Moustapha au lancement des 60 ans de l’ex-Enea: «La réussite du PSE exige de fortes capacités d’impulsion de l’État et un leadership affirmé»
Lors de la cérémonie de lancement des activités du soixantenaire de l’ Esea, ex-Enea), la leçon inaugurale a porté l’empreinte de M. Mamadou Moustapha BA, Ministre des Finances et du Budget.Le thème était : «Rôle de la planification dans le processus de développement : l’exemple du PSE». Il a saisi cette opportunité pour passer au peigne fin les réussites du PSE.
«La réussite du PSE exige de fortes capacités d’impulsion de l’État et un leadership affirmé. A cet effet, le Gouvernement a engagé un programme accéléré de réformes pour la modernisation de l’Administration publique pour l’adapter aux exigences de Performance induites par la Stratégie.
Le PSE est réalisé à travers un Plan d’Actions prioritaires (PAP) quinquennal adossé aux axes stratégiques, aux objectifs sectoriels et aux lignes d’actions de la Stratégie », a déclaré le ministre des finances et du Budget », a relevé le ministre des finances et du budget, qui présidait la cérémonie de lancement du soixantenaire de l’ Esea « ex-Enea ». Evoquant le thème, il dira : « le sujet que j’ai choisi de traiter est au centre des nécessités de tout pays en quête de progrès mais aussi constitue la colonne vertébrale de l’enseignement prodigué ici, et s’intitule comme suit : « Rôle de la Planification dans le processus de Développement : l’exemple du PSE ». Selon l’argentier du Sénégal : « mais ne vous attendez pas à ce que je suive à la lettre la tradition des leçons inaugurales, avec un langage ésotérique aux accents savants, je tâcherai plutôt d’illustrer mon thème avec l’exemple du Plan Sénégal Emergent conçu à l’avènement de son Excellence, Monsieur Macky SALL, à la magistrature suprême denotre pays en 2012 et mis en œuvre à partir de l’an 2014 ».
Valeurs inculquées
« Au-delà du prestigieux parchemin, ce sont ces valeurs inculquées par l’Ecole que je retiens davantage, en plus de celles de fraternité et de partage qui ont structuré les relations cordiales que j’ai toujours entretenues avec mes camarades », confie Moustapha Bâ. Et ce dernier d’embrayer : « je vous engage, chers étudiants, à vous attacher constamment à ces valeurs qui sontles gages les plus sûrs pour garantir le succès dans les études tout comme, plus tard,dans la vie professionnelle ».
C’est, dira-t-il pour faire honneur à ces valeurs et exprimer concrètement ma reconnaissance à l’Ecole qui m’a tout donné, que j’ai décidé d’équiper la salle informatique qui permettra aux étudiants de disposer d’un outil rénové, moderne et adapté à l’air du temps.
Ainsi souligne-t-il : « pour aborder le sujet de ma communication, commençons d’abord par définir le concept dont il est question aujourd’hui : la planification.
La planification peut être définie comme un exercice d’anticipation réaliste des perspectives de développement et comme un ensemble de procédures et de méthodes de mise en œuvre des moyens disponibles ou susceptibles de l’être, pour atteindre des objectifs jugés prioritaires. Planifier, c’est tenter d’orienter l’évolution des sociétés et des espaces vers des horizons pensés comme meilleurs que la situation antérieure ou présente. Cela conduit à rechercher la maîtrise sur l’essentiel des facteurs déterminants dans les évolutions voulues ».
Principes de la Planification
« A la croisée entre sciences exactes quantitatives et sciences sociales qualitatives, la Planification repose, avant tout, sur des principes fondamentaux de méthode, de rigueur, et d’objectivité ».
Pour lui : « il s’agit, dans tout exercice de planification, de partir des réalités d’une situation, de les analyser pour comprendre les facteurs qui les animent et les dynamiques qu’elles produisent avant de se projeter sur un futur possible et souhaité ».
« Le Plan Sénégal Emergent (PSE), que j’ai contribué à élaborer et que je vous propose comme exemple, n’a pas échappé à cette exigence. Si le temps l’avait permis, je vous aurais partagé des éléments sur la méthodologie suivie pour l’élaboration du PSE, les différents arbitrages qu’il a fallu faire pour opérer des choix stratégiques, les difficultés rencontrées, les facteurs de succès et les leçons apprises tout au long du processus qui a abouti à l’adoption du PSE, devenu le seul référentiel pour la conception et la mise en œuvre des politiques publiques au service du bien-être de nos populations ».
Brève présentation du PSE
S’agissant de la Planification du développement économique au Sénégal, le ministre des Finances et du Budget, a fait un rappel historique. Ainsi soutient-il : « le transfert en 1960 par la République Française à chacun des territoires qui composaient l’ancienne A.O.F. des compétences comme celles qu’elle exerçait encore, notamment en matière de défense nationale et de relations extérieures, marque la dernière étape du chemin qui menait ces territoires à l’indépendance complète ».
« Ainsi, est apparue très vite la nécessité de procéder à des inventaires des ressources et des moyens de production en vue d’organiser l’appareil économique en fonction de la nouvelle situation créée par l’indépendance. Ces inventaires ont naturellement débouché sur l’élaboration de plans de développement », révèle-t-il.
A l’en croire, le Sénégal a été le premier en date en A.O.F. à engager la réalisation d’une étude parue à la mi-1960 et qui a servi d’élément de base pour l’élaboration du premier plan quadriennal de développement 1961-1964 devenue loi le 08 mai 1961.
« Ce plan formule ses objectifs et organise l’économie en prenant comme référence les travaux de comptabilité économique réalisés par le service statistique en 1959, complétés la même année par des enquêtes démographique et agricole et une enquête de consommation en milieu africain à Dakar », retient-il. «C’est ainsi qu’au lendemain des indépendances, la gestion de l’économie incombait quasi exclusivement à l’Etat au regard de l’immensité des insuffisances et descontraintes structurelles, mais aussi de sa fonction principale d’assurer et de promouvoir le développement économique et social. La planification fut adoptée et des plans furent lancés», déclare-t-il avant d’ajouter : «la stratégie de développement relevée dans les plans successifs visait la réalisation à moyen et long termes d’une économie nationale diversifiée, à croissance forte et soutenue, d’une agriculture dynamique et d’un tissu industriel pouvant satisfaire les besoins internes, mais aussi la demande régionale, d’une amélioration des conditions de vie des populations et d’une répartition pluséquitable du revenu national ».
«L’Etat était alors le principal architecte de l’édification économique avec comme objectif d’élever substantiellement le niveau des forces productives, récupérer lesurplus économique et le réinvestir afin d’élargir la base de production. Les sept (7) premiers plans ont été élaborés et mis en œuvre selon cette optique », fait-il savoir.
De son avis : « au cours de la décennie 1970, confrontée à la vulnérabilité accrue de l’économie et aux difficultés de la prévision économique dans un environnement devenu plus aléatoire, dépendante du recours généralisé aux ressources extérieures pour financer l’investissement, sevrée de données statistiques suffisamment fiables et récentes, mais aussi prisonnière de procédures assez lourdes et formelles, la planification rigide s’est avérée de moins en moins bien armée pour mettre en œuvre une stratégie de réaction aux aléas et pour programmer les investissements jusqu’au terme du plan ».
L’une des faiblesses majeures du Plan, de l’avis de Moustapha Bâ était le lien ténu entre le Plan et le Budget. Il renseigne que cette faiblesse découlait à la fois de la réduction des ressources budgétaires allouées à l’investissement public, des carences constatées dans l’évaluation et la sélection des projets lors de l’élaboration du Plan et de la difficulté de programmer les projets à un horizon de cinq ans ».
«Il devenait alors urgent de repenser le système de planification afin de mieux l’adapter au contexte mouvant de l’environnement économique et financier mondial. Les bases de cette réflexion furent établies en 1987. Il s’est agi de se fonder sur les enseignements du diagnostic porté par l’évaluation du système, alors en vigueur, pour combler les lacunes constatées, conforter les acquis et surmonter les problèmes posés par la duplication des procédures et des documents de la planification ».
Il informe que le Système National de Planification ainsi adopté en 1987 a été bâti autour de trois instruments complémentaires que sont une étude prospective sur la société sénégalaise et son environnement, naturel et international, une loi-plan d’orientation économique et sociale, révisable à mi-parcours, et une loi-programme triennale d’investissement et d’actions publics.
Persistance de certaines carences
« La persistance de certaines carences constatées au cours de sa mise en œuvre associée aux évolutions fulgurantes de l’environnement international ont mis à jourdes contraintes structurelles qui ont amoindri l’effet attendu de ce Système Nationalde Planification », note-t-il avant d’insister sur le PSE.
L’exemple du PSE
« Avec l‘avènement de la seconde alternance démocratique intervenue en 2012, qui a porté son excellence Monsieur Macky SALL à la tête de l’Etat, le Sénégal a décidé d’adopter un nouveau modèle de développement pour accélérer sa marche vers l’émergence. Cette stratégie, dénommée Plan Sénégal Émergent (PSE), constitue le référentiel de la politique économique et sociale sur le moyen et le long terme, à l’horizon 2035 », soutient-il avant de relever : « le PSE, dont l’ambition est de mener le Sénégal à l’émergence, déroule une stratégie qui propose un arbitrage entre les nécessités d’aujourd’hui, à savoir la création des richesses pour résorber les déficits, et celles relatives à la survie des futures générations ». « Le scénario optimiste qui postule l’«émergence dans la solidarité et État de droit»nécessite une nouvelle démarche sur le plan de la gouvernance. Une nouvelle vision de la politique devrait accompagner le développement économique des terroirs. Les mentalités devraient aussi s’adapter à la nouvelle configuration sociétale grâce à un système éducatif rénové et fondé sur des compétences pour la transformation sociale ».
A . Faye