Crédibilité des banques sénégalaises et maîtrise de la dette: Moustapha Bâ confirme
Mamadou Moustapha Bâ, Ministre des Finances et du Budget, a saisi l’opportunité que lui offrait la 40 ème session du Conseil National du Crédit pour évoquer la situation des banques sénégalaises et la dette du Sénégal. Sous ce rapport, il soutient que les banques sénégalaises sont crédibles et que l’endettement du Sénégal est maîtrisé contrairement à d’autres pays. Il a en outre mis en relief la subvention de 100 milliards de FCfa pour les intrants et la prochaine campagne agricole.
« Je voudrais exprimer toute ma satisfaction pour la qualité des travaux du Conseil National du Crédit, un organe statutaire de la BCEAO présidé par le Ministre chargé des Finances dans chaque Etat membre de l’UMOA », a d’emblée déclaré le ministre des finances et du Budget, Moustapha Bâ. Et ce dernier d’embrayer : « convient-il de le rappeler, le Conseil National du Crédit joue un rôle primordial dans le dialogue entre les acteurs économiques, l’Etat et le Comité de Politique Monétaire de la BCEAO. En effet, selon les dispositions de l’article 93 des Statuts de la BCEAO, le Conseil est chargé “d’étudier les conditions de fonctionnement du système bancaire et financier, notamment dans ses relations avec la clientèle et dans la gestion des moyens de paiement ainsi que les conditions de financement de l’activité économique”.
Composition du Conseil
« Outre les représentants de l’Etat, de la BCEAO et les membres du Comité de Politique Monétaire ressortissants du Sénégal, le Conseil comprend des représentants du Conseil Economique, Social et Environnemental, des banques, des chambres consulaires, des associations de consommateursdes services financiers, d’universités et de centres de recherche ainsi que des personnalités nommés intuitu personae. Son secrétariat est assuré par la Banque Centrale », fait savoir l’argentier du Sénégal qui relève : « je voudrais remercier les Directeurs Généraux de la Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal (SONACOS), de la Société de Développement et des Fibres Textiles ( SODEFITEX), de La Banque Agricole (LBA) ainsi que de la Banque Nationale pour le Développement Economique (BNDE), d’avoir bien voulu répondre à mon invitation pour prendre part à l’examen du point de l’ordre du jour de la rencontre consacré à la préparation de la prochaine campagne de commercialisation agricole 2023-2024 » .
Dispositif de collecte, de conservation et de commercialisation de l’arachide
Pour lui : « ce point de l’ordre du jour revêt une importance capitale. En effet, le Président de la République a instruit le Gouvernement, lors de la réunion du Conseil des Ministres tenue ce mercredi 4 octobre 2023, je cite, “à engager avec les acteurs du secteur agricole, le processus de mise en place des dispositifs de collecte, de conservation et de commercialisation des productions agricoles (notamment l’arachide) au regard du niveau de développement des cultures et des récoltes attendues” », soutient avant d’enchaîner : « les informations essentielles attendues à l’issue de la présente réunion du Conseil National du Crédit, par mon département ministériel et celui en charge de l’agriculture, devront permettre de prendre les dispositions appropriées en vue de réunir les meilleures conditions pour un déroulement correct et un financement adéquat des opérations de collecte ».
A cet égard, souligne-t-il, le Directeur de l’Agriculture fera le point de l’état de mise en œuvre des mesures prises par le Gouvernement du Sénégal au titre des campagnes de production agricole et des perspectives concernant les délais de disponibilité des statistiques de production indispensables pour une bonne appréciation des besoins de financement.
100 milliards de subvention de l’Etat pour la campagne agricole
« A ce propos, Moustapha Bâ déclare : « je voudrais rappeler les efforts substantiels déployés par l’Etat au titre de la subvention des intrants agricoles pour un montant global de 100 milliards FCFA, répartis principalement comme suit :
-39 milliards pour les engrais ;
-28 milliards pour les semences ;
-17 milliards pour les céréales et les espèces diverses ;
-7 milliards pour les semences de pomme de terre ;
-2,3 milliards pour le soutien aux producteurs de coton ».
« Cette enveloppe a permis de relever le niveau de la subvention entre 37,50 et 100 % selon le type d’intrants (semences ou engrais) contre 50 % et 55 % en 2022. Il y a lieu également de souligner l’enveloppe de 85 milliards FCFA dégagée pour l’acquisition notamment de tracteurs et de moissonneuses batteuses », révèle le ministre des Finances et du Budget du Sénégal ». SelonMoustapha Bâ, les besoins de financement pour la collecte des arachides et du coton graines, au titre de la prochaine campagne agricole, sont estimés à une centaine de milliards de FCFA.
Dans ce cadre, soutient-il, j’inviterai le Directeur Général de la SONACOS et lereprésentant du Directeur Général de la SODEFITEX absent du territoire national, à faire part au Conseil National du Crédit de leur évaluation des perspectives de collecte et de financement ainsi que de leurs recommandations pour l’atteinte des objectifs de collecte qu’ils se sont fixés, à l’aune des enseignements tirés de la campagne précédente.
« J’attache une grande importance aux échanges sur ces enseignements, au regard notamment des mesures que le Gouvernement compte prendre pour apporter les correctifs nécessaires aux préoccupations notées l’année dernière en particulier au niveau de la filière arachidière. Elles ont trait notamment à la réorganisation de la collecte et au juste équilibre à trouver en ce qui concerne l’implication des acheteurs étrangers dans le circuit de commercialisation », déclare-t-il avant d’insister en ces termes : « Je demanderai ensuite aux Directeurs Généraux de La Banque Agricole et de la BNDE, principales banques impliquées dans le financement de la commercialisation agricole, de faire le point des mesures prises ou envisagées par leurs banques en vue de faire face aux besoins exprimés par les acteurs ».
Implication élargie du système bancaire
Sa conviction est que : « nos échanges devront s’appesantir sur les conditions à réunir pour l’implication élargie du système bancaire au financement de la prochaine campagne, au travers notamment de la mise en place d’un pool bancaire ». Outre ce point de l’ordre du jour consacré à la prochaine campagne de commercialisation agricole, la présente session du Conseil National du Crédit abordera la situation des secteurs bancaireS et de la microfinance.
Il convient d’ores et déjà de souligner selon Moustapha Bâ la bonne tenue des principaux indicateurs d’activité et de rentabilité de ces deux secteurs.
A l’en croire, les encours de crédits des banques ont progressé de 14,5% en glissement annuel pour s’établir à 6.891 milliards FCFA à fin juin 2023. La qualité du portefeuille s’est améliorée, le tauxdes créances en souffrance nettes des provisions ressortant à 3,5% du total des crédits. La rentabilité des capitaux propres des banques est satisfaisante. Elle s’établit à 15,1% en 2022contre 15,3% en 2021. Ce profil se maintient sur le premier semestre 2023.
De son avis : « au plan prudentiel, les banques sont globalement en conformité par rapport aux normes fixées, un résultat remarquable dans le contexte de la fin de la transition vers les normes Bâle 2 et Bâle 3 dans l’UMOA depuis le 1 er janvier 2023. Le ratio de solvabilité moyen s’élève ainsi à 13,4% à fin juin 2023 pour une norme minimale de 11,5% ».
Progression de l’encours au crédit de 18%
Concernant le secteur de la microfinance, le ministre des Finances affirme que l’encours des crédits distribués aux sociétaires et clients a progressé de 18% en glissement annuel, en s’établissant à 608 milliards à fin juin 2023. La qualité du portefeuille s’est également sensiblement améliorée, le taux brut de dégradation s’établissant à 6,38% en juin 2023 contre 8,11% à fin juin 2022. La situation prudentielle est globalement satisfaisante.
« En dépit des multiples et récentes chocs 1, le secteur bancaire local demeure solide. Avec une situation prudentielle améliorée à la faveur d’un renforcement des fonds propres effectifs des établissements de crédit et d’un taux de prêts nets improductifs contenu bien que les crédits nets, tout comme les dépôts, progressent et que l’activité de portefeuille dynamique, notamment en souscription de titres publics, reste dynamique, avec une hausse de la souscription en titres émis par les Etats », renseigne-t-il.
Il indique que dans le cas du Sénégal, cette confiance tient notamment à la résilience de l’économie liée, notamment à la maîtrise du déficit budgétaire (qui devrait se situer à 4,9% à fin 2023 contre 6,1% à fin 2022). Le déficit budgétaire est projeté à3,9% en 2024.
Réduction des vulnérabilités de la dette publique
Au-delà de cette consolidation budgétaire, le Gouvernement reste déterminé à renforcer le cadre de gestion et réduire les vulnérabilités de la dette publique, dont le stock est ressorti à fin 2022, à 68,2% (en deçà du plafond communautaire de 70%)
« Pour l’argentier du Sénégal, ces perspectives d’évolution favorable du cadre 1 liés à la pandémie de la Covid 19, au conflit russo-ukrainien qui a entraîné une flambée des prix des matières premières, un ralentissement de la croissance économique mondiale et de fortes pressions inflationnistes , aux tensions sécuritaires sous-régionales, à la forte appréciation du dollar américain et des taux d’intérêt de référence , l’impact d’évènements météorologiques extrêmes macroéconomique sont positivement sanctionnées par :
– l’évaluation, en termes de notation financière, du crédit souverain Etat du Sénégal, avec la confirmation des notes et perspectives y relatives, respectivement à Ba3 avec perspective stable pour Moodys, B+ avec perspective stable pour S&P et à A 2 à court terme/A- long terme pour la notation en monnaie locale par Bloomfield Investment Corporation ;
– la conclusion d’un programme soutenu par le
Mécanisme Elargi de Crédit (MEC) et la Facilité Elargie de Crédit (FEC), combinés à la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD). Ce programme a été conclu le 11 mai 2023, pour un montant de 1.156 milliards à décaisser entre juin 2023 et décembre 2026,
La première revue se déroulera du 12 au 24 octobre2023. Elle a été précédée d’une staff visit concluante qui s’est effectuée du 31août au 07 septembre 2023.
En conclusion, laisse entendre Moustapha Bâ, il est à retenir que l’Etat du Sénégal continue à bénéficier de la confiance de ses partenaires financiers et des marchés de capitaux ».
Il a saisi cette opportunité pour féliciter le Comité de suivi des recommandations des réunions du Conseil National du Crédit pour les avancées enregistrées.
A.S