Le blocus de son domicile levé: La justice sénégalaise mal à l’aise

Le blocus de son domicile levé: La justice sénégalaise mal à l’aise

Ousmane Sonko, inspecteur des impôts et domaines a connu en quelques années une ascension politique fulgurante. De fonctionnaire radié, il devient député à l’Assemblée nationale, puis maire de la ville de Ziguinchor. Ces deux dernières années, il s’est illustré dans un rapport de force contre le régime en place. Ce qui lui a permis d’éviter la prison malgré les condamnations qui lui ont été infligées et sa défiance à l’endroit des institutions et de la Justice. Après 60 jours de barricade de sa maison, revoilà Sonko en liberté. Les consciences s’interrogent.

Le Président de Pastef est –il un citoyen spécial ? Cette question, bon nombre de Sénégalais se la posent. Si on interroge l’histoire politique récente, on se rend compte qu’entre le lui et le pouvoir, ce n’est pas le parfait amour. La fracture entre le leader de Pastef et le Président Macky Sall s’est exacerbée en ce mois de Février 2020 où Ousmane Sonko a été accusé de viol par Adji Raby Sarr. Ce qui a généré des troubles énormes faisant 21 morts. Sonko a selon ses propres termes «  résisté pour ne pas subir le même sort que Karim Wade et Khalifa Sall » Une chose inédite s’est passé en ce mois de mars 2021 : Sonko accusé de viol n’a pas été placé sous mandat de dépôt. Il a toujours comparu libre. Cela n’a jamais eu lieu dans notre cher Sénégal. Le cas de Sitor est révélateur.  Depuis lors , l’ Etat peine à l’incarcérer malgré les accusations gravissimes qu’ on lui colle : appel à l’insurrection, troubles à l’ordre public, défiance à l’autorité. Avec tous les péchés d’ Israel qu’ on lui attribue, lepouvoir n’a pas réussi à mettre la main sur lui. Le plus cocasse est cette affaire de sa maison barricadée pendant 60 jours. Ce qui ressemble à une « résidence surveillée ». Néanmoins,  Sonko avait la latitude de faire du sport, de communiquer via des vidéos pour parler à la jeunesse à chaque fois qu’ il sentait le besoin. Il a été « enfermé » chez lui pendant 60 jours sans base légale. Les autorités étaient dans l’incapacité de trouver un qualificatif à cette situation. Voilà un cas d’école sur lequel les juristes pourront plancher. Autre incongruité, Ousmane Sonko a été jugé et condamné à 2 ans  ferme par contumace. Un contumax par essence  est un homme introuvable. Au même moment, il a été cueilli à Kaffrine par les forces de l’ordre qui l’ont déposé sagement chez lui à la Cité Gorgui et ont barricadé son domicile. Pourtant, l’homme avait déclaré qu’il entamait sa « révolution » qui allait se terminer à Dakar.

Néanmoins, après la condamnation, le régime a fait savoir que la décision de justice n’était pas sortie. C’est  par la suite que le ministre de la Justice a fait savoir que celle-ci était affichée au Palais de Justice. Depuis lors, rien ne s’est passé sous nos cieux. Pour couronner le tout, le blocus du domicile de Ousmane Sonko a été levé. Ousmane Sonko sans coup férir laisse l’impression aux yeux des Sénégalais qu’on peut être condamné par contumace et vaquer à ses besoins sous l’œil impuissant de la Justice.

Les acteurs de la Justice se sentent humiliés

Cette situation met mal à l’aise ceux qui ont prononcé cette sentence. Ces acteurs de la Justice se sentent humiliés avec tous les risques qu’ils ont encourus en décidant de condamner Ousmane Sonko. Par ailleurs, ceux qui croupissent en prison pourraient se demander s’il n’y a pas deux poids, deux mesures ? Que va-t-on faire d’eux ? Pourquoi l’ Etat n’a-t-il pas exécuté la décision de justice condamnant à deux ans de prison ferme Ousmane Sonko ? Quelle est la différence entre Ousmane Sonko et les deux « K » que sont Karim et Khalifa Sall qui ont chacun purgé 3 ans avant d’être grâciés ? Ya-t-il un non-dit pour le cas de Ousmane Sonko ?

En tout état de cause, il est une vérité qui nous renseigne que « quand un Etat est fort , il nous écrase, lorsqu’ il est faible, nous périssons tous ». De toutes façons, le   cas Sonko est atypique et doit être source de réflexion et de méditation. Que nous réserve l’avenir proche à trois mois de la Présidentielle 2024 ?  

CRÉDIT PHOTO,AFP

Après être arrivé troisième lors de la présidentielle de 2019, l’un des plus farouches opposants au président Macky Sall qui voulait briguer à nouveau le suffrage des Sénégalais lors de la prochaine présidentielle prévue le 25 février 2024, est condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse » assortis d’une amende de 600 000 FCFA, par la Chambre criminelle de Dakar, à l’issue de son procès qui l’opposait à une masseuse.

Ousmane Sonko, inspecteur des impôts et domaines a connu en quelques années une ascension politique fulgurante. De fonctionnaire radié, il devient député à l’Assemblée nationale, puis maire de la ville de Ziguinchor.

C’est sa radiation de la fonction publique qui l’a révélé. C’était le 29 Aout 2016. « Monsieur Ousmane Sonko. Inspecteur des Impôts et des Domaines principal de 2° classe 2° échelon, matricule de solde n°604.122/1, est révoqué sans suspension des droits à pension pour manquement à l’obligation de discrétion professionnelle prévue à l’article 14 de la loi n°61-33 du 15 juin 1961» indique le décret de révocation signé du président Macky Sall.

Amadeus

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