Tentative d’expulsion d’un refugié : Casse-tête turc pour Macky et Erdogan
L’expulsion du ressortissant turc Tufan Feyzi Nizamoglo est renvoyée aux calendes turques. La Cour suprême a cassé le décret du président de la République qui demandait son expulsion du territoire national. Cette décision de la plus haute juridiction du pays est un joli pied de nez fait aux dirigeants du Sénégal et de la Turquie qui voulaient le voir hors du Sénégal.
Le ressortissant turc Tufan Feyzi Nizamoglo ne retrouvera pas de sitôt les bords du Bosphore, comme le souhaitait le chef de l’Etat Macky Sall. Il peut continuer à bénéficier de son statut de réfugié au pays de la Teranga, malgré les volontés des présidents du Sénégal et de la Turquie. Car la 2e Chambre de la Cour suprême a cassé le jeudi 27 juillet dernier, le décret du président de la République qui rapportait un décret antérieur, de 2019, qui lui accordait le statut de réfugié politique au Sénégal, et l’exposait à un arrêté d’expulsion pris par le ministre de l’Intérieur. «Le décret du Président est annulé. Le Turc peut retrouver son statut de réfugié. Il ne pourra plus faire l’objet du projet d’expulsion. Il pourra s’installer régulièrement au Sénégal», a dit son avocat, Me Baboucar Cissé, joint au téléphone. D’après la robe noire, ce décret du chef de l’Etat sénégalais, pris le 22 août 2022 dernier, n’avait pas respecté la procédure pour dénier le statut de réfugié à Tufan Nizamoglo. La Cour suprême, saisie, a donné raison à la défense de ce dernier et l’a remis dans ses droits. Ce qui fait qu’il ne pourra plus être expulsé ni extradé. De surcroît, il retrouve son statut de réfugié sur le territoire sénégalais.
Le Quotidien a appris que l’arrêté d’expulsion du refugié turc avançait comme motif, «à la demande du gouvernement turc», sans aucun autre prétexte. Ce que ses défenseurs ont fait valoir en disant que ce n’était pas un motif suffisant pour une expulsion. D’autant plus que le ministère de l’Intérieur l’avait au préalable placé en détention administrative durant plus de 45 jours, de manière arbitraire. Heureusement pour lui, son avocat, Me Baboucar Cissé, a attaqué ce décret du chef de l’Etat, et la Cour suprême lui a donné raison en le cassant, permettant ainsi de rétablir le ressortissant turc dans ses droits.
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