Législatives en Guinée-Bissau : L’opposition impose la cohabitation…
L’opposition a remporté la majorité absolue aux élections législatives en Guinée-Bissau et impose une cohabitation au Président Umaro Sissoco Embalo dans ce pays ouest-africain abonné aux crises politiques.
La Coalition Pai Terra ranka du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (Paigc), fondée par Amilcar Cabral et qui a longtemps dominé la politique nationale, obtient 54 sièges, et devance le Madem G15, famille politique du président de la République, qui gagne 29 sièges, a indiqué Mpabi Cabi, président par intérim de la Commission électorale.
Le Parti du renouveau social (Prs) avec 12 députés, celui des travailleurs avec 6 députés et l’Assemblée du peuple uni qui remporte 1 siège, complètent la nouvelle Assemblée nationale.
Ce résultat est un désaveu pour le Président Embalo, qui avait dissous l’Assemblée nationale en mai 2022 en raison de «divergences persistantes ne pouvant être résolues» avec le Parlement, devenu, selon lui, «un espace de guérilla politique et de complot».
Cet échec est imputé, selon des observateurs, à des dissensions internes au sein du parti Madem G15 et par l’incapacité du Président à résoudre le problème des paysans, avec la chute du prix de la noix de cajou, source importante des revenus de la population.
Le Président devrait nommer prochainement un Premier ministre issu de la coalition victorieuse. Aussitôt les résultats proclamés, une foule a convergé vers le siège du Paigc dans un tintamarre de casseroles.
Dans ce pays où les résultats sont régulièrement contestés, les quelques 200 observateurs internationaux ont annoncé n’avoir relevé aucun incident majeur et affirmé que le scrutin a été «libre, transparent et apaisé». Pour sa part, M. Braima Camara, le dirigeant du Madem, le parti du Président Embalo, a reconnu sa défaite sans ambages. M. Camara a déclaré : «Dès que les résultats ont été annoncés, j’ai immédiatement appelé Domingos Simoes Pereira, le leader de Pai Terra-ranka. Il n’a pas décroché, mais je suis sûr qu’il le fera. J’ai dit à mes partisans, que les résultats soient provisoires ou définitifs, de les respecter, car ils émanent d’une institution habilitée.»
De même le chef de l’Etat, le Président Embalo, s’est empressé de féliciter Domingos Simoes Pereira, le leader du Paigc, et il a promis de le nommer Premier ministre. «Le Peuple a décidé, c’est fait. Je félicite donc Paigc Terra-ranka pour la victoire et la confiance que le Peuple lui a données. En respectant ce résultat, je nommerai le vainqueur des Législatives, Domingos Simoes Pereira, Premier ministre.»
Interrogé sur la prochaine cohabitation avec son adversaire de toujours, le Président Embalo a répondu : « J’avais pris la décision de ne jamais le nommer. Mais un bon politicien doit savoir parfois reculer. Car, en politique, il n’y a jamais un ennemi permanent. Nous n’allons pas cohabiter, nous allons marcher ensemble. Je ne vais pas être une mine qui va bloquer la voie.»
Sur la défaite du Madem, Sissoco Embalo a reconnu : «Mon parti a échoué. Le Peuple l’a sanctionné.»
C’est dire à quel point les choses changent dans ce pays. La Guinée-Bissau a longtemps fait l’objet d’une instabilité politique chronique et a été victime depuis son indépendance en 1974, d’une kyrielle de coups d’Etat ou de tentatives de coup d’Etat, la dernière datant de février 2022.
Correspondance particulière