Le Soudan met fin à deux protocoles d’accords signés avec les Émirats arabes unis avant la guerre
Le Soudan prend ses distances avec les Émirats arabes unis au niveau économique. Plusieurs sources officielles laissent entendre que le gouvernement est en passe de mettre fin à plusieurs protocoles d’accords d’investissements économiques signés entre Khartoum et Abou Dhabi et ceci en raison de l’ingérence prouvée, selon Khartoum, des Émirats arabes unis dans les affaires intérieures soudanaises.
Selon les responsables soudanais qui évoquent la question, en public ou sous couvert d’anonymat, c’est le soutien émirien aux FSR (Forces de soutien rapide), accusées de commettre des crimes contre les civils soudanais, qui pousse le gouvernement à réduire ses échanges économiques et commerciaux avec Abou Dhabi.
Pour ces responsables, il ne s’agit que de protocoles d’accords signés avant la guerre, qui ne sont contraignants pour aucune de deux parties et qui n’ont pas été appliqués. La plupart de ces investissements devraient avoir lieu dans l’État stratégique de la mer Rouge à l’Est du Soudan et qui avoisine les États fertiles d’al Jazira et de Sennar.
Dimanche dernier, lors d’une conférence de presse à Port-Soudan, Jibril Ibrahim, le ministre des Finances et de la Planification, a notamment annoncé l’annulation du plus important de ces protocoles d’accords. « Nous n’allons pas permettre aux EAU d’investir un centimètre du territoire », a-t-il déclaré. Il s’agit de la construction du port d’Abou Amama sur la mer Rouge ainsi qu’une zone économique de libre échange et une zone touristique autour de ce port situé à 230 km de Port-Soudan et qui devait être inauguré en janvier 2022. Un projet qui s’élevait à 6 milliards de dollars et qui serait confié à un consortium soudano-émirati regroupant la société des ports d’Abou Dhabi et Invictus Investment, une société dirigée par l’homme d’affaires soudanais Oussama Daoud.
Parmi les autres accords annulés figurent aussi la construction d’une route permettant d’acheminer des produits agricoles vers le port d’Abou Amama.
« L’ingérence de forces extérieures dans le conflit au Soudan »
Par ailleurs, Yassin ibrahim, le ministre soudanais de la Défense a de son côté dénoncé l’envoi d’armes par Abou Dhabi qui alimente l’un de deux belligérants du conflit « faisant durer la guerre ».
Malgré l’embargo onusien sur le Soudan, selon la résolution 1591, les armes continuent d’affluer vers ce pays. En avril dernier, le représentant du Soudan à l’ONU a déposé une plainte contre Abou Dhabi, accusée de s’ingérer dans les affaires internes du pays.
Les groupes d’experts des Nations unies sur le Soudan ont, en juin dernier, dénoncé « l’ingérence de forces extérieures dans le conflit au Soudan ». Les États voisins et les acteurs régionaux doivent se garder de fournir des armes ou d’autres matériels aux parties en conflit, ont-ils plaidé. Les Émirats arabes unis contribuent ainsi à attiser le conflit interne qui s’embrase de plus en plus et à prolonger la durée de la guerre, ont-ils indiqué dans leur rapport.
RFI