Sonko invalidé par le Conseil constitutionnel : Sweet et Fin du projet…

Sonko invalidé par le Conseil constitutionnel : Sweet et Fin du projet…

Sa candidature invalidée par le Conseil constitutionnel, Ousmane Sonko médite, du fond de sa cellule, sur son sort actuel. Le terminus où l’a conduit son parcours électoral a été parsemé d’embûches et de pièges qu’il s’est créés lui-même, et qui se sont refermés sur lui. La base de ceux-ci reste ses virées nocturnes à Sweet Beauté.

Ça y est ! Ousmane Sonko ne va pas être candidat à l’élection présidentielle de février 2024. Le Conseil constitutionnel a écarté son dossier pour défaut de pièces. En effet, sur les 9 pièces requises, il n’a pu réunir que 7. N’ayant pas de fiches de parrainage, Ousmane Sonko n’a pas pu déposer la caution de 30 millions de francs Cfa. Par conséquent, il n’a pas pu joindre à son dossier l’attestation de dépôt de caution qui devait être délivrée par la Caisse des dépôts et consignations (Cdc). C’est le clap de fin d’une situation politico-judiciaire qui a tenu en haleine le pays pendant plus de 2 ans. En effet, en mars 2021, Ousmane Sonko est accusé de «viols et de menaces de mort» par Adji Sarr, une masseuse qui travaillait à Sweet Beauté. Ousmane Sonko est convoqué à la Section de recherches de la Gendarmerie pour les besoins de l’enquête. A l’époque député, il refuse de déférer à la convocation et tire sur la Justice qu’il qualifie de «bras armé du pouvoir pour écarter les opposants». Il évoque dans une vidéo très suivie sur les réseaux sociaux, son «droit constitutionnel de résister à une oppression». Son immunité parlementaire levée, Sonko appelle ses militants et sympathisants à l’accompagner au Tribunal. Il s’offre un bain de foule, occasionnant au passage un meeting politique improvisé dans les rues de Dakar. Les Forces de l’ordre lui imposent un itinéraire qu’il refuse. C’est le début des événements de mars 2021. Il est arrêté pour troubles à l’ordre public et ses partisans n’entendent pas laisser la situation en l’état. Des émeutes éclatent dans le pays, faisant craindre le pire. Des pertes en vies humaines sont déplorées, des commerces sont saccagés et l’économie mise à mal pendant que les écoles sont fermées. Le Sénégal, jadis havre de paix dans une région en proie à des violences issues majoritairement de processus électoraux, est au bord du précipice. De bonnes volontés ont initié des pourparlers et Sonko est libéré avec l’injonction de ne pas appeler à manifester. Il est en liberté provisoire. Ragaillardi par ce rapport de forces, Sonko entame une nouvelle phase de sa communication politique. Il cible majoritairement le gouvernement et la Justice. Par des messages incisifs, il attaque et profère des menaces. Accusant Mame Mbaye Niang d’avoir détourné l’argent du Prodac, il se fait citer à comparaître. Avant ce procès, il anticipe sur son verdict en affirmant que ce n’est pas ce dossier qui va l’écarter de la Présidentielle. Condamné en première instance pour diffamation à 6 mois de sursis, la peine est alourdie en Appel avec des dommages et intérêts à hauteur de 200 millions à verser à la partie civile. Sonko attaque violemment le Parquet et tire sur certains juges. Plus radical, il appelle à en «finir avec ce régime».

La date du procès pour «viols et menaces de mort» fixé, Sonko, qui a été élu entretemps maire de Ziguinchor, se retire dans le Sud. Il refuse de déférer à la convocation de la Justice et prétexte n’avoir pas reçu de notification. Après moult reports, l’affaire est retenue et Ousmane Sonko est jugé par contumace. Il est reconnu coupable de corruption à la jeunesse et condamné à deux ans de prison. Des émeutes éclatent avec un bilan lourd en pertes en vies humaines. Pendant ce temps, Sonko s’est retranché dans son domicile à Ziguinchor. C’est après qu’il décide de rallier Dakar à travers une «Caravane de la paix». Il est arrêté et ramené de force à Dakar.

A la Cité Keur Gorgui, Sonko est en résidence surveillée jusqu’au jour où il se fait arrêter pour vol à l’arraché. Depuis lors, cela fait plus de 5 mois qu’il est en prison pour 9 chefs d’accusation dont l’appel à l’insurrection. Sa condamnation par contumace a été le prétexte pour le ministère de la Justice de demander son retrait de la liste électorale. Malgré les deux décisions de Justice en sa faveur, l’administration ne l’a pas réintégré. Hier, le Conseil constitutionnel l’a définitivement écarté de la Présidentielle. L’incarnation humaine du «Projet» de l’ex-parti Pastef étant écartée, que reste-t-il de cet appareil qui a été vendu comme celui qui devait enterrer le système ?
mgaye@lequotidien.sn

Amadeus

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