États-Unis: la bataille électorale sur l’immigration est lancée
C’est devenu un sujet majeur de la campagne présidentielle aux États-Unis. Comme à chaque scrutin, les deux principaux candidats s’affrontent sur la question migratoire. Jeudi 29 février, Joe Biden, le président démocrate sortant, et Donald Trump, le candidat républicain, vont au Texas, mais pas au même point de passage, pour évoquer la crise à la frontière. Une crise dont nos envoyés spéciaux ont eu un aperçu dans le comté de Yuma, dans le sud de l’Arizona, près de la frontière mexicaine.
Dans le comté de Yuma, le nombre de personnes appréhendées par la police aux frontières est en baisse par rapport à l’an dernier. Mais tous les jours, de nouveaux migrants, demandeurs d’asile ou non, traversent la frontière illégalement. Fernando Quiroz, membre d’une coalition d’ONG locales, leur apporte à boire et à manger.
Nous longeons avec lui la barrière construite sous Donald Trump : « Mais regardez où nous en sommes ! Regardez les chiffres que nous avons. Ce n’est pas la faute de Joe Biden. Le monde connaît le chaos, la guerre, la pauvreté, la corruption. Avec tout ça, les gens cherchent à partir. Ils viennent, malgré ce mur. Ce mur pour lequel l’administration Trump a mis Dieu sait combien. Est-ce qu’il a empêché les gens de venir ? Non ! »
Joe Biden essaie, au Texas, de reprendre le contrôle du discours sur l’immigration. Un discours qui est accaparé par le camp républicain, lequel critique l’actuel président américain. Dans l’Arizona, l’ancien responsable du Parti républicain, Jonathan Lines, ironise sur le fait qu’une partie de la barrière frontalière qui jouxte le comté agricole de Yuma a été érigée sous le président Biden : « Plus de 700 000 personnes ont franchi la frontière ici depuis que Biden a pris ses fonctions. Que faisons-nous de 700 000 personnes ? J’ai parlé à des maires démocrates et aux membres du Congrès. L’un d’eux, le sénateur Kelly, m’a aidé à terminer le mur, ici-même. Tout ça, c’est grâce à Biden, alors que le président avait dit qu’il n’ajouterait pas un mètre au mur de Trump. Mais nous avons réussi à fermer cette zone aux personnes qui entraient directement dans la ville, dans les maisons des gens, et aussi sur les terrains agricoles. C’est une question de sécurité alimentaire et de sécurité nationale. »
Mais la frontière est loin d’être hermétique en Arizona. Plusieurs centaines de mètres sont dépourvus de barrières, car ils longent une réserve indienne inviolable. La situation profite politiquement au camp républicain. Mais ce que l’on a pu constater sur place, c’est qu’elle profite aussi aux réseaux criminels mexicains, dont les proies sont d’abord et avant tout les migrants et leurs familles.