Madagascar: Antohomadinika, bas quartier de la capitale Antananarivo, exemple de la misère urbaine
À l’occasion de la journée mondiale du refus de la misère, ce 17 octobre, direction Madagascar où la pauvreté se dévoile quotidiennement. Elle est la plus forte dans la capitale Antananarivo, touchant près des deux tiers de ses habitants. En cause, des milliers de ruraux en quête d’opportunité en ville, qui investissent chaque année des bidonvilles saturés. Antohomadinika est l’un d’entre eux.
Au cœur d’Antohomadinika, un groupe de lavandières frotte le linge, encerclées par des eaux usées qui menacent de déborder à l’approche de la saison des pluies. Marina, l’une d’entre elles, a un message à faire passer : « Nous, on demande juste au gouvernement d’assainir le quartier ! C’est de plus en plus sale ici parce qu’on est plus nombreux qu’avant. On veut aussi du travail décent, de quoi vivre quand on n’est pas diplômé, comme nous ! »
Avec l’installation chaque année de nouveaux venus des campagnes, la place manque, le travail aussi. Mais à l’idée d’envisager quitter un jour le quartier où elle est née, Marina ironise : « Ah si je pouvais partir, j’aimerais déménager près du palais de la Reine, là-bas, tout en haut de la ville ! »
Depuis l’étroite case en bois de Colette, se dessinent à l’horizon les pylônes du tout nouveau téléphérique, érigé en symbole de modernité dans la capitale. Cette mère de famille vit ici avec ses neuf enfants : trois d’entre eux ne peuvent travailler après être tombés dans la drogue. Une autre facette de la misère et une échappatoire dans ces bas quartiers.
« Mes garçons ont des épisodes d’hystérie où ils détruisent tout autour d’eux. J’aimerai les soigner mais je n’en ai pas les moyens », déplore-t-elle.
Et comme un signe de résilience, sur les murs bâchés de la maison, seule une discrète inscription colorée fait office de décoration : « C’est écrit qu’il ne faut pas se décourager dans la vie. Il faut toujours affronter », poursuit-elle.
Du courage pour vivre au jour le jour et une recherche de dignité pour des habitants marginalisés, pourtant nombreux à partager la même réalité dans la capitale. Selon la Banque mondiale, 2/3 des Tananariviens vivent dans ces quartiers défavorisés.
PRESSAFRIK