Censure du gouvernement Barnier: Emmanuel Macron seul face à la quadrature du cercle
Au lendemain d’une censure historique, Michel Barnier présente jeudi sa démission à Emmanuel Macron qui va s’exprimer à 20 heures à la télévision pour tenter de fixer un cap alors que s’ouvre une période politique d’une rare incertitude.
Trois mois seulement après sa nomination à Matignon, Michel Barnier va prendre ce matin le chemin de l’Élysée pour présenter sa démission à Emmanuel Macron qui retourne ainsi à la case départ et doit trouver un nouveau Premier ministre dans un contexte politique encore plus compliqué qu’au mois de septembre. Marine Le Pen alors encline à l’indulgence, a décidé de durcir le ton et n’a pas hésité à condamner Michel Barnier. Elle entend bien continuer à peser notamment sur le budget qu’elle dit vouloir « co-construire » avec le prochain chef du gouvernement, rapporte Valérie Gas du service politique de RFI.
Il s’agit désormais pour le chef de l’État de résoudre la quadrature du cercle, entre reconduite du « socle commun » entre macronistes et LR ou élargissement de ses contours afin de dégager une coalition gouvernementale davantage capée pour résister à une future tentative de censure.
L’éventualité d’un accord de « non censure »
Les Républicains ne « feront pas tomber » le prochain gouvernement même s’ils décidaient de ne pas y participer, a assuré sur France 2 leur chef de file à l’Assemblée Laurent Wauquiez. « On ne sera pas dans le blocage, on ne sera pas dans la stratégie du pire », a-t-il ajouté, conditionnant la participation de son parti à la nouvelle équipe en fonction des priorités qui seront mises sur la table.
Le patron des députés macronistes, Gabriel Attal, qui va réunir les ténors de Renaissance dans la matinée, propose, lui, un accord de « non censure » avec le PS pour échapper à la tutelle du RN. La gauche réclame à nouveau Matignon, mais l’éventualité d’un accord de « non-censure » avec le bloc central semble vouée à l’échec tant que le PS ne se désolidarise pas de la France insoumise, son alliée au sein du NFP. L’équation est d’autant plus complexe qu’une nouvelle dissolution et de nouvelles élections législatives ne peuvent pas intervenir avant juillet.
Qui pour Matignon ?
Emmanuel Macron doit s’adresser aux Français ce jeudi soir au journal de 20 heures. Selon des indiscrétions dans la presse, il aurait évoqué l’hypothèse de nommer un nouveau Premier ministre immédiatement.
Il est vrai que la France a besoin d’un budget, mais ses conseillers répondent que rien n’est arrêté. Des noms circulent néanmoins : certains déjà évoqués en septembre, Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, François Bayrou, Bernard Cazeneuve, d’autres émergent comme Bruno Retailleau, François Baroin, le maire de Troyes, Thierry Breton, l’ancien commissaire européen, ou François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, un grand commis de l’État pour s’extraire des crispations partisanes. Les paris sont ouverts, mais un parlementaire du camp présidentiel s’inquiète et déclare : « Je ne sais plus où on va, il faut qu’on arrête le massacre ».
La tâche du futur titulaire s’annonce quoi qu’il en soit immense. Dans son discours devant l’Assemblée qui s’apprêtait à le congédier, Michel Barnier a prévenu : la « réalité » budgétaire ne « disparaîtra pas par l’enchantement d’une motion de censure ». Attendu à 6,1% du PIB en 2024, bien plus que les 4,4% prévus à l’automne 2023, le déficit public raterait son objectif de 5% en l’absence de budget, et l’incertitude politique pèserait sur le coût de la dette et la croissance.
RFI