Sénégal: 22 ans après le naufrage du Joola, une tragédie sans fin pour les proches des victimes

Sénégal: 22 ans après le naufrage du Joola, une tragédie sans fin pour les proches des victimes

C’est l’une des plus graves catastrophes de l’histoire de la marine civile. Le Sénégal commémore ce 26 septembre 2024 le 22e anniversaire du naufrage du Joola, du nom de ce ferry chargé de faire la navette entre Dakar et le sud du pays et qui le 26 septembre 2002 sombrait au large de la Gambie, emportant avec lui près de 2 000 hommes, femmes et enfants, pour la plupart piégés à l’intérieur de sa coque. Retour sur une tragédie et ses suites, plus de deux décennies plus tard.

À Ziguinchor, dans le sud du Sénégal, ce jeudi marque l’ouverture du musée-mémorial du Joola, une demande des familles de victimes, depuis des années. Rapidement après le neufrage, les familles des près de 2 000 victimes et les 64 rescapés ont demandé la construction d’un mémorial à la hauteur du drame, à Dakar, la capitale, et à Ziguinchor, le point de départ du Joola.

« On peut pardonner mais on ne peut pas oublier »
Il aura fallu attendre près de 22 ans pour que le musée-mémorial ouvre ses portes, en Casamance. À Dakar, en revanche, les familles attendent encore.

Pour Malang Batchi, l’un des rares rescapés de ce terrible naufrage, c’est donc une première étape mémorielle. « C’est un endroit pour tirer les leçons du passé, souligne-t-il. C’est aussi un lieu de recueillement, un lieu de rappel pour que, plus jamais, cela ne se répète dans ce pays. On peut pardonner mais on ne peut pas oublier ».

Ne pas oublier : l’amnésie, c’est l’angoisse qui hante les familles. Car, 22 ans après, le souvenir de ce drame a tendance à s’estomper dans la mémoire collective, alors que le Joola a un bilan plus lourd encore que le très connu naufrage du Titanic en 1912. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les familles demandent la création d’une journée du souvenir, qui serait célébrée chaque année, un peu comme le 11-Septembre aux États-Unis.

Mais les familles des victimes et les rescapés demandent toujours aussi que la lumière soit faite sur les responsabilités dans ce drame. Deux rapports d’enquête – l’un sénégalais, l’autre français – ont fait état de nombreux manquements en 2004 : mauvais état du bateau, excédents de passagers. 1 928 personnes étaient à bord au lieu des 580 passagers prévus, soit plus du triple de la capacité officielle du bateau. Il y a aussi la lenteur des secours : le naufrage a lieu à 23h, mais les secours ne sont arrivés qu’à partir de 9h le lendemain et ce sont des pêcheurs qui ont lancé l’alerte au petit matin.

« C’est inacceptable que la justice ne fasse pas son travail »

Pourquoi toutes ces erreurs ? Alors qu’il y a de nouvelles autorités au pouvoir au Sénégal depuis avril dernier, les familles espèrent le réexamen de la prise en charge des orphelins du Joola et la réouverture d’une enquête judiciaire, comme l’explique Lamine, qui a perdu son père dans le naufrage alors qu’il avait 9 ans. « En 2003, le procureur avait classé le dossier sans suite, explique-t-il. Et c’est ce qui n’est pas normal. Donc, pour nous, c’est inacceptable que la justice ne fasse pas son travail et qu’un accident d’une telle nature se produise dans un pays normal et que personne ne soit responsable ».

Les familles de victimes continuent également de réclamer le renflouement du ferry, pour faire leur deuil, car sur les 1953 personnes de 12 nationalités qui sont mortes (1863, selon le bilan officiel), selon l’association des familles de victimes et des rescapés, moins de 500 ont pu être retrouvées.

L’association de familles des victimes plaide donc pour le renflouement du Joola et la possibilité de l’exposer au musée-mémorial pour que les familles qui n’ont pas pu enterrer leurs proches puissent faire leur deuil. Une épave que l’association de familles des victimes aimerait voir exposée au musée-mémorial du Joola pour que les familles puissent se recueillir et entretenir la mémoire du drame.

Le Joola repose par une quinzaine de mètres de profondeur, selon les marées, au large des côtes gambiennes. C’est donc possible techniquement, selon l’association des familles de victimes. Mais cette demande n’a jamais été satisfaite jusqu’à présent.

RFI

Petit Ba

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