Guterres frustré par l’immobilisme de l’ONU en Haïti, deux ans après l’assassinat du président Moïse

Guterres frustré par l’immobilisme de l’ONU en Haïti, deux ans après l’assassinat du président Moïse

Alors que le Conseil de sécurité doit renouveler dans une semaine le mandat du bureau intégré des Nations unies en Haïti, il s’est réuni jeudi 6 juillet pour faire le point sur la situation et tester l’engagement de la communauté internationale. Deux ans après l’assassinat du président Moïse, la situation n’a cessé de se détériorer pour les Haïtiens qui sont maintenant « piégés dans un cauchemar éveillé », selon le patron de l’ONU. Antonio Guterres est frustré par l’immobilisme du Conseil et son incapacité à décider d’envoyer une force de sécurité internationale pour aider la police haïtienne à combattre les gangs.

La situation « intenable » a eu une conséquence dont a pris conscience le Conseil de sécurité jeudi : des Haïtiens commencent à se faire justice eux-mêmes et à se retourner contre les gangs, plus de 250 membres de gangs ont été tués ces deux derniers mois. « L’apparition de groupes de justiciers autoproclamés ajoute un nouveau niveau de complexité. Depuis avril, le Binuh (Bureau intégré des Nations unies en Haïti) a comptabilisé au moins 264 supposés membres de gangs tués par des groupes de justiciers autoproclamés », a déclaré María Isabel Salvador, représentante de l’ONU dans le pays en crise, devant le Conseil de sécurité.

Depuis octobre, Port-au-Prince réclame à la communauté internationale un millier d’hommes et une centaine de blindés, mais celle-ci fait la sourde oreille, rappelle notre correspondante à New York, Carrie Nooten. Aucun pays n’ose risquer de s’enliser en Haïti. Pourtant, l’ONU le sait : la crise ne pourra se régler tant que la sécurité du pays n’est pas stabilisée, et elle espère éviter que ces règlements de comptes dégénèrent en guerre civile.

« Une force de sécurité robuste déployée par les États membres »

« Je le répète : nous ne réclamons pas une mission militaire ou politique des Nations unies, nous appelons à une force de sécurité robuste déployée par les États membres pour travailler main dans la main avec la police nationale haïtienne pour vaincre et démanteler les gangs et rétablir la sécurité dans tout le pays », a martelé Antonio Guterres.

Quelques heures plus tard, Antony Blinken a affirmé aux pays des Caraïbes de la Caricom, et au Premier ministre haïtien Ariel Henry, que Washington était « activement engagé » dans la création d’une force de police internationale. Peut-être le signe public attendu depuis longtemps.

(et avec AFP)

Amadeus

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