France: le journal «Charlie Hebdo» a-t-il encore des lecteurs?
Il y a dix ans, un attentat contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo faisait douze morts et plusieurs blessés. Dans les jours suivants, des millions de personnes avaient participé à des marches de soutien. Les survivants de l’équipe du journal satirique avaient tenu à poursuivre leur travail. Dix ans après, où en sont les ventes de Charlie Hebdo ? Les lecteurs sont-ils aussi nombreux ?
Le numéro sorti la semaine après le drame avait été un record de vente, avec plus de huit millions d’exemplaires tirés et des ruptures de stocks en quelques minutes partout en France. Le nombre d’abonnés était passé de 15 000 à 260 000.
Dix ans plus tard, dans les kiosques ou chez les marchands de journaux, une chose est sûre : il est bien là, mais en très peu d’exemplaires. « Les sociétés, elles m’en envoient deux, mais toutes les semaines, je renvoie les deux. » Steven Catal tient un kiosque en plein centre de Paris. Il n’arrive pas à vendre Charlie Hebdo. « Je vends maximum un exemplaire par semaine. Là, j’ai reçu celui-là aujourd’hui, mais j’ai encore les anciens dans les boîtes. Il n’est pas très demandé. À l’époque, oui ; mais maintenant, pas trop », constate-t-il au micro d’Alexandre Alves du service France.
55 000 exemplaires vendus chaque semaine
En moyenne, 55 000 exemplaires sont vendus chaque semaine, dont 30 000 grâce aux abonnements. Les lecteurs actuels sont très difficiles à trouver, les anciens un peu moins. Mais beaucoup, comme Angélique, ont arrêté de l’acheter. « J’ai beaucoup lu Charlie à l’époque où il faisait des titres qui m’enchantaient. Petit à petit, j’ai arrêté, car j’ai trouvé que ce qui était dans l’intelligence drôle est passé dans de la vulgarité assez ordinaire et assez facile. »
Hors micro, beaucoup expriment une lassitude et ne reconnaissent plus le journal avec lequel ils ont ri et grandi. Mais Charlie reste un titre qui parle à tout le monde, comme Vincent, âgé de 29 ans : « C’est quelque chose de culturel, qui fait partie du paysage et du panorama de la presse française, même si moi, je n’en ai jamais ouvert un seul. C’est associé à une mémoire. »
Une mémoire qui ne se traduit pas en ventes. Mais quand même toujours plus qu’avant l’attentat. En 2014, seulement 30 000 exemplaires étaient vendus chaque semaine.
RFI