Révélations du Canard Enchaîné: Sonko, Tariq Ramadan, et l’argent du Qatar
L’Islamiste Tariq Ramadan ne se contente pas de soutenir Ousmane Sonko, il menace nettement les chefs religieux mouride et tidiane qui ne l’appuieraient pas. Or, les liens de Ramadan avec le Qatar, par le biais des Frères musulmans, sont bien connus. D’où l’urgence pour les différents acteurs de préciser la nature de leurs relations.
C’est le sujet de conversation à la mode dans certains milieux politiques et diplomatiques de Dakar, depuis le mercredi dernier. «L’argent du Qatar inonde le Sénégal pour convaincre les mourides de voter Ousmane Sonko», écrit l’hebdomadaire français Le Canard Enchaîné dans sa dernière édition. Et tous ceux qui en parlent soulignent que le «Canard» est généralement bien renseigné. La preuve, il n’a quasiment jamais perdu de procès dans son histoire plus que centenaire.
Et dans les milieux du pouvoir, on rappelle que depuis un moment la filière des Frères musulmans -du moins ses démembrements au Sénégal- est bien surveillée. Ces personnes indiquent que l’Etat ne reste pas insensible à des appels du pied faits par des figures bien connues du mouvement, comme Tariq Ramadan qui, pendant des années, tente d’offrir à la mouvance, un visage plus avenant pour le monde occidental et l’Europe de manière générale.
Néanmoins, la dernière éruption de violence de ce mois de juin au Sénégal a fait tomber certains masques. On a pu voir Tariq Ramadan mettre en garde les khalifes généraux mouride et tidiane. En leur donnant certaines recommandations face aux évènements en cours, celui qui se présente comme Professeur émérite d’études islamiques déclare : «…Si les khalifes ne jouaient pas ce rôle et n’apportaient pas au Sénégal cette voix de la dignité, de la justice et de la transparence politique, ils agiraient contre les principes de l’islam, contre l’avenir du Sénégal et contre la crédibilité de leur confrérie respective.» Et il termine par cette déclaration comminatoire : «Ils ont le choix entre leur honneur, et -à terme- leur perte.» Les liens de Tariq Ramadan avec les Frères musulmans soutenus par le Qatar sont connus de tous. Il est l’un de leurs idéologues les «moins détestés» par l’Occident. Une vitrine de respectabilité.
Il est assez admirable de voir quelqu’un qui, par idéologie, considère les confréries soufies telles qu’elles existent au Sénégal comme non conformes à l’islam, se soucier de «l’honneur» et même de la survie de nos dignitaires religieux.
Mais on sait aussi que nos islamistes ne trouvent nullement infamant de pratiquer la «Taqiya», stratégie qui leur permet, quand ils sont en minorité, de dissimuler leurs convictions, jusqu’au moment où ils seront en position de les afficher publiquement. C’est ainsi que l’on a vu leur champion sur le plan national, afficher des convictions mourides que l’on ne lui connaissait pas il y a moins de 5 ans. Il a poussé le zèle jusqu’à réduire le bouc qui lui ornait le menton. Mais la vraie question est de savoir s’il a pour autant renoncer à l’appui financier des bailleurs étrangers qui lui sont prêtés.
Ce qui est vérifiable, c’est que les autorités cherchent à tarir les différents canaux d’alimentation des caisses du parti Pastef à partir de l’étranger. Car pour beaucoup, les fonds ainsi convoyés n’avaient pas de traçabilité transparente.
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