Le Cameroun accueille un sommet de la Cemac dans un environnement économique difficile
Un sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) est prévu, ce lundi 16 décembre, à Yaoundé. Il intervient alors que la région présente des « signaux d’alerte préoccupants » imputés à « des dérapages et des défaillances dans la mise en oeuvre des réformes recommandées », selon l’organisation. Une situation qui pourrait compromettre le décaissement d’appuis budgétaires du FMI à plusieurs pays.
Les six chefs d’État des pays membres de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), ainsi qu’une délégation de haut niveau du FMI composée de sa cheffe de mission pour la Cemac, Geneviève Verdier, et du directeur du département Afrique de l’organisation, Abebe Selassie, sont attendus au sommet extraordinaire de l’institution organisé ce lundi 16 décembre à Yaoundé.
Alors que la réunion se déroule avec, en toile de fond, des « signaux d’alerte préoccupants » pour l’économie de la région, la Cemac s’inquiète d’abord de l’accroissement de la dette publique de ses États membres. « Certains pays comme le Congo éprouvent de grandes difficultés sur le plan budgétaire avec une dette qui a frôlé les 100 % du PIB et des accumulations d’arriérés internes. Le Congo a enregistré plusieurs retards de paiement sur le marché et a été contraint de rééchelonner les remboursements sur sa dette. En clair : le pays a du mal à gérer son endettement actuel », décrypte Cédric Jiongo, spécialiste de la Cémac chez Sikafinance.
L’organisation régionale relève également qu’ « à moyen terme, une dégradation du solde budgétaire est inévitable », portée par des déficits plus importants au Gabon. « Dans le projet de loi de finances que le Gabon a mis en place, le niveau des dépenses publiques augmente plus que celui de l’investissement. Et en matière de mobilisation de la dette, la demande va être encore plus importante en raison des nombreuses échéances de remboursement qui se profilent à l’horizon. Si plusieurs réformes ont été mises en place, il reste des points d’achoppement », reprend Cédric Jiongo.
Un sommet synonyme de retour sur scène pour Paul Biya
Un troisième point inquiète enfin la Cemac. Il réside, lui, dans les réserves de change qui pourraient s’établir à trois mois au lieu des cinq recommandés, ce qui place les banques en situation de fragilité. Si la dévaluation n’est pas à l’ordre du jour, des engagements forts et concertés vont donc devoir être pris pour « franchir ce cap périlleux », prévient encore l’organisation.
À un niveau plus politique, la réunion qui va se tenir ce lundi au Cameroun devrait être l’occasion, aussi, d’un retour sur scène du président Paul Biya. Resté plutôt discret depuis qu’il est rentré au pays le 21 octobre dernier, celui-ci pourrait pour la première fois refaire une apparition publique en tant qu’hôte d’un sommet dont on a par ailleurs appris de source diplomatique qu’il aurait dû se tenir à Bangui, mais dont le président centrafricain, Faustin Archange Touadera, a bien voulu concédé l’organisation à Yaoundé, même s’il est le président en exercice de la Cemac.
Depuis la fin de son long séjour à l’étranger à l’origine de rumeurs alarmantes sur son état de santé, Paul Biya a en effet renoué avec les habitudes que ses compatriotes lui connaissent : une relative discrétion, simplement ponctuée de quelques audiences filmées et diffusées à la télévision nationale à l’occasion du passage de l’un ou l’autre dignitaire étranger ou à la fin du séjour de l’un des diplomates en poste dans le pays. Même le 6 novembre, date à laquelle son parti, le RDPC, commémorait le 42e anniversaire de son accession à la présidence, le président n’a rien dit.
RFI