Des nervis pour « terroriser » la population : Ces révélations qui enfoncent Macky Sall…

Des nervis pour « terroriser » la population : Ces révélations qui enfoncent Macky Sall…

La police nationale a accusé des « civils armés » de se battre aux côtés des manifestants lors des heurts qui ont suivi la condamnation d’Ousmane Sonko. Des images prouvent pourtant que certains d’entre eux évoluent aux côtés des forces de l’ordre.

Dans la bataille de la communication, c’est un premier flop pour l’État sénégalais. Lors d’une conférence de presse convoquée le 4 juin par la police nationale, le commissaire Mouhamed Gueye a diffusé des images sur lesquelles on distingue des personnes équipées de fusils automatiques. Des « civils armés » qui auraient, selon lui, infiltré les manifestants.

Après le verdict, quelles options pour Ousmane Sonko ?
Sur la vidéo, des hommes courent sur l’autoroute des armes à la main, alors que de violents affrontements ont éclaté à Dakar après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison (ils ont fait au moins 16 morts et plus de 350 blessés). Le commissaire Gueye attire ensuite l’attention des journalistes sur un homme vêtu d’un tee-shirt rouge. Il se tient debout dans la rue, une arme à la main. Il tire – la cible est hors du champ de la caméra – tandis qu’un homme à ses côtés lance une pierre dans la même direction.

« Sur cet enregistrement on voit un homme avec une arme de guerre. Il sait ce qu’il fait, il maîtrise son arme. On voit qu’il a infiltré les manifestants », décrit le commissaire. « Ce sont ces gens qui tirent sur la population, et qui font des dégâts », ajoute-t-il, avant de réaffirmer que « les forces de défense et de sécurité [FDS] sont là pour protéger [les habitants] ».

Vidéo tronquée
La vidéo diffusée par la police s’arrête là. Mais la séquence – non coupée – a fait ces dernières heures le tour des réseaux sociaux. On y voit le même homme, effectivement armé et accompagné de plusieurs acolytes. Les images montrent qu’ils sont suivis de près par un pick-up blanc, dans lequel plusieurs membres des force de l’ordre ont pris place, reconnaissables à leurs équipements et à leurs uniformes. Le véhicule les suit pas à pas, sans manifester aucune intention d’interpeller l’homme au tee-shirt rouge. D’autres vidéos, elles aussi très relayées sur les réseaux sociaux, permettent d’identifier ce même homme à l’intérieur d’un pick-up, aux côtés des FDS.

La police sénégalaise a également diffusé hier une photo d’armes disposées sur une table, dont des machettes et des cocktails molotov. En vérité, cette photo avait déjà été publiée le 23 mai par Doudou Ka, un responsable du parti au pouvoir, qui était d’ailleurs l’adversaire d’Ousmane Sonko lors des élections locales de janvier 2022 à Ziguinchor. Dans un tweet encore en ligne, il évoquait une attaque perpétrée contre son domicile… il y a plus de deux semaines.

De quoi mettre à mal le discours du gouvernement, qui dénonçait samedi 3 juin par le biais du ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, la présence de « forces occultes » influencées par l’étranger parmi les manifestants. « L’objectif [de ces casseurs] est de faire arrêter l’activité économique et de plonger le pays dans le chaos, dénonçait alors le ministre. Dans leur grande majorité, les manifestants ne sont pas là pour exprimer une position politique. »

De nombreux témoignages font pourtant état de la présence de nervis armés aux côtés des forces de l’ordre. Cela avait déjà été le cas lors des violences de mars 2021, qui avaient causé la mort de 14 personnes à travers le pays.

Des nervis « pour terroriser la population »
S’il semble difficile à ce stade d’évaluer précisément le nombre de ces hommes en civils qui tirent sur les manifestants et leur lien exact avec les forces de l’ordre, de nombreuses images permettent néanmoins de documenter leur présence auprès des FDS. « C’est ahurissant qu’ils aient choisi de diffuser une vidéo qui était à ce point susceptible de les compromettre », s’insurge un représentant d’une association de droits humains à Dakar. « Les images montrent clairement que ces nervis viennent pour terroriser et tuer la population. Ils n’ont pas la maîtrise du maintien de l’ordre comme la gendarmerie ou la police. »

La restriction des réseaux sociaux, en vigueur depuis le 1er juin, et la coupure partielle du réseau 4G a-t-elle poussé la police nationale à diffuser sciemment une vidéo tronquée ? Le commissaire divisionnaire Ibrahima Diop, directeur de la Sécurité publique, a en tout cas déclaré que la majorité des personnes arrêtées étaient « en possession d’armes à feu, de cocktails Molotov et d’armes blanches ».

« Les forces de sécurité font face à des manifestants violents qui ne cherchent pas à exprimer leurs opinions, mais qui sont plutôt engagés dans des activités subversives », a-t-il ajouté, assurant que leurs actions visaient des « infrastructures essentielles de l’État », des domiciles, des commerces et des banques. Le ministre de l’Intérieur assurait quant à lui samedi que la situation était « sous contrôle, et maîtrisée ». Les forces de sécurité demeuraient lundi positionnées un peu partout dans la capitale, et l’armée est déployée autour de points stratégiques.

Jeune Afrique

Amadeus

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