CENA, DGE, CONSEIL CONSTITUTIONNEL: Qui détient le bon fichier ?
C’est un vrai tournis qui s’empare des électeurs et des candidats à moins de deux mois de la Présidentielle. Le fichier électoral, le bon, est difficile à trouver. La CENA dit ne pas encore détenir le bon document, la DGE a remis des fiches à candidat que le Conseil constitutionnel ne retrouve pas sur le fichier.
Le processus électoral en cours pour la présidentielle de 2024 n’en finit de surprendre. Réagissant à une information virale sur les réseaux qui donne le tuyau aux électeurs voulant être édifiés sur leur présence effective sur le fichier électoral, la Commission électorale nationale autonome (CENA) s’est fendue d’un communiqué qui en rajoute au trouble des candidats plaignants auprès du Conseil constitutionnel. L’information virale demande, en effet, aux électeurs de se rabattre sur le fichier en ligne sur le site web de la CENA. « La version du fichier électoral actuellement disponible sur son site n’est pas encore mis à jour relativement à l’élection présidentielle du 25 février 2024 », peut-on lire dans le communiqué diffusé le 6 janvier 2024. Le communiqué poursuit en déconseillant « fortement aux électeurs l’utilisation des informations sur le site ». Puis de préciser que « ces données, qui concerneraient les élections législatives de 2022, sont incomplètes et peuvent être erronées ». Voilà qui est suffisant pour déclencher nombre de questions sur le rôle d’arbitre de la CENA du processus électoral. D’ailleurs, l’ancienne Première ministre, Aminata Touré a saisi la balle du communiqué pour se poser exprimer son inquiétude. « De quel fichier dispose donc le Conseil Constitutionnel pour contrôler les parrainages ? Donc la CENA qui est censée superviser l’élection présidentielle du 25 février ne dispose pas encore de fichier à jour ? », écrit-elle dans un X (ex-Twitter). « C’est un véritable scandale que la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA) nous annonce qu’à moins de deux mois de l’élection présidentielle que « la version du fichier électoral actuellement disponible sur son site n’est pas encore mis à jour relativement à l’élection présidentielle du 25 février 2024 », s’indigne Aminata Touré, candidat de « Mimi 2024 ». Comme bon nombre de Sénégalais, Mimi Touré se demande « de quel fichier dispose donc le Conseil constitutionnel pour contrôler les parrainages ?. ».
A cette question, M. Mohamed Ben Diop, candidat à la présidentielle pour le moment recalé, répondrait que le fichier détenu par le Conseil constitutionnel n’est pas fiable. « C’est du jamais vu. Il a voté en 2022 lors de l’élection législative, il n’a pas changé de bureau de vote », a dénoncé Mimi Touré. Elle s’exprimait au point de presse du Collectif mis en place par 28 candidats dont Ousmane Sonko recalés faute de bons parrainages. Le « collectif des candidats spoliés » a déposé un recours.
La Cena est l’arbitre désigné pour la compétition électorale. Malheureusement , ce juge central n’a ni sifflet , ni chronomètre et ni feuille de match pour consigner les réserves. Comble d’hérésie. Si le fichier n’est pas à la CENA, encore moins, sans doute au Conseil constitutionnel, on peut bien se demander si la Direction générale des élections qui a refusé de remettre au mandataire d’Ousmane Sonko des fiches de parrainages avait un bon fichier. Mohamed Ben Diop, candidat de « Pas Pass » a franchi le cap des fiches de parrainages et du paiement de la caution à la Caisse des dépôts et des Consignations sans être, comme le lui a signalé le Conseil constitutionnel, sur le fichier. Mohamed Ben Diop de « Pass Pass » partage le même « sort » que Sonko de ne pas être sur le fichier, mais a il a eu la baraka de recevoir ses fiches de parrainages et son attestation de paiement de la caution. Peut-on refuser à Ousmane Sonko ses fiches de parrainage avec le mobile qu’ il n’est pas dans le fichier électorale et en donner à Mohamed Ben Diop qui lui aussi n’est pas dans le fichier. Ce qui nous amène à nous demander si la DGE et le Conseil Constitutionnel ont le même fichier.
De toutes façons, compte tenu de tous ces impairs, ne faudrait-il pas s’arrêter un moment et permettre au Conseil Constitutionnel de repartir sur de bons pieds en revoyant sa copie ?