Envoyé Spécial des 4P : Le nouveau mandat de Macky
Pour aider à la mise en œuvre du Sommet de Paris pour un nouveau Pacte financier mondial pour les peuples et la planète, le président de la République a accepté, après son mandat, d’en être l’Envoyé spécial. La proposition lui a été faite par le Président Emmanuel Macron, lors du Forum de Paris sur la paix qui se tient depuis hier.
Chez les Sall, on pense déjà au 3 avril 2024, qui marquera le début de la vie post-présidentielle. Quelle vie après le Palais ? Macky Sall a accepté, après son mandat, sur proposition du Président Emmanuel Macron, d’être Envoyé spécial pour aider à la mise en œuvre du Sommet de Paris pour un nouveau Pacte financier mondial pour les peuples et la planète (4P). Evidemment, le Président français lui a rendu un hommage appuyé en public : «Dans quelques mois, le Président Macky Sall terminera son second mandat, et je veux vraiment saluer son courage, son engagement et l’exemplarité qu’il porte sur le continent africain. Il a décidé que la démocratie s’exercerait comme elle doit s’exercer et qu’il y aurait des compétiteurs ; ils sont multiples. Quand il y a des hommes d’Etat et d’engagement, ils avancent et protègent leur pays des troubles et vicissitudes du moment. Il a accepté, à l’issue de son mandat de Président, de prendre la responsabilité d’Envoyé spécial du 4P et de présider ce comité de suivi…» Le président de la République, qui sait déjà le vaste chantier qui l’attend, sera assisté par le Secrétariat général de l’Ocde (Organisation de coopération et de développement économique).
Déjà, il se projette sur son futur job. Dans son discours lors du Forum de Paris sur la paix tenu hier, Macky Sall est revenu sur le travail qu’il compte mener, notamment sur la réforme de l’architecture financière mondiale. Sur cette question, le chef de l’Etat soutient qu’il «ne s’agit pas de prôner une révolution, mais une évolution de la gouvernance économique et financière mondiale afin qu’elle soit plus inclusive et reflète mieux les réalités de son époque». Selon M. Sall, cela nécessite de «changer de paradigmes». Et d’expliquer : «Parce que, ne l’oublions pas, l’objectif du Sommet de Paris était de baliser la voie pour la réforme du système financier international, l’amélioration de la protection de la planète et la mobilisation de ressources en faveur des pays les moins nantis par des financements à faible coût. C’est pourquoi, face aux limites de l’aide publique au développement, il me semble nécessaire de travailler à la révision des conditions d’accès au crédit export, en assouplissant les règles de l’Ocde sur les taux du crédit et la durée des délais de grâce et des périodes de remboursement.» A en croire le président de la République, «cela permettrait de mobiliser plus de ressources pour le financement des projets de développement et le soutien à l’investissement privé, pour une croissance et une prospérité partagées».
Poursuivant son plaidoyer, M. Sall estime que «les banques multilatérales de développement devraient davantage simplifier leurs procédures d’approbation pour mieux répondre aux besoins, souvent urgents, des pays bénéficiaires».
De même, ajoute-t-il : «Il me semble nécessaire d’accentuer la lutte contre les pratiques fiscales abusives (congés fiscaux abusifs) et illicites (évasion fiscale) qui privent les pays d’importantes ressources internes pour le financement du développement.» A ce propos, il déclare qu’il «est heureux que l’Ocde ait donné le ton sur ce sujet en adoptant en octobre 2021, l’Accord historique sur l’impôt minimum mondial de 15%».
Autre question considérée comme «inévitable» par le Président Sall, c’est celle de la justice climatique. D’après lui, «les pays en développement s’endettent pour financer leurs projets sobres en carbone et résilients au changement climatique», ce qui, souligne-t-il, revient pour le continent à «protéger le climat en aggravant son fardeau de la dette, alors qu’on pollue le moins et qu’on subit le plus les effets du réchauffement climatique». Pour Macky Sall, c’est «une vraie injustice, surtout que, pendant ce temps, nous peinons à mobiliser les 100 milliards de dollars par an convenus pour soutenir le financement de l’action climatique des pays en développement». En outre, le président de la République a tenu à rappeler que «nombre de pays africains font des efforts significatifs en matière de transition énergétique et de financement de projets verts».
A titre d’exemple, informe-t-il : «31% de nos capacités électriques installées du Sénégal proviennent de sources d’énergies renouvelables et nous avons l’ambition de porter ce taux à 40% d’ici 2030, avec le soutien de nos partenaires du Jetp.»
dkane@lequotidien.sn