Double nationalité du candidat de wallu: Karim Wade pris la main dans le sac
L’indécision au sujet de la candidature de Karim Wade à la Présidentielle est loin d’être levée. Pis, le numéro 13 du Journal officiel de la République française, publié hier, vient de révéler que le candidat de « Wallu » n’avait pas tout dit au sujet de sa nationalité. En réalité, Karim Wade a franchi toutes les étapes du processus de validation de sa candidature alors qu’il est français. Comme quoi, Karim Wade perd quasiment la première manche de son duel avec Thierno Alassane Sall, auteur de réclamations au sujet de sa nationalité devant le Conseil constitutionnel.
« C’est gâté pour Karim Meïssa Wade ! » Cette boutade bien en vogue colle, visiblement, à merveille, au candidat de la coalition Wallu. Malmené depuis quelque temps sur sa « nationalité » française, Karim Wade n’en a été déchu qu’ avant hier seulement, 16 janvier 2024. C’est du moins ce que l’on peut constater dans l’édition numéro 13 du 17 janvier 2024 du « Journal officiel » de la République française. Cette édition du J.O. français n’est plus un mystère pour personne notamment sur la toile où elle devenue virale. La polémique qui a agité la classe politique jusqu’à hier a pris un gros coup accélérateur. La clameur sur la binationalité du candidat Karim Wade a été relancée par le député et candidat Thierno Alassane Sall. Inscrit encore sur le fichier électoral dans la commune de Versailles en France, Karim Wade devra donc produire les documents prouvant qu’il s’est départi de la nationalité française. « C’est une question de principe. Ça n’a rien de personnel », se justifie Thierno Alassane Sall. Et pour joindre l’acte à la parole, l’ex-ministre a demandé au Conseil constitutionnel de réexaminer la validité de la candidature de Karim Wade. Comme pour battre le fer alors qu’il est encore chaud, le fils du président Wade a réagi sur X, ex-twitter. « Le mandataire de la coalition K24, Maguette Sy vient de déposer à l’instant, auprès du Conseil constitutionnel, la copie de la preuve attestant de la perte de la nationalité française par renonciation. La fausse polémique sur ma nationalité française est définitivement réglée », écrit-il. Il poursuit : « Concentrons-nous sur les vraies priorités et les nombreuses attentes des Sénégalais et de notre jeunesse ! » Wade-fils conclut son message par une note d’humour à l’endroit de Thierno Alassane Sall qu’il dit remercier « de m’avoir informé que j’étais encore inscrit sur les listes électorales en France, pays où je n’ai jamais voté ». Ce trait d’humour n’éteint en rien la polémique. La révélation du Journal officiel français suscite moult questions et des certitudes.
Karim fraîchement déchu
Nombreux sont ceux qui avouent que le candidat de « Wallu » a été fraichement déchu de sa nationalité française, alors que la constitution sénégalaise exige aux candidats à la Présidentielle d’être « exclusivement de nationalité sénégalaise ». Pourtant, le 23 décembre dernier, Karim Wade lui-même, sans doute, enthousiaste, lançait sur sa page Facebook : « Je suis heureux de vous annoncer que mon dossier de candidature à l’élection présidentielle du 25 février prochain a été déposé aujourd’hui au Conseil constitutionnel. Un pas de plus, ensemble, vers un avenir meilleur pour le Sénégal ». Autant dire qu’en sacrifiant à cette formalité, Wade-fils savait bien qu’il n’était pas encore « exclusivement sénégalais ». Il était tout conscient de son statut lorsque son mandataire Maguette Sy se voyait ouvrir les portes de la Direction générale des élections (DGE) où le patron Thiendella Fall a opposé un niet catégorique à Ayib Daffé venu retirer les fiches de parrainages pour son candidat Ousmane Sonko au motif qu’il a été radié des listes électorales. Fort de l’implantation nationale du Parti démocratique sénégalais (PDS), Karim Wade franchit le cap de la collecte et même du contrôle des parrainages. Il y en a qui remontent le temps et s’exclament du fait qu’en 2019, Karim Wade aurait pu être président de la République alors qu’il est encore français. L’ancien ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures de l’équipe formée par Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, en mai 2009, qui s’est fendu d’une déclaration à l’allure péremptoire sur sa nationalité exclusivement sénégalaise a été rattrapé au mauvais moment. Il met également dans l’embarras son oncle Doudou Wade, ancien Groupe parlementaire Liberté et Démocratie sous Wade. « Me Moussa Diop est juriste. Il se dit avocat. Je ne pense pas qu’il soit un avocat des frontières. Il sait que Karim Wade est binational. Il est venu avec ces deux attributs au moment de sa naissance : père sénégalais et mère française », a précisé Doudou Wade. C’était aussi l’angle de réplique du Président Abdoulaye Wade dans une longue tribune.
C’est, en effet, Me Moussa Diop, aujourd’hui incarcéré, qui a, le premier soulevé la polémique. Invité par le groupe Emedia, l’ex-DG de Dakar Dem Dikk soutenait mordicus que « Karim Wade ne doit pas et ne peut être candidat au Sénégal ».
Cette récusation de la nationalité de Karim Wade rappelle celle d’Abou Lô, éphémère ministre de la Communication du premier gouvernement de Macky Sall et du PM Abdoul Mbaye. Quelque 6 mois après avoir été nommé ministre, Abou Lô a essuyé une violente attaque de l’ancien ministre d’Abdoulaye Makhtar Diop, alors député, au cours de la déclaration de politique générale du nouveau PM. Député non-inscrit, Abdoulaye Makhtar Diop avait évoqué l’article 16 de la constitution à propos de la nationalité d’un membre du gouvernement ayant acquis une nationalité étrangère et qui, « de facto perd la nationalité sénégalaise et ne doit pas occuper des fonctions ministérielles. » Présenté comme un renégat du fait de sa « double nationalité », le ministre de la Communication Abou Lô avait alors répliqué aux accusations d’Abdoulaye Makhtar Diop estimant, dans les colonnes de « L’Observateur » avoir « clos ce débat ». Puis, il enchaîne : « Le moment où je sentirai la nécessité de faire une réaction, je le ferai. Maintenant, s’il y a des Sénégalais qui ont des problèmes pour cela, ils n’ont qu’à s’adresser à celui qui m’a nommé ministre (le Président Macky Sall, Ndlr) ».
Abou Lô avait fini par être débarqué pour être nommé ensuite comme DG de l’ARTP.