Libération des détenus : SALL PLAIDOIRIE DE AÏSSATA

Libération des détenus : SALL PLAIDOIRIE DE AÏSSATA

Dans un contexte politique tendu et face à une vague de libération de prisonniers suscitant diverses interrogations, Me Aïssata Tall Sall, Garde des sceaux, ministre de la Justice, affirme que les dossiers des personnes élargies ont été étudiées et traitées au cas par cas par les juges d’instruction. Elle a tenu une conférence de presse hier pour, dit-elle, clarifier la situation et rétablir la vérité.

Entourée de hauts fonctionnaires du ministère de la Justice dont le ministre en charge de la Promotion de la bonne gouvernance et des droits humains, ainsi que plusieurs procureurs de Dakar dont Abdou Karim Diop, Me Aïssata Tall Sall a exposé avec minutie les motivations derrière ces libérations massives, qui ont secoué l’opinion nationale. 344 personnes détenues à Dakar, du fait d’actions liées à des activités politiques, ont été libérées, en attendant un nombre de 272, qui bénéficieront du même traitement, les prochains jours.

Dans son allocution, la ministre a mis en avant le sérieux de l’approche adoptée, soulignant que chaque décision de libération a été prise après un examen minutieux des dossiers par les procureurs, en conformité avec la loi. Elle a insisté sur le fait qu’aucune libération n’a été arbitraire et que chaque cas a été évalué individuellement. «Il n’y a pas eu de porte ouverte ou de façon massive. Chaque dossier a été étudié. Les procureurs ont étudié le profil pénal de la personne. Ils ont pesé la gravité des actes qui ont conduit cette personne en prison et se sont dit : «Pour cette personne-là, oui je pense que…» Pour aller dans le sens de l’apaisement souhaité par le Président, nous pensons qu’elle mérite d’être libérée. Donc, il n’y a jamais eu de libération massive. Il n’y a jamais eu de libération à la tête du client. Il n’y a pas de libération arbitraire», a déclaré Aïssata Tall Sall, devant une forêt de micros.

La ministre de la Justice, Garde des sceaux a souligné l’importance cruciale de préserver la stabilité sociale et nationale dans un pays où l’échéance présidentielle se profile à l’horizon. C’est dans ce contexte que le président de la République, Macky Sall, dit-elle, a donné instruction de prendre toutes les mesures nécessaires pour apaiser l’espace public. Une décision qui s’est traduite par une série de libérations, s’inscrivant dans une démarche visant à désengorger les prisons et à lutter contre les longues détentions. «J’avais dit à l’époque que deux sujets m’importent et que j’allais y travailler avec ardeur, avec conséquence. Le premier, c’est d’abord de désengorger les prisons. Le deuxième, c’est de lutter contre les longues détentions», a-t-elle précisé d’emblée.

En réponse aux critiques concernant d’éventuelles libérations «sélectives», Me Aïssata Tall Sall a affirmé que seuls les critères objectifs figurant dans les dossiers ont été pris en compte. Elle a également rappelé que les libérations étaient provisoires, soulignant que la Justice continuera son travail jusqu’à ce que des jugements définitifs soient rendus. «Rien de ce qui a été fait, pendant ces jours», ne l’a été «en contravention de la loi pénale au Sénégal. Je rappelle que ces libérations sont des libertés provisoires. Ce n’est pas encore tout à fait fini. Apaisement oui, mais apaisement en respectant nos procédures, en respectant nos lois. Que personne ne s’avise à penser que l’aventure s’arrête là. J’ai aussi entendu dire oui, seules les personnes illustres ont été libérées, on a laissé les anonymes. Une autre affirmation que je voudrais réfuter. Parmi les gens qui ont été libérés, la seule chose qui nous importe, ce sont les éléments objectifs figurant dans le dossier qui méritent que la personne soit libérée», a-t-elle réfuté vigoureusement,  tout en insistant sur le caractère non politique des délits ayant conduit à l’incarcération des individus concernés. Cependant, la Garde des sceaux a réaffirmé l’engagement du gouvernement sénégalais en faveur de l’Etat de Droit et de la Justice impartiale. «Je voudrais finir pour vous dire que la Justice au Sénégal est au service de la paix, parce qu’elle est pour le maintien de l’ordre public. Et quand l’ordre public est perturbé, plus personne n’est en paix. Quand l’ordre public est perturbé, nos propres libertés sont menacées… Et comme on le dit communément, la Justice agit et elle passe. Voilà la Justice du Sénégal. Voilà ce qui s’est passé ces jours-ci», fait-elle savoir.

Amadeus

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