L’Équateur renonce à livrer du matériel militaire soviétique aux États-Unis
Le président Daniel Noboa jeudi 8 février 2024 a déclaré qu’il pensait échanger du matériel militaire russe qualifié d’« obsolète » pour 200 millions de dollars d’armes américaines. La réaction de Moscou menaçant les exportations équatoriennes de bananes et de fleurs a rapidement dissuadé Quito de poursuivre dans cette voie.
On ne fâche pas la Russie impunément. L’Équateur vient de l’apprendre à ses dépens. La décision du président Daniel Noboa avait tout pour déplaire à Moscou : réexporter des armes russes vers les États-Unis sans son approbation d’abord, la possibilité que ce matériel soit finalement remis à l’Ukraine ensuite et le fait d’en parler comme de la « ferraille » finalement. En échange, de six hélicoptères, de lance-roquettes à longue portée et de systèmes de défense antiaérienne, l’Équateur devait recevoir des armes américaines pour faire face dans la guerre que l’État mène face aux gangs criminels liés an narcotrafic.
Un enchainement d’erreurs diplomatiques et politiques de Quito, selon l’analyste politique et professeur à l’université andine Simon-Bolivar, Gustavo Isch : « Les autorités ont menti en disant que le matériel russe n’était que de la ferraille alors qu’il est opérationnel. Cela pourrait être contesté par le contrôleur de l’État… et si ce matériel part en Ukraine, cela pourrait impliquer l’Équateur dans un conflit international ».
« Le gouvernement a été très mal conseillé »
Très vite, Moscou a réagi en bloquant la certification de cinq grandes compagnies équatoriennes exportatrices de bananes et en s’attaquant aussi aux exportations de fleurs, sous un prétexte phytosanitaire. La Russie est le premier acheteur de bananes de l’Équateur, couvrant plus de 20% des exportations du pays, un fait que le gouvernement de Quito semblait avoir oublié. « Le gouvernement a été très mal conseillé, pointe Gustavo Isch. Le président Daniel Noboa appartient de surcroît à une famille qui a de très gros intérêts dans l’exportation de banane. La Russie a réagi très rapidement et a trouvé au Vietnam et en Inde des producteurs prêts à vendre les bananes que Moscou ne voulait plus acheter en Équateur ».
Une réalité que Quito a finie par reconnaître lundi 19 février en annonçant que la réexportation de matériel militaire russe n’était plus à l’ordre du jour. « L’Équateur n’enverra aucun matériel de guerre à un pays impliqué dans un conflit armé international », a assuré devant une commission parlementaire la ministre des Affaires étrangères, Maria Gabriela Sommerfeld.