pourquoi y a-t-il eu une dissolution ? »
Dès les premières fuites, les polémiques sur le positionnement très à droite de certains ministres ont fait surface. Les noms présents sur cette liste choquent notamment à gauche, jusque dans les rangs du camp présidentiel, explique Charlotte Urien-Tomaka, du service France de RFI.
« Cela va être le gouvernement de la Manif pour Tous », a dénoncé sur TF1 la cheffe des députés LFI Mathilde Panot, évoquant une « extrême droitisation de la macronie ». « Pourquoi y a-t-il eu une dissolution si c’est pour avoir à peu près les mêmes, plus à droite encore ? », s’est demandé l’ancien président socialiste François Hollande.
Une partie du bloc central se sentait également mal à l’aise: « Après tout le travail que nous avons accompli sur le plan sociétal, Laurence Garnier et Bruno Retailleau au gouvernement, c’est NON ! », a réagi sur X le macroniste Ludovic Mendes alors que les députés MoDem sont « remontés », selon une source centriste.
RFI