Cyclone Chido à Mayotte: au bidonville Majicavo Koropa, une enseignante recherche les élèves disparus

Cyclone Chido à Mayotte: au bidonville Majicavo Koropa, une enseignante recherche les élèves disparus

La France rend hommage aux victimes de Mayotte après le passage du cyclone Chido, avec jour de deuil national lundi 23 et une minute de silence. Le dernier bilan fait état de 35 morts, mais combien sont-ils réellement ? Le gouvernement n’est pas « capable » de dire si le bilan définitif sera connu un jour. En attendant, l’aide continue d’arriver, mais elle est jugée très insuffisante par la population. C’est ce qu’a pu constater les envoyés spéciaux de RFI dans le bidonville Majicavo Koropa, au nord de Mamoudzou. Ils ont suivi une enseignante dans le bidonville qui recherche ses élèves.

Pour se rendre dans le bidonville de Majicavo Koropa perché sur une colline, il faut monter le long de petits chemins en terre. Dans un bruit de tôle et de marteau, les habitants reconstruisent leur case à l’identique comme avant le passage du cyclone. Mais c’est simple ici, depuis une semaine : personne n’a vu d’aide. Si l’eau potable est en partie revenue dans le quartier, la nourriture manque tout comme les secours.

Et c’est dans ce bidonville que Sarah, enseignante, recherche ses élèves. « Si tu vois des élèves qui étaient au collège de Majicavo, tu leur demandes de descendre au collège. Déjà, on peut vous donner à manger, et c’est juste voir qui est ok. D’accord ? »

Depuis cinq jours, Sara arpente les rues du bidonville à la recherche de ses élèves. Sur son téléphone, des photos, des listes de noms qu’elle montre aux habitants : « Est-ce que lui, tu l’as vu ? » « Oui », répond un habitant. « Il est où ? » demande encore la professeure.« Un peu plus bas », précise l’habitant. « Et dans les filles, elle, tu l’as vue ? », interroge l’enseignante. Ce à quoi il lui répond « Non ».

1 400 élèves manquent à l’appel


Sur les 1 700 élèves de ce collège de Mayotte, 1 400 manquent à l’appel. « Ils ne répondent pas. Il y a plusieurs cas de figure. Premier cas de figure, ils n’ont plus de téléphone ou pas de réseau. Deuxième cas de figure, ils sont allés se réfugier quelque part, mais on ne sait pas forcément où. Troisième cas de figure, ils sont dans une zone où ils n’arrivent pas à descendre jusqu’au collège, car ils sont dans une zone trop encombrée par les dégâts du cyclone », constate-t-elle.

Mais pour l’enseignante, impossible d’exclure une dernière option. « C’est sûr qu’il y a des gens qui sont morts. Il suffit de regarder les tôles qu’on a en face de nous. Je pense que même si certains avaient survécu au cyclone, tenir une semaine blessée, sans boire et sans manger. Je pense qu’on a forcément toujours des victimes. » « Où sont passés les gens ? », interroge Sara.

Hors micro, des habitants confient que des corps auraient été enterrés juste après le passage du cyclone. Des informations impossibles à vérifier tant que les secours n’auront pas inspecté ces quartiers informels à la recherche des disparus.

Ce lundi à Paris, un hommage est rendu au Sénat. Et dans le même temps à plus de 8 000 km de là, une cérémonie est aussi organisée dans le centre de Mamoudzou. Mais cette journée sera-t-elle suivie à Mayotte ? C’est loin d’être sûr parce que ces hommages sont organisés d’ordinaire dans des bâtiments publics, des écoles, des administrations et ces bâtiments, très endommagés, sont pour la plupart fermés. Sans compter que les habitants, eux, ont d’autres priorités : reconstruire et encore pour beaucoup, survivre.

RFI

Petit Ba

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