Tanzanie – Souveraineté alimentaire : Les 4 sillons de Macky

Tanzanie – Souveraineté alimentaire : Les 4 sillons de Macky

Le Président Macky Sall prend part au Sommet sur les systèmes alimentaires en Afrique, qui se déroule du 5 au 8 septembre 2023 à Dar es Salaam, ancienne capitale de la Tanzanie. A l’ouverture de cette rencontre, le chef de l’Etat a proposé quatre mutations nécessaires pour la transformation du potentiel agricole africain et l’atteinte des objectifs de la souveraineté alimentaire du continent.

Par Dialigué FAYE – Après avoir participé au  premier Sommet africain sur le climat tenu à Nairobi, la capitale kényane, du 4 au 6 septembre 2023, Macky Sall a fait cap sur Dar es Salaam, ancienne capitale de la Tanzanie, où il prend part au Sommet sur les systèmes alimentaires en Afrique. A l’ouverture de cette rencontre, le président de la République a identifié quatre mutations à engager pour transformer le potentiel agricole africain et atteindre les objectifs de souveraineté alimentaire du continent. «Si nous voulons transformer notre potentiel et réaliser nos objectifs de souveraineté alimentaire, il nous faut résolument engager les mutations nécessaires. J’en vois quatre au moins : premièrement, valoriser davantage la recherche, améliorer la mécanisation agricole et la maîtrise de l’eau, et intensifier l’utilisation de méthodes et technologies modernes, y compris pour la transformation locale des produits. Deuxièmement, augmenter les superficies exploitées bien au-delà des petites fermes familiales, d’où la nécessité d’aménagements fonciers qui concilient les besoins légitimes de l’agriculture familiale et ceux indispensables de l’agrobusiness qui permet la production à grande échelle. Troisièmement, installer des équipements de stockage et de conservation des produits pour éviter les pertes post-récolte, et désenclaver les zones de production aux marchés, en renforçant les infrastructures de transport interne et d’interconnexion transfrontalière, afin de faciliter l’accès aux marchés, surtout à l’heure de la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine : ndlr). Quatrièmement, enfin, soutenir les petits exploitants, notamment les femmes et les jeunes, par un encadrement et un financement adaptés à leurs besoins», a déclaré le Président Sall.
Pour ce faire, le Président recommande de «vaincre les préjugés encore tenaces qui perçoivent l’agriculture com­me une activité pour les pauvres, qu’on n’exerce que parce qu’on ne trouve rien d’autre à faire. Au contraire, la crise actuelle nous rappelle brutalement que l’agriculture, mise aux normes modernes, est un métier noble, une source d’opportunités et d’accomplissement social.
C’est dire qu’aujourd’hui plus que jamais, il urge de rompre avec les préjugés et pratiques qui continuent d’exposer nos pays à la précarité alimentaire, pour engager une véritable révolution agricole qui, au-delà de la résilience, nous mènera vers la souveraineté alimentaire et la conquête des marchés mondiaux».
A propos du Sommet sur les systèmes alimentaires en Afrique, il estime que la «question est vitale et d’actualité». Et d’expliquer que «de tout temps, tout ce qui touche à l’agriculture et à la sécurité alimentaire revêt une priorité de premier ordre.
Cela est encore plus évident aujourd’hui pour nos pays confrontés aux effets combinés du changement climatique, de la pandémie du Covid-19 et d’une guerre majeure.
Les chif­fres parlent d’eux-mêmes : selon l’estimation des Nations unies, plus de 750 millions de personnes dont près de 240 millions d’Afri­cains, vivent aujourd’hui dans l’insécurité alimentaire».
Pour lui, «la faim en Afrique n’est pas seulement une préoccupation, c’est aussi et surtout un grand paradoxe pour un continent d’1, 4 milliard d’habitants et 30 millions de km2, disposant de 60% des terres arables non exploitées de la planète et d’abondantes ressources hydriques.
Avec un potentiel aussi immense, l’Afrique ne devrait avoir ni faim ni soif. Bien au contraire, elle devrait pouvoir se nourrir et aider à nourrir le monde, au lieu de continuer à importer, et pire encore, à dépendre de l’aide pour satisfaire l’essentiel de ses besoins alimentaires».

La part de l’agriculture dans le budget porté à 12%
Il y a 20 ans, rappelle M. Sall,
«nos pays avaient pris l’engagement, dans la Déclaration de Maputo de juillet 2003, d’allouer au moins 10% du budget national à l’agriculture». Mais, considère-t-il, «la réalisation de cet objectif requiert avant tout un choix volontariste qui joint l’acte à la parole». Et il donne le Sénégal en exemple. «Nous avons porté à 12% la part de l’agriculture dans le budget général d’investissement, et augmenté en deux ans de 75% le financement de la campagne agricole saisonnière afin d’accélérer notre marche vers la souveraineté alimentaire.
Nos progrès sont réels, même si les défis à relever restent encore nombreux», soutient le président de la Républi­que.
Ainsi, souligne-t-il, «le Sénégal a organisé, en janvier dernier, le Dakar II agricole, en collaboration avec la Bad, après le Dakar I en octobre 2015.
Dans un contexte de crise mondiale, Dakar II a remis l’objectif de souveraineté alimentaire au cœur de l’agenda continental, avec la participation de 34 chefs d’Etat et de gouvernement ; un record pour un sommet sectoriel.
En trois jours, nous avons pu mobiliser un montant de 30 milliards de dollars pour aider à stimuler la production agricole et le commerce de produits alimentaires sur le continent. Depuis lors, ce montant est passé à 72 milliards de dollars».
Macky évoque aussi : «La Déclaration conjointe sur la sécurité alimentaire, issue du Sommet Etats Unis-Afrique de décembre 2022, va dans le même sens que le Dakar II agricole, avec deux objectifs principaux : à court terme, il s’agit de répondre aux besoins immédiats de nos pays en matière d’importation d’engrais et de produits alimentaires aux conditions normales du marché.
A moyen et long termes, nous voulons travailler avec la partie américaine et d’autres partenaires en vue d’améliorer de façon durable l’investissement dans la production agricole sur le continent.
Con­for­mément au mandat que le président en exercice de l’Union africaine m’a confié, la task-force que j’avais mise en place pour le suivi de la Dé­claration de Washington lors de mon mandat à la tête de l’Union, poursuit les consultations avec la partie américaine.»
dialigue@lequotidien.sn

Amadeus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *