Dialogue national: la suppression du Parrainage, un piège tendu par Macky pour différer l’annonce de sa candidature ?
Le 30 mai prochain, le Président Macky Sall va recevoir certains membres de l’opposition dans le cadre d’un dialogue national qu’il a initié. Dans une interview qu’il a accordée à la RFM le jour de l’Eid El Fidr, l’actuel chef de l’Etat affirmait qu’il pouvait discuter des points comme le système de parrainage, instauré au Sénégal à neuf (9) mois de l’élection présidentielle de 2019. Depuis, la loi impose à tous les candidats le système de parrainage avec un pourcentage du corps électoral de 0,5% pour les législatives et 0,8% pour la présidentielle. Les candidats aux législatives devront donc recueillir au moins 34 580 signatures réparties dans au moins sept régions du pays, à raison de 2000 parrainages par régions minimum.
Selon la loi électoral, « la période de collecte des parrainages est ouverte 180 jours (6 mois) avant la date du scrutin à la date de la fixation du montant de la caution. Elle débute après la publication et la mise à disposition du modèle de fiche de collecte et se poursuit jusqu’à la date limite de dépôt des candidatures prévue le 26 décembre 2018. Elle dure quatre (04) mois ». Au Sénégal, la date de la présidentielle a été fixée par décret au 25 février 2024. Ce qui contraindrait le Président Macky Sall à déclarer sa problématique 3e candidature au moins avant le 25 septembre 2023.
S’éviter un nouveau front national
En bon politicien rusé, Macky Sall qui est acculé de toute part au Sénégal et à l’extérieur, ne prendrait pas le risque d’annoncer sa candidature pour l’élection présidentielle de 2024. Il pourrait alors profiter du Dialogue qui va se tenir le 30 mai pour feindre « lâcher du lest » et satisfaire une vive revendication des membres de l’opposition qui jugent le système de parrainage anti-démocratique: la suppression Parrainage pour la Présidentielle de 2024.
Pour rappel, l’annonce de l’adoption du système de parrainage le 19 avril 2018 a suscité de vives réactions au sein de l’opposition. Cette dernière estime cette loi comme étant une manipulation constitutionnelle et un risque pour la démocratie visant à éliminer la concurrence afin de permettre au Président et son parti de rester au pouvoir.
La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a donné raison aux partis d’oppositions, dans un arrêt rendu le 28 avril 2021. En effet, la Cour de Justice de la CEDEAO, saisie en décembre 2018 par l’Union sociale libérale (USL) a estimé que le système de parrainage « constitue un véritable obstacle à la liberté et au secret de l’exercice du droit de vote ».
En effet, « cette loi viole le secret du vote en obligeant les électeurs à déclarer à l’avance à quel candidat ils ont l’intention d’accorder leur suffrage puisqu’un électeur ne peut parrainer qu’une seule candidature », écrivent les magistrats. Une disposition qui, selon eux, « présume » le choix des électeurs concernés et contrevient à la confidentialité de leur vote, notre la plateforme Sénégal Politique.
D’autre part, toujours selon la Cour de Justice de la CEDEAO, cette loi « viole le droit de libre participation aux élections ». Elle « ordonne en conséquence à l’État du Sénégal de lever tous les obstacles à une libre participation aux élections consécutifs à cette modification par la suppression du système du parrainage électoral » dans un délai de six mois. Plus de cinq (5) ans après la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO, le Sénégal n’a toujours pas appliqué cette décision.
Le Président Macky Sall pourrait prochainement appliquer cette décision et différer par la même occasion sa déclaration de candidature. Ce alors que le F24, qui regroupe plusieurs dizaines de partis politiques, indépendants, organisations, personnalités, appelle à des manifestations partout au Sénégal pour barrer le chemin à une 3e candidature de l’actuel chef de l’Etat.
Idrissa Seck, qui crie sur tous les toits qu’il est le chef de l’opposition, Khalifa Sall, qui est prêt à tout accepter pour participer à la Présidentielle de 2024 et le PDS qui veut à tout prix présenter son candidat Karim Wade seront à la table des négociations. Ousmane Sonko et les autres opposants radicaux refusent de participer à ce qu’ils appellent un « Dialogue avec un pistolet sur la tempe ». Pressafrik