Rapport Frontex: les migrations irrégulières en hausse de 300% en Méditerranée centrale
Malgré les promesses électorales de Giorgia Meloni, la Méditerranée centrale voit, en 2023, une augmentation considérable des migrations irrégulières, avec les chiffres les plus élevés depuis le début des statistiques en 2009. C’est le constat dressé par le directeur de l’agence Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes.
Selon Hans Leijtens, le nouveau chef de l’agence européenne Frontex, les passeurs des côtes libyennes et tunisiennes ont un nouveau modèle commercial beaucoup plus agressif. Le directeur de l’agence Frontex souligne une baisse générale des prix demandés aux migrants pour traverser la Méditerranée. Cette baisse est liée à la concurrence entre réseaux de passeurs.
Dans au moins un cas rapporté par Frontex, une embarcation avec des migrants à bord a été coulée par un réseau de passeurs concurrent, selon notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. Le premier trimestre de 2023 est le plus meurtrier depuis 2017 avec 441 morts, selon les chiffres des Nations unies.
La Méditerranée centrale représente 40 000 entrées irrégulières depuis le début de l’année 2023, dont plus de la moitié du total pour l’Union européenne. Cette augmentation est particulièrement sensible au départ des côtes tunisiennes : 1 100% de plus que l’an dernier à la même époque. Elle s’explique en partie aussi parce que la baisse des tarifs pousse les passeurs à multiplier les départs.
L’Italie redoute une année record
À ce jour, le gouvernement italien a enregistré depuis le début de l’année quatre fois plus de personnes que l’an passé à la même période. Avec l’été, le gouvernement de Meloni redoute une situation comparable à ce que l’on a connu en 2016, l’année de tous les records. Les pays d’où arrivent les personnes les plus nombreuses sont la Cote d’Ivoire, le Ghana et l’Egypte, selon les nationalités déclarées. On compte aussi de plus en plus de Tunisiens et de Pakistanais. Et l’Italie redoute les effets à venir de la guerre au Soudan, explique notre correspondante à Rome, Anne Treca.
D’après Hans Leijtens, les passeurs construisent désormais un nouveau type d’embarcations : des esquifs en métal construits en moins d’une journée sur les plages pour moins de 1 000 euros l’unité. À Sfax, à l’est de la Tunisie, il y a eu une augmentation de ces embarcations en mer lors des patrouilles avec la garde nationale maritime dès le mois de mars 2023. Ce vendredi 12 mai, les autorités annoncent avoir saisi des embarcations métalliques dans une oliveraie, cachées, dans l’attente d’une traversée, rapporte notre correspondante à Tunis, Lilia Blaise.
Des embarcations très dangereuses
Ces bateaux de fortune sont plus rapides que les embarcations en bois des pêcheurs, mais très fragiles, car mal soudés et peu fiables en cas de mauvais temps. Ils prennent facilement l’eau et sont la cause des nombreux naufrages de ces derniers mois. En témoigne l’afflux des corps à la morgue de Sfax, fin avril, elle a accueilli près de 200 cadavres pour une capacité de 45 places.
L’inhumation pose aussi un problème par manque de place dans les cimetières. Face à ce bilan dramatique, les garde-côtes continuent d’intercepter des bateaux et de procéder à des sauvetages, mais ils ne peuvent pas retenir les rescapés, qui une fois de retour au port, retenteront la traversée. Depuis le début de l’année 2023, 14 000 interceptions ont eu lieu, 5 fois plus qu’en 2022