Forum de haut niveau sur le financement de l’action climat : Moustapha Bâ décline la vision du Sénégal

Forum de haut niveau sur le financement de l’action climat : Moustapha Bâ décline la vision du Sénégal

« Le changement climatique, première menace de l’existence de l’humanité depuis 2015, est devenu réel et se fait sentir par ses effets dans toutes les parties du monde, toutes régions confondues ». Voilà ainsi campés par le ministre Moustapha Bâ, les enjeux qui sous-tendent les changements climatiques. Il   a fait part de la vision du Sénégal dans sa deuxième prise de parole  lors ce Forum. C’était au centre Abdou Diouf de Diamniadio.

« Au Sénégal, les enjeux et défis du changement climatique sont, entre autres, l’irrégularité de la pluviométrie avec la fréquence des inondations et des sècheresses

par endroit, la hausse des températures, l’avancée du désert et l’érosion côtière.

A cet effet, l’identification et l’évaluation des causes et des impacts du changement

climatique ainsi que leur financement ont été des préoccupations majeures des

initiatives nationales visant à réduire ses effets comme l’empreinte carbone de

l’économie sénégalaise. Afin de faire face à ce défi, le Sénégal s’est doté d’une vision,

a défini des axes stratégiques et a fixé des objectifs précis à atteindre.

La vision du Sénégal se décline ainsi qu’il suit : « Un Sénégal résilient, responsable et

ambitieux dans le mouvement mondial vers le net zéro », a d’emblée fait savoir le ministre des Finances et du Budget, Moustapha Bâ.

Selon lui , quatre axes stratégiques sont identifiés pour la mise en œuvre de cette vision.Ceux-ci tournent autour de  la mise en place de mécanismes facilitant et optimisant le financement public, de l’adaptation au changement climatique et à son atténuation . Le second axe est constitué par le développement de la finance climatique et des financements durables dans le secteur financier pour assurer la résilience et l’innovation en faveur de l’atténuation au sein du secteur privé. l’intégration des considérations environnementales dans la politique économique  et la collaboration avec les partenaires techniques et financiers dans la mise en œuvre et le financement de la stratégie forment les deux autres axes

Objectifs poursuivis

Les objectifs poursuivis, selon Moustapha Bâ visent à gérer l’économie et les finances publiques en s’adaptant aux effets du changement climatique par une planification rigoureuse des investissements publics et privés. Il s’agit en outre de mobiliser toutes les ressources propres, les financements innovants et les ressources multilatérales et bilatérales pour une stratégie climatique responsable et durable et à tirer tous les dividendes économiques découlant de la production de biens et services nécessaires pour l’atteinte de l’objectif net zéro. Le Financement public de l’adaptation et de l’atténuation du changement climatique est aussi un des objectifs.  La réalisation de cette approche stratégique se traduit à travers plusieurs initiatives, notamment l’élaboration de la Contribution déterminée au niveau national (CDN) et plus récemment le Budget vert.

Budget vert

« Ce dernier document, annexe de la loi des finances de 2024, consiste en une double

approche de politiques fiscale et d’allocation budgétaire sensibles aux changements

climatiques », renseigne Moustpaha Bâ qui embraie : « dans ce cadre, la politique fiscale se traduit dans le Budget vert par :

➢ des crédits, des déductions et réductions d’impôt pour les entreprises

contribuant à la préservation de l’environnement ;

➢ et la mise en place des taxes spécifiques sur les biens ou matières néfastes

à l’environnement.

« S’agissant de la politique d’allocation budgétaire sensible au changement climatique,

un besoin de près de 100 milliards FCFA est nécessaire pour les projets d’atténuation

et/ou d’adaptation dans les secteurs de l’Elevage, l’Environnement, la Pêche,

l’Agriculture et du Transport (Transport en Commun, les Projets Bus Rapid Transit et

le Train Express Régional) », fait-il remarquer

Intégration du climat dans processus budgétaire

« L’intégration du climat dans le processus de budgétisation constitue une priorité pour

l’Etat du Sénégal. D’ailleurs, les plans stratégiques de développement (PSD) sont en train d’être révisés pour prendre en compte l’aspect climat dans tous les projets d’investissement. Cette condition figure parmi les critères retenus dans les évaluations ex-ante et ex-post des projets », révèle l’argentier du Sénégal. qui poursuit : « du point de vue normatif, en octobre 2023, le Gouvernement sénégalais a adopté le décret portant réglementation du Cadre général de gestion des Investissements publics, qui permet de renforcer le dispositif de gestion des investissements publics(GIP) ».

Ainsi, note-t-il : «  tout projet d’investissement supérieur à 500 millions de FCFA est soumis à une analyse environnementale avant son intégration dans le Programme d’Investissements prioritaires (PIP). Aussi, dans la phase de mise en œuvre du projet, un suivi physico-financier infra annuel et annuel est fait afin de ressortir les résultats obtenus par rapport au pland’atténuation et d’adaptation au changement climatique ».

« Enfin, des évaluations ex-post sont effectuées pour déterminer la pertinence des

objectifs et le degré de réalisation et l’impact en termes de viabilité et de durabilité

relativement à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique », soutient-il.

Gestion des risques budgétaires liés au climat

« Relativement à la gestion des risques budgétaires liés au climat, le budget de l’État

pour 2024 s’est doté spécifiquement de 30,76 milliards de FCFA de « provisions pour

risques budgétaires » et d’un Fonds de Calamité d’un montant de 1,02 milliards de

francs (FCFA).Dans ce même sillage, je rappelle que le Sénégal est membre de l’African Risk and Capacity (ARC) depuis 2012 et a bénéficié d’un décaissement en 2014 dans le cadre de la souscription à la Police sécheresse. Le pays expérimente depuis 2019 également le Programme Replica et a bénéficiée en 2022 d’une mise en place d’une couverture contre les impacts des pandémies. En perspective, le périmètre de la couverture des risques sera élargi avec la prise en compte des inondations », déclare Moustapha Bâ qui relève : « en termes chiffrés, le Sénégal dispose de huit (8) polices d’assurance dans le cadre de l’ARC pour une couverture totale de 195 millions USD, et un décaissement total de 39 millions USD ».

« D’autres d’initiatives, appuyées par les Partenaires bilatéraux et multilatéraux

traditionnels du Sénégal, sont en cours de réalisation pour renforcer le dispositif

national existant intégrant ainsi la dimension changement climatique dans les

politiques publiques », fait savoir le ministre des Finances et du Budget. Il s’agit, entre autres :

• de l’élaboration du Rapport national sur le Changement climatique et le

Développement (CCDR) avec l’appui de la Banque Mondiale ;

• de la stratégie de financement des risques de catastrophe et ;

• de l’adhésion à l’initiative Bouclier mondial ou Global Shield, lancée par les pays

du G7 et du V20 lors de la COP27 en novembre 2022.

« Pour ce dernier point, je rappelle que la lettre d’adhésion du Sénégal a été signée et

envoyée au Secrétariat du Global Shield. Cette initiative vise à renforcer la résilience

financière des personnes et pays vulnérables face aux risques climatiques croissants.

Elle permettra de bénéficier d’appuis au titre du Fonds Fiduciaire du Bouclier mondial,

pour le renforcement du volet « adaptation/résilience » au changement climatique.

Global Shield dispose d’une dotation de 270 millions d’euros et fournit une

combinaison d’assistance technique et de soutien financier », conclut le ministre Moustapha Bâ.

Amadeus

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