Guerre à Gaza: l’UNRWA a atteint un «point de rupture», selon son commissaire général
L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a atteint un « point de rupture », a mis en garde jeudi 22 février son patron Philippe Lazzarini, dans une lettre au président de l’Assemblée générale de l’ONU.
Le conseiller général de l’Agence pour les réfugiés palestiniens a prévenu ce jeudi que l’UNRWA avait atteint « son point de rupture », alors que justement une enquête interne et un audit externe viennent d’être lancés. « C’est avec un profond regret que je dois aujourd’hui vous informer que l’Agence a atteint un point de rupture, avec les appels répétés d’Israël à son démantèlement et le gel des financements de donateurs face à des besoins humanitaires à Gaza sans précédent », a indiqué Philippe Lazzarini, dans cette lettre publiée sur X (ex-Twitter). « La capacité de l’Agence à remplir son mandat donné par la résolution 302 de l’Assemblée générale est désormais gravement menacée », a-t-il ajouté.
De son côté, à l’ONU, le secrétaire général de Médecins sans frontières (MSF) s’en est également pris aux États-Unis. Le patron de l’ONG n’a pas mâché ses mots et s’est dit « consterné » par les vetos américains successifs « alors que les civils meurent » à Gaza. Selon lui, ce veto est un travail de sape des humanitaires sur le terrain, rapporte notre correspondante à New-York, Carrie Nooten.
Une enquête interne a été lancée
Selon Philippe Lazzarini l’UNRWA, créée en 1949 et qui emploie plus de 30 000 personnes dans les territoires occupés palestiniens, au Liban, en Jordanie et en Syrie, a « atteint son point de rupture ». Elle ne pouvait plus remplir ses mandats à cause des bombardements à Gaza. Ses fonds sont désormais à sec. Les accusations d’Israël concernant douze de ses salariés actifs lors de l’attaque du 7 octobre ont fait fuir les principaux donateurs. Si « jusqu’à maintenant, aucune preuve n’a été partagée par Israël avec l’UNRWA », seize pays ont suspendu leur financement, pour un total de 450 millions de dollars, a précisé Philippe Lazzarini, prévenant que les opérations de l’agence à travers la région « vont être gravement compromises à partir de mars ».
« Je crains que nous soyons au bord d’une catastrophe monumentale avec des graves implications pour la paix, la sécurité et les droits humains dans la région », a-t-il ajouté. Faute de preuves dans un sens ou un autre, tout reste gelé. L’ONU s’est immédiatement séparée des employés accusés et une enquête interne a été lancée. Elle espère débloquer la situation grâce à un audit externe mené par l’ancienne cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna.
L’UNRWA, la colonne vertébrale de l’aide humanitaire
Dans ce contexte, l’objectif de la mission « délicate » du groupe indépendant est de permettre aux donateurs de « retrouver confiance », a indiqué jeudi lors d’une conférence de presse Catherine Colonna. L’audit doit déterminer d’ici fin avril si la neutralité de l’UNRWA a été corrompue de manière générale depuis le début du conflit. « Mon but est de remettre un rapport rigoureux, basé sur des preuves et qui aidera l’UNRWA à accomplir son mandat », a-t-elle insisté, précisant qu’elle prévoyait de « faire des recommandations » dans le rapport final. En parallèle, l’enquête interne, elle, confirmera ou non la responsabilité supposée des douze salariés de l’agence pointés du doigt.
Les plus hauts responsables de l’ONU ne cessent de répéter que l’UNRWA n’est pas remplaçable à Gaza, où elle est la colonne vertébrale de l’aide humanitaire. Alors que « pendant des décennies », cette agence principalement humanitaire « a comblé le vide créé par l’absence de paix ou même de processus de paix », Philippe Lazzarini a réclamé le « soutien politique » de l’Assemblée générale de l’ONU pour permettre la survie de l’UNRWA et une « transition vers une solution politique attendue depuis longtemps », ainsi qu’une réforme de son mode de financement, basé principalement sur des contributions volontaires.
FRI