France: au procès du financement libyen présumé, le voyage de Claude Guéant à Tripoli en question

France: au procès du financement libyen présumé, le voyage de Claude Guéant à Tripoli en question

Au procès du financement libyen présumé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy 2007, les interrogatoires se poursuivent sur les voyages de Claude Guéant, Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux à l’automne 2005. C’est là qu’aurait été noué le pacte de corruption présumé entre l’ex-président et Mouammar Kadhafi, selon le parquet. Ce jeudi 16 janvier, le tribunal s’est penché le déplacement de Claude Guéant, au cours duquel il a rencontré Abdallah Senoussi, le patron des renseignements libyens, condamné à perpétuité en France pour l’attentat contre le DC 10 d’UTA et sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Son sort juridique serait l’une des contreparties envisagées aux millions libyens, estime l’accusation.

Le 1ᵉʳ octobre 2005, Claude Guéant est à Tripoli pour préparer la visite de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. Les enjeux en matière de lutte contre le terrorisme et l’immigration illégale étaient importants, la visite devait être réussie, souligne l’octogénaire, assis à la barre. « Ziad Takieddine m’appelle et me dit “je vais vous faire rencontrer quelqu’un de très important”. » « Il ne vous en dit pas plus ? Vous ne posez pas de questions ? », s’étonne la présidente. « Non », pas plus qu’il ne prévient l’ambassade.

« Le directeur de cabinet d’un ministre dans un pays qui part seul voir un inconnu sans prévenir personne ? », remarque, sceptique, la présidente. « À l’époque, j’étais dans un climat de confiance avec Takieddine, sans raison de soupçonner le traquenard dans lequel je suis tombé ». Car ce n’est qu’au restaurant, selon lui, qu’il découvre qu’il dîne avec Abdallah Senoussi, condamné pour un attentat qui a coûté la vie à 54 Français.

« Je ne pouvais pas faire d’esclandre »
Pourquoi ne part-il pas ? « J’étais mal à l’aise, mais ma mission était de préparer le succès de la visite du ministre, je ne pouvais pas faire d’esclandre », plaide Claude Guéant. « Vous avez évoqué le financement de la campagne ? » « Non, madame ». « Et la situation juridique de Senoussi ? », « Là, il y a incertitude », hésite-t-il.

« Mécontent » d’avoir été « piégé » selon ses mots, Claude Guéant n’en parlera toutefois à personne de retour à Paris. « Rien ne va, rien n’est logique ! Comment un homme de votre expérience se retrouve seul dans cette situation et la gère comme vous le décrivez », cingle le procureur, « sauf si le but était d’évoquer quelque chose qui ne pouvait se dire qu’entre Senoussi, Ziad Takieddine et vous ! »

RFI

Petit Ba

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