Ansoumana Dione aux futurs députés : » je leur conseillerai d’être surtout sensibles au sort des malades mentaux, déficients mentaux, toxicomanes … »
Ansoumana Dione, « l’éternel défenseur » des malades mentaux errants et autres, a lancé un appel pressant aux futurs législateurs. Il a prié ces derniers à se pencher davantage sur le sort de cette catégorie de personnes vulnérables. Pour l’heure, la campagne électorale bat encore son plein. Dans cet entretien monsieur Dione a marqué sa désolation. Car, selon lui, aucune des têtes de listes n’ a fait mention des conditions préoccupantes des malades mentaux errants. Entretien.
Oui, pour cette quinzième législature, nous attendons surtout à des Députés qui resteront sensibles à la triste situation et aux innombrables souffrances des malades mentaux. Malheureusement, sur les quarante et une listes en compétition, aucune tête de liste ne s’est encore intéressée aux multiples problèmes que rencontre cette frange extrêmement vulnérable de notre population. Il est vrai que nous avons reçu, ce samedi 02 novembre 2024, la visite d’un des candidats investi sur la liste de SAMM SA KADDU, pour le scrutin majoritaire départemental de Kaolack, El Hadj Malick LO. Mis à part cette descente que nous avons appréciée à sa juste valeur, aucun autre candidat n’est venu nous rendre visite, ici, à notre Centre Ansoumana DIONE de Kaolack où notre Association Sénégalaise pour le Suivi et l’Assistance aux Malades Mentaux (ASSAMM) prend gratuitement en charge, les malades mentaux errants et ceux issus de familles très démunies.
Qu’en est-il des ténors en l’occurrence Ousmane Sonko, Amadou Ba et Barthélémy Diaz?
Que ce soit Ousmane SONKO, Amadou BA, Barthélémy DIAZ, entre autres, personne n’est encore venue pour s’entretenir avec nous sur nos préoccupations, visant à faciliter, par exemple, l’accès aux soins et aux médicaments pour les personnes souffrant de troubles mentaux ou victimes de toxicomanies. A retenir tout simplement que si nous sommes parvenus à assurer cette prise en charge gratuite pour de nombreux malades mentaux errants, c’est grâce à feu Maître Ibrahima BEYE, les présidents Abdoulaye WADE et Macky SALL.
L’ancien Maire de Kaolack nous a octroyé un terrain de quatre hectares à Bouchra, le Président Abdoulaye WADE nous a fait construire le Centre et le Président Macky SALL nous a soutenu et c’est avec ce soutien que nous avons pu venir en aide à nos pensionnaires.
Seulement, je suis persuadé que si le Président Macky SALL était au Sénégal, il allait venir nous rendre visite. De toutes les façons, nos portes sont grandement ouvertes pour tous les candidats et nous souhaiterions mieux connaître leurs programmes par rapport aux malades mentaux.
Des indépendances à nos jours, quelles sont les lois votées à l’Assemblée nationale en faveur des malades mentaux?
Depuis les indépendances à nos jours, la seule loi qui existe au Sénégal, sur ce plan, est la loi dite 75-80 du 09 juillet 1975, relative aux traitements des maladies mentales et au régime d’internement de certaines catégories d’aliénés. Mais, aujourd’hui, cette loi ne garantit pas l’accès aux soins et aux médicaments, aux nombreuses personnes souffrant de maladies mentales.
A titre d’exemple, depuis, le démarrage de nos activités, ici, à notre Centre Ansoumana DIONE, en janvier 2023, c’est comme si ce problème de l’errance des malades mentaux est uniquement une préoccupation de notre Association. Nous sommes laissés à nous-mêmes, nous payons la consultation dans les services psychiatriques, cinq milles francs au District sanitaire de Kaolack. Puis, nous achetons dans les pharmacies, les médicaments prescrits par les médecins et c’est nous-mêmes qui proposons aux malades mentaux errants, une assistance.
Parfois, certains refusent et nous ne pouvons pas les obliger, ce qui constitue un problème. Aujourd’hui, beaucoup de familles ne savent plus à quel saint se vouer, vu l’absence de service de psychiatrie dans la presque totalité de nos hôpitaux. A part l’Hôpital principal et Fann, aucune structure hospitalière au Sénégal ne dispose d’un service psychiatrique digne de ce nom. Le Centre Hospitalier National Psychiatrique de Thiaroye qui doit s’ouvrir à d’autres services spécialisés, afin que l’on ne puisse plus parler d’hôpital psychiatrique, un terme qui devrait pouvoir disparaître.
En clair, nous devons intégrer les soins de santé mentale dans le système sanitaire pour un meilleur accès aux soins et aux médicaments. Ainsi, de SENGHOR à Macky SALL, en passant par Abdou DIOUF et Abdoulaye WADE, aucune législature ne s’est intéressé aux problèmes des malades mentaux, en particulier, à la santé mentale, de façon générale.
Quel appel lancez-vous aux différentes têtes de listes ?
Il va falloir qu’ils viennent d’abord nous rendre visite pour que nous puissions leur faire part de nos préoccupations. Déjà, nous avons pratiquement résolu, en un temps record, le problème de l’errance des malades mentaux à Kaolack qui est désormais la Capitale du Sénégal en terme de prise en charge et de réinsertion sociale de cette couche extrêmement vulnérable.
La campagne ne fait que commencer et nous ne perdons pas espoir concernant la venue de ces nombreuses têtes de listes. Qui, en vérité, ignore jusqu’ici l’importance et surtout la place prépondérante de la Santé Mentale qui va même au-delà des questions de santé, dans le développement d’une nation. Les présidents Abdoulaye WADE et Macky SALL nous ont soutenus dans notre mission de service public. Mais, il reste beaucoup à faire, d’où l’intérêt pour ces candidats à venir discuter avec nous.
Que ce soit Macky SALL, Ousmane SONKO, Amadou BA, Barthélémy DIAZ, entre autres, nous les attendons pour mieux connaître leurs programmes de législature par rapport aux malades mentaux, s’ils en disposent évidemment. Au cas contraire, nous leur ferons part de nos préoccupations que nous ne pourrons pas toutes étaler ici. Nous avons encore deux semaines de campagne et nous restons optimistes.
Quelles propositions faîtes-vous aux futurs parlementaires pour mieux prendre en charge les préoccupations des malades mentaux?
D’abord, concernant les futurs Députés de cette quinzième législature, je leur conseillerai d’être surtout sensibles au sort des malades mentaux, déficients mentaux, toxicomanes, entre autres. Le Sénégal nous appartient à nous tous et aucune catégorie de personnes, ne devait pas se sentir exclue ou marginalisée.
Concernant l’actuel Ministre de la Santé et de l’Action Sociale, Docteur Ibrahima SY, nous ne saurions compter sur lui et son équipe, avec tout ce qu’il est entrain de faire au détriment des malades mentaux. S’agissant de la Journée Mondiale de la Santé Mentale, il s’était engagé à la célébrer dans notre Centre Ansoumana DIONE de Kaolack. A notre grande surprise, il s’est dédit en choisissant le Conseil Départemental de Kaolack, ce qui constitue pour nous un manque de respect et de considération pour les malades mentaux. Le Ministre Ibrahima SY n’est pas l’homme qu’il faut pour le secteur de la Santé et de l’Action Sociale, de façon générale et la santé mentale, en particulier.
PRESSAFRIK