Côte d’Ivoire: Laurent Gbagbo inéligible, mais seul capable de mener le combat politique?
Retour sur la candidature de Laurent Gbagbo à la présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire. Samedi 9 mars, le comité central du Parti des Peuples africains (PPA-CI) a désigné son leader et ancien chef de l’État pour porter ses couleurs l’an prochain. Pour le PPA-CI, Laurent Gbagbo est donc aujourd’hui le seul capable de mener cette bataille politique alors qu’il est pourtant inéligible.
Pourquoi miser sur un leader pour l’instant radié des listes électorales ? Terminer « une symphonie inachevée », c’est la volonté du PPA-CI indique Jean-Gervais Tchéidé, le secrétaire général du parti qui balaye l’inéligibilité actuelle de Laurent Gbagbo, condamné en 2018, gracié et non amnistié en 2022 par le président Alassane Ouattara. Le PPA-CI doit prochainement organiser une convention pour formaliser cette décision.
C’est une « décision politique » estime Jean-Gervais Tchéidé. « Son nom ne figure pas sur la liste électorale, donc il n’est pas éligible, nous savons tous que la condamnation pour le braquage de la BCEAO qu’on brandit comme étant la raison pour laquelle il est privé de ses droits, est une condamnation purement politique. »
Si sa candidature à la présidentielle est validée, Laurent Gbagbo aura 79 ans en 2025 et son âge n’est pas un problème, estime le secrétaire général du PPA-CI. « Nous avons un président de la République qui a plus de 80 ans, nous ne faisons pas cas de cela, nous regardons le travail qu’il fait, nous jugeons sa gouvernance et non son âge. »
Laurent Gbagbo, « candidat naturel » du parti
Pour le parti, Laurent Gbagbo est donc le candidat naturel légitime. Un candidat choisi pour gagner l’élection présidentielle, indique Jean-Gervais Tchéidé. « Il s’agit d’aller à cette compétition pour gagner et puis dérouler notre programme qui a été interrompu en 2002 par la rébellion. »
Pour le politologue Sylvain N’Guessan, « Laurent Gbagbo est le seul qui ait la carrure pour emporter une élection présidentielle face à des candidats comme Alassane Ouattara et Tidjane Thiam ». « Seul Laurent Gbagbo est capable d’affronter ces dinosaures-là et donc il est mieux de s’aligner derrière lui et d’en faire ce qu’ils appellent leur candidat naturel, ajoute Sylvain N’Guessan. Et la deuxième raison, c’est que certains disent qu’en raison du coup de force de 2002, de la longue crise qui s’en est suivi, Laurent Gbagbo n’a pas exécuté le programme qu’il allait porter au pouvoir. Et donc, ce serait une sorte de continuité de la mise en place de leur programme, là où il y a eu une rupture à partir de septembre 2002. »
À plus d’un an du scrutin, ni Tidjane Thiam, président du PDCI, ni le chef de l’État Alassane Ouattara ne se sont prononcés sur leur éventuelle candidature. Laurent Gbagbo est donc le premier à officialiser sa volonté de briguer la présidence de la République.