Financement du Secteur de l’agriculture au Sénégal: 100 milliards de FCFA de subventions et des mesures pour assurer une bonne campagne agricole
Le ministre des Finances et du Budget, monsieur Moustapha Bâ a présidé ce jeudi 8 juin 2023 à la 39ème session du Conseil National du Crédit, une première au Sénégal. Lors de son intervention, il a insisté sur les 100 milliards de FCFA de subventions allouées au secteur de l’agriculture et l’engagement des banques malgré les risques à accompagner le secteur agricole. Il a annoncé de fortes mesures pour assurer une bonne campagne agricole.
« Convient-il de le rappeler, le Conseil National du Crédit joue un rôle primordial dans le dialogue entre les acteurs économiques, l’Etat et le Comité de Politique Monétaire de la BCEAO », a souligné d’emblée le ministre des finances et du Budget, Monsieur Mamadou Moustapha Bâ. Et ce dernier d’embrayer : « en effet, selon les dispositions de l’article 93 des Statuts de la BCEAO, le Conseil est chargé “d’étudier les conditions de fonctionnement du système bancaire et financier, notamment dans ses relations avec la clientèle et dans la gestion des moyens de paiement ainsi que les conditions de financement de l’activité économique”.
Il renseigne outre les représentants de l’Etat, de la BCEAO et les membres du Comité de Politique Monétaire ressortissants du Sénégal, le Conseil comprend des représentants du Conseil Economique, Social et Environnemental, des banques, des chambres consulaires, des associations de consommateurs des services financiers, d’universités et de centres de recherche ainsi que des personnalités nommées intuitu personae. Son secrétariat est assuré par la Banque Centrale.
Mise en œuvre des décisions du Conseil interministériel sur le financement de la campagne agricole
« Sur la base des attributions du Conseil que je viens de rappeler, j’ai décidé d’inscrire à l’ordre du jour de la présente réunion un point majeur de la politique du Gouvernement du Sénégal, à savoir la mise en œuvre des décisions du Conseil interministériel, présidé par le Premier Ministre Amadou BA sur le financement de la campagne agricole. C’est ce qui justifie la présence à mes côtés de mon collègue Aly Ngouille NDIAYE, Ministre de l’Agriculture, de l’Equipement Rural et de la Souveraineté Alimentaire », déclare Moustapha Bâ qui ajoute : « face aux multiples chocs affectant l’économie nationale, l’objectif principal du Gouvernement reste le renforcement de la résilience économique, conformément aux orientations de Son Excellence Monsieur Macky SALL,
Président de la République à travers le Plan Sénégal Emergent (PSE) ». A cet effet, note-t-il les mesures envisagées par le Gouvernement s’articulent autour de quatre axes principaux :
▪ le premier axe porte sur le renforcement de la résilience des finances publiques à travers la mise en œuvre d’une stratégie de consolidation budgétaire et la poursuite des efforts entamés en vue d’améliorer l’efficacité des dépenses de l’Etat et la transparence dans la gestion des finances publiques ;
▪ le deuxième axe concerne les mesures destinées à renforcer la gouvernance et la lutte contre la corruption, y compris le parachèvement des réformes pour améliorer l’information financière et la reddition des comptes publics et sortir le Sénégal de la surveillance renforcée par le GAFI ;
▪ le troisième axe est relatif à la résilience socioéconomique à travers la poursuite des réformes pour améliorer le système de protection sociale et promouvoir le développement du secteur privé ;
▪ le quatrième axe se concentre sur le renforcement de la résilience aux changements climatiques.
Pour lui : « ces axes contribuent à l’atteinte des objectifs de l’ambitieux programme du Président de la République d’assurer une souveraineté et une sécurité alimentaire de façon permanente et durable pour le Sénégal à travers un financement adéquat de tout l’écosystème des acteurs des chaînes de valeur agricole ».
Très faible part des populations rurales dans le total des financements bancaires
De son avis : « l’état des lieux du financement du secteur agricole par le secteur bancaire fait malheureusement ressortir pour une population sénégalaise majoritairement rurale, une très faible part de 3,2% dans le total des financements bancaires, contre 10,0% de contribution au Produit Intérieur Brut. Cette situation est principalement due à des facteurs intrinsèquement liés au profil de risque élevé des acteurs et de l’activité ».
Et le ministre des finances d’insister : « nous passerons donc en revue lors de la présente rencontre, les mesures à prendre afin d’assurer une implication accrue du système bancaire dans le financement de l’agriculture en général et des prochaines campagnes de production et de commercialisation agricoles, notamment de l’arachide, du riz, de la noix de cajou, du coton et des cultures vivrières ». D’ores et déjà, déclare-t-il, je peux annoncer que le Président Macky SALL a demandé au Gouvernement de prendre les dispositions appropriées en vue de résorber les retards de paiement au titre des subventions allouées aux producteurs pourl’acquisition d’intrants durant les précédentes campagnes.
« Avec mon collègue en charge de l’agriculture, nous marquons tout notre engagement à prendre toute autre mesure urgente à l’issue de cette rencontre, relativement aux prérequis pour faciliter la forte implication du système bancaire dans le financement des campagnes agricoles », lâche Moustapha Bâ.
Revivifier l’esprit d’un pool bancaire
« Je m’attèlerai dans ce cadre, à réunir rapidement les banques en vue de revivifier l’esprit d’un pool bancaire en appui à La Banque Agricole (LBA) et à la Banque Nationale pour le Développement Economique (BNDE) pour un financement à temps et en quantité suffisante de la campagne de production agricole en préparation ainsi que de la prochaine campagne de commercialisation des produits récoltés. La Délégation Générale à l’Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ), les institutions de micro-finance ne seront pas en reste », a soutenu Moustapha Ba. Sur ce registre précis, il indique que le Gouvernement mettra également en œuvre les mesures idoines pour matérialiser les nouveaux modes de mitigation du risque dans le domaine agricole, notamment le Système de Récépissé d’Entrepôt, l’assurance agricole ainsi que la revivification du Fonds de Calamité et du Fonds de Bonification des financements en faveur de l’agriculture. Une implication renforcée du FONGIP, aux côtés des banques et des institutions de micro-finance, sera également de mise.
Plus de solvabilité à la Sonacos, Sodefitex, Saed, Sodagri
«Concernant les sociétés nationales telles que la SONACOS, la SODEFITEX, la SAED, la SODAGRI, les mesures idoines seront étudiées en relation avec mon collègue en charge de l’agriculture en vue de leur conférer plus de solvabilité auprès des banques pour le financement de leurs investissements et de leur exploitation. En particulier, nous attacherons une priorité absolue à donner les moyens appropriés à la SONACOS pour la collecte arachidière », laisse-t-il entendre : « le système bancaire a fait preuve d’une forte résilience en 2022 dans un contexte de sortie de la crise sanitaire covid-19 et de tensions inflationnistes qui se sont exacerbées au début de l’année 2023 avec le conflit russo-ukrainien ».
« Le réseau bancaire a enregistré l’arrivée d’une nouvelle banque, Algerian Bank of Senegal, établissant à 28 le nombre de banques agréées au Sénégal, traduisant l’attractivité de la place de Dakar, le nombre d’établissements financiers est inchangé à 4 unités », informe le ministre des finances et du Budget qui relève qu’ « à fin mars 2023, les principaux agrégats des banques se sont inscrits en hausse, caractérisés par la progression des encours de crédits de 16,3% à 6.861 milliards FCFA. La qualité du portefeuille s’est améliorée à fin mars 2023 le taux de dégradation net ressortant à 2,8% ».
«Concernant le secteur de la micro-finance, au premier trimestre 2023, les indicateurs clés des systèmes financiers décentralisés visés à l’article 44 de loi portant réglementation des SFD ont connu une évolution positive », constate Moustapha Bâ qui embraie : « ainsi, le nombre de membres /clients a enregistré une hausse de 3,28% pour s’établir à environ 3,7 millions. Un regain est également noté dans l’activité d’intermédiation financière, en l’occurrence les crédits octroyés. En effet, l’encours des crédits distribués aux sociétaires a progressé de 17,9 % en glissement annuel, en s’établissant à 572 milliards à fin mars 2023 », Et l’argentier du Sénégal de révéler : « au sein de l’UMOA, le Sénégal maintient sa place de leader dans l’activité de micro-finance. Il occupe la première place en termes de nombre de bénéficiaires, d’encours de crédits et la deuxième place en termes d’encours de dépôts ».
M.R.D