Bilan des saccages : Facture Salée
Des milliards ont été perdus dans les saccages du début du mois de juin. L’économie a été durement éprouvée. Après les deux jours de folie, les entreprises commencent à évaluer les dégâts et les pertes. Des milliards sont engloutis alors que l’évaluation n’a pas encore commencé.
Pour une histoire de massage entre deux adultes en période de couvre-feu, la facture est trop salée pour l’économie sénégalaise. En effet, après l’annonce de la condamnation de Sonko dans l’affaire Adji Sarr, des pilleurs ont pris à partie des entreprises qui n’ont rien à voir avec ce problème. Le secteur bancaire est l’un des plus éprouvés.
31 agences bancaires saccagées
«Les manifestations ont impacté toutes les opérations bancaires, car on était en fin de mois et en période de Tabaski. Nous avons été obligés de reprendre le dispositif mis en place lors du Covid. On a ouvert les caisses et fermé les autres entités, car il y avait un problème de déplacement. Ce sont 14 banques impactées. La Société générale a payé le plus lourd tribut avec 5 agences vandalisées. La nature des dégâts va de la destruction de Gab, d’enseignes et parfois des incendies sont notés. C’était au moment où la banque était ouverte avec des clients à l’intérieur», a expliqué Bocar Sy, de l’Association des banques et établissements financiers. Pour le président de l’Apbefs, «le coût de la remise en l’état, ce sont 150 millions par agence, alors qu’on a dénombré 31 agences. Malheureusement, c’est de l’argent qu’on devait investir dans des zones où notre présence laisse à désirer.
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Nous avons assisté à des actes de dégradation que rien ne justifie». Et le plus dur, c’est pratiquement l’usager qui va en pâtir le plus. «Nous étions en train de réduire le coût du service bancaire. Ce qui s’est passé va moins nous permettre de le faire», a annoncé Ibrahima Fall, Directeur général de Coris bank.
Un autre secteur qui n’a pas subi de dégâts matériels qui va payer au prix cher la diffusion des images de pillage et de vandalisme, c’est le tourisme. Même si un chiffre précis expliquant les conséquences n’est pas encore disponible, Aimé Sène des hôtels Fleurs de Lys fait état d’une perte de plus de 300 millions pour son réceptif hôtelier. «Dès que les manifestations ont commencé, les gens se sont retirés des hôtels. Ils ont écourté leurs séjours. Et naturellement les séminaires ont été annulés. Il y avait une belle embellie du tourisme et les chiffres étaient repartis à la hausse», a-t-il regretté.
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Pour Racine Sy, le secteur du tourisme commençait à avoir une embellie, mais l’image des manifestations vient tout remettre à zéro. A cet effet, il a plaidé pour que le crédit hôtelier soit de nouveau abondé.
100 stations d’essence pillées
Si le secteur ne compte pas les dégâts pour le moment, le patronat des services pétroliers ne peut pas dire la même chose. Plus de 100 stations d’essence ont subi la foudre des pilleurs. Mouhamed Chagouni, le président du Groupement des pétroliers professionnels, est d’ores et déjà convaincu que les dégâts matériels vont dépasser les 3 milliards Cfa. «Il faut noter qu’en 2021, le préjudice subi était de 3, 5 milliards Cfa, alors que le nombre était à 21 stations. On parle de 100 aujourd’hui. Certains gérants ne veulent plus reconstituer leurs capitaux. Ils ne veulent ou n’ont plus les moyens de réinvestir», a-t-il indiqué, en attendant d’avoir une évaluation exacte des dégâts. Mouhamed Chagouni a appelé l’Etat à payer la dette qu’il leur doit. Le montant est à 145 millards Cfa.
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«Nous demandons à l’Etat de répéter le geste qu’il avait fait en mars 2021 quand il avait décidé de payer 26 millards de la dette pour soulager la tension de trésorerie que nous subissons», a-t-il déclaré. Les transporteurs sont aussi dans la même logique. Des impactés, les grandes surfaces sont les plus mal loties. En effet, Auchan a été obligé de fermer 7 magasins dans la banlieue, tous saccagés. 300 collaborateurs sont en chômage technique. A titre d’exemple, en mars 2021, l’enseigne avait perdu plus de 15 millards pour le pillage de 19 de ses magasins. Supeco, qui a vu ses deux magasins en banlieue saccagés, estime le préjudice à plus d’un milliard, en attendant une évaluation complète.
Le numérique durement touché
Toujours dans la même dynamique, Orange chiffre ses dégâts matériels à plus de 677 millions Cfa. «Notre agence smart store a été complètement détruite aux Parcelles Assainies. Cette agence, inaugurée récemment, nous a coûté 500 millions Cfa. 309 kiosques ont été détruits pour un montant de 154, 5 millions. Les 309 collaborateurs sont en chômage technique. 3 de nos véhicules ont été incendiés. Nous avons subi des dégâts sur nos matériels d’un montant de 13 millions», a informé le directeur de la communication de Orange. Qui a informé qu’une évaluation est en cours pour savoir le manque à gagner dû à la coupure d’internet. Par contre, Wave sait que cette mesure a baissé ses activités de 40%, en plus de placer la fintech dans une situation de risque de faillite. «La coupure d’internet a été problématique. Nous avons constaté une baisse de 40% sur les activités lors des deux jours. Ce chiffre se retrouve au niveau des volumes. Ça impacte les banques, les grands facturiers comme la Senelec. Cette baisse se traduit par des effets sociaux graves. Les Sénégalais qui recevaient soit de l’aide de la diaspora, soit la dépense quotidienne, ont été impactés. Ce sont plus de 7 millions de clients qui ont été touchés», a informé Coura Sène, la Directrice générale.
mgaye@lequotidien.sn