Procès de Sweet Beauté : Séance différée…

Procès de Sweet Beauté : Séance différée…

Il faudra attendre, au moins une semaine, pour connaître les tenants de l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko. La Chambre criminelle du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar a décidé de renvoyer d’office le procès opposant le leader du parti Pastef, Ousmane Sonko, à Adji Sarr pour une question de procédure. L’affaire sera évoquée en audience spéciale le mardi 23 mai prochain.

Par Floriane CHAMBERT – A l’appel du dossier de viols présumés et de menaces de mort dénommé Adji Sarr-Ousmane Sonko, une myriade d’avocats s’avance et vient s’agglutiner autour des trois juges composant la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar. Le président, Hyppolite Ndeye, sans attendre, leur annonce que le fond du dossier ne sera pas évoqué ce jour. Il renvoie l’audience à la semaine prochaine pour un motif procédural. Selon lui, les conditions de l’article 246 du Code de procédure pénale ne sont pas réunies. Cet article dispose, en effet, que «les débats ne peuvent s’ouvrir moins de trois jours après l’interrogatoire par le président de la Chambre criminelle». Or, apprend-on à l’audience, Ndèye Khady Ndiaye, la propriétaire du salon de massage «Sweet Beauté Spa», aurait été entendue la veille de l’ouverture du procès dans le cadre d’une audience d’identification. Cette dernière fait partie des accusés. Elle comparait pour «incitation et complicité de viol».

Me Moussa Sarr, un de ses avocats, prend alors la parole. «Nous avons un dossier de 471 pages avec des audios, des images, des vidéos. On ne peut pas en prendre connaissance sous huitaine. Notre cliente est poursuivie pour des faits extrêmement graves. Je vous demande le renvoi à un mois, voire 45 jours pour nous permettre d’organiser notre défense.» Il argue du fait que certains de ses confrères se sont constitués tardivement pour la défense de sa cliente et n’ont pu étudier le dossier d’instruction.

Me El Hadji Diouf, avocat de la plaignante Adji Sarr, s’oppose purement et simplement à ce renvoi. «Tout le monde a eu suffisamment de temps pour se préparer. Dans ce procès, il y a des gens qui se cachent. Mais nous sommes prêts depuis longtemps. Je demande à ce qu’on juge cette affaire aujourd’hui et qu’on en finisse», plaide-t-il énergiquement. Sa cliente, qui ne laisse transparaître aucune émotion, se trouve alors à ses côtés.

A la base, «des raisons juridiques»
Le ton monte entre les avocats. Le président coupe court aux effusions naissantes. «Nous sommes tous juristes, non ? La loi nous interdit d’ouvrir les débats à moins de 3 jours. C’est un renvoi d’office pour des raisons juridiques», déclare-t-il, restant ferme sur la date du 23 mai prochain. L’audience s’achève ainsi, laissant tout le suspense entier.

Dans la plus grande salle du Palais de justice, étonnamment loin d’être pleine, régnait une atmosphère spéciale, calme mais tendue. De manière tout aussi étonnante, le dispositif de sécurité ne semblait pas avoir été renforcé, comparé à celui mis en place pour le procès d’Appel en diffamation de la semaine dernière. Une quinzaine de gendarmes, tout au plus, surveillaient le prétoire. L’enjeu de ce nouveau procès était, pourtant, sans commune mesure avec le précédent.

Comme annoncé, le leader du parti Pastef, accusé de «viols et de menaces de mort», était absent, de sorte que ses avocats n’ont pu prendre la parole. Celui-ci ayant déclaré, à de multiples reprises, ne plus faire confiance à la Justice de son pays, il ne devrait pas plus faire acte de présence à l’audience de renvoi.

Il s’agissait, sans conteste, du procès le plus attendu et redouté de l’année. Les rues de Dakar, d’ordinaire si bruyantes, étaient bien calmes quelques heures avant son ouverture. Beaucoup ne sont pas sortis de chez eux, redoutant les affrontements entre Forces de l’ordre et partisans de Ousmane Sonko. Avec ce renvoi, c’est tout un pays qui se maintient en haleine.
Stagiaire

Amadeus

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