Dénouement de la crise aux Ics : Près de 3 milliards F pour avoir la paix sociale
Il a fallu mettre la main à la poche pour régler les revendications des travailleurs des Ics, en grève depuis quelques jours. La Direction de la boîte a débloqué 2, 850 milliards pour prendre en compte les doléances des employés.
C’est la fin d’un feuilleton. Devant le Gouverneur de la région de Thiès, Oumar Mamadou Baldé, un accord a été scellé entre les délégués syndicaux et la Direction générale des Industries chimiques du Sénégal (Ics). Une convention étalée sur 3 ans à partir de janvier 2023. La société minière va débloquer 2, 850 milliards de F Cfa sur les 3 ans, pour prendre en charge les incidences financières.
Pour rappel, c’est suite à l’échec de la médiation des autorités administratives entre la Direction générale et les représentants des travailleurs autour de la plateforme revendicative déposée le 22 septembre 2022, que l’Intersyndicale des employés des Ics avait décrété un mot d’ordre de grève d’une semaine renouvelable à compter du lundi 22 jusqu’au lundi 29 janvier 2024. Du coup, le géant indien de la chimie a enregistré des pertes d’une valeur de près de six milliards F Cfa, faute de production.
Les travailleurs des Industries chimiques du Sénégal (Ics), en désaccord avec la Direction générale après un an de négociations pour de meilleures conditions de travail, notamment une augmentation des salaires, s’étaient résolus à mettre à exécution leur menace de bloquer les activités de l’usine, 7 jours durant. Une semaine de grève qui équivaudrait à d’importantes pertes d’une valeur estimée à près de 6 milliards F Cfa, soit la rondelette somme revendiquée par les grévistes et mentionnée dans leur plateforme revendicative, couvrant leurs besoins liés à l’amélioration de leurs conditions de travail, des salaires, à l’investissement sur le capital humain.
Les responsables syndicaux de l’Intersyndicale des travailleurs des Industries chimiques du Sénégal (Ics), Cheikh Tidiane Diène et Ousmane Ndiaye, évoquant les raisons d’une telle décision, remarquent : «Notre plateforme revendicative était déposée sur la table de la direction depuis le 22 septembre 2022. Ces négociations nous ont valu une année. Nous avons d’abord fait une négociation bipartite, avant de nous en ouvrir à l’Inspection du travail qui, à l’issue de son arbitrage, a produit un Pv de non-conciliation. Car, alors que notre demande s’arrête à 6 milliards 288 millions, la direction ne nous propose que 2 milliards. Ce que nous rejetons. Nous avons alors déposé un préavis de grève le 29 novembre, qui a expiré le 29 décembre dernier.»
Dans l’unité, la solidarité, la discipline en vue de vaincre, l’Intersyndicale des travailleurs des Ics avait appelé l’ensemble des concernés, toutes catégories confondues, à «suivre scrupuleusement le mot d’ordre», à «la vigilance, à l’engagement, à la détermination et la persévérance de toutes et de tous pour la victoire finale», et a exhorté l’Etat à «prendre toute ses responsabilités par rapport à un effet négatif pour la rentrée de devises».
Performances
«Toutes les crises des Ics sont dues à des défauts de management», remarquent Cheikh Tidiane Diène et Ousmane Ndiaye, qui rappellent que «depuis le 22 septembre 2022, l’intersyndicale avait soumis une plateforme revendicative à la Direction générale, avec comme axes principaux la revalorisation de notre traitement salarial (après plusieurs années de stagnation) et la mise en place d’une organisation adéquate pour la pérennisation et la croissance de notre chère entreprise au profit de toutes les parties prenantes dans un partenariat gagnant-gagnant». Ils soutiennent : «Après la réhabilitation de nos installations, de 2016 à nos jours, la production n’a cessé de croître jusqu’à atteindre 560 mille tonnes de P2O5 en moyenne depuis quatre (4) ans.» Ceci signifie, selon eux, que «nous sommes à la limite des capacités de nos installations. En 2017 et 2018, nous avons fait respectivement 97, 8 et 109% des budgets fixés. Et malgré les mauvais choix techniques qui nous avaient valu des pertes de production de l’ordre de cent vingt mille tonnes (120 000 t) de P2O5 entre 2019 et 2020, nous sommes à une moyenne de réalisation de 93, 9% des objectifs sur les quatre ans malgré un manque d’effectifs notoire et un défaut d’organisation».
Des performances obtenues grâce à «l’engagement et au dévouement des travailleurs», soulignent les travailleurs, qui remarquent que «les résultats évoqués ci-dessus, tant salués par tous les partenaires de l’entreprise et notre ministre de tutelle lors de ses passages à l’Assemblée nationale, nous ont valu les félicitations du Président du conseil d’administration du groupe Indorama, M. Prakash Lohia». Aussi de poursuivre : «De 2014 à 2021, l’entreprise a généré un chiffre d’affaires cumulé de plus de 1400 milliards de francs Cfa alors que l’investissement cumulé sur le capital humain ne s’élève qu’à 1 milliard 800 millions de francs Cfa, soit 0, 12% en valeur relative.»
Correspondant