États-Unis: le ministre chargé de l’Immigration inculpé par les Républicains à la Chambre des représentants
Ce mardi 13 février, les républicains, majoritaires de peu à la Chambre américaine des représentants, ont inculpé Alejandro Mayorkas, le ministre du président Joe Biden chargé de l’Immigration, l’accusant d’avoir provoqué une crise à la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Cette inculpation d’un ministre est une première en 150 ans de vie politique américaine.
Alejandro Mayorkas est « l’architecte en chef de la catastrophe », a accusé Mike Johnson, le chef républicain de la Chambre des représentants, qui a tranché sur le sort du ministre de 64 ans en début de soirée, mardi 13 février. Et l’impeachment du ministre de Joe Biden a été adopté de justesse à 214 voix contre 213. C’est la première fois en près de 150 ans que le Congrès décide d’une telle sanction contre un ministre.
Joe Biden a rapidement réagi, en dénonçant, dans un communiqué, un « acte flagrant de politique politicienne qui a pris pour cible un honorable serviteur de l’État ». « Au lieu d’organiser des mascarades de ce genre, les républicains qui se préoccupent réellement de la frontière devraient demander au Congrès davantage de ressources et de renforcer la sécurité aux frontières », a encore fustigé le président démocrate.
Les conservateurs avaient déjà tenté de l’inculper, mais avaient manqué leur coup d’une poignée de voix, lors d’un vote humiliant pour eux. Le 2 février 2024, l’état-major républicain pensait avoir un nombre suffisant de voix pour remporter ce vote, mais avait été pris de court par l’arrivée surprise dans l’hémicycle d’un élu démocrate, Al Green, pourtant en convalescence en raison d’une opération à l’abdomen.
Un casse-tête pour Joe Biden
Les chances qu’Alejandro Mayorkas soit démis de ses fonctions à l’issue de cette procédure de destitution sont extrêmement faibles, mais la situation n’en reste pas moins un casse-tête pour Joe Biden, à moins de neuf mois de la présidentielle. L’immigration s’est imposée comme un des sujets phares de la campagne pour la présidentielle de novembre. Les républicains, pour la plupart proches de l’ancien président Donald Trump à la rhétorique très anti-immigration, accusent le président démocrate d’avoir laissé les États-Unis se faire « envahir », prenant pour exemple le chiffre record de migrants arrêtés à la frontière, 302 000 en décembre.
La dernière inculpation d’un ministre par le Congrès remonte à 1876. Le ministre de la Guerre, William Belknap, accusé de corruption, avait démissionné avant la fin de la procédure de destitution. La Constitution américaine prévoit que le Congrès peut destituer le président, un ministre, ou des juges fédéraux en cas de « trahison, corruption ou autres crimes et délits majeurs ». Le Sénat, chambre haute du Congrès, aura donc à faire le procès du ministre. Au terme des débats, les 100 sénateurs voteront sur chaque article. Il faut une majorité de deux tiers pour condamner, auquel cas la destitution est automatique et sans appel. Dans le cas contraire, Alejandro Mayorkas sera acquitté. Le Sénat étant actuellement aux mains des démocrates, la destitution du ministre est très improbable.