Présidentielle : Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye entrent en campagne
Le leader du Pastef et son bras-droit, candidat à la présidentielle du 24 mars, se sont exprimés pour la première fois depuis leur sortie de prison. Ils entameront dès samedi leur tournée à travers le Sénégal.
« Sonko, tu nous as manqué ! » Les cris de joie fusent dans les rues de Dakar, vendredi soir, alors que l’opposant vient de s’exprimer pour la première fois depuis sa libération. Le fondateur des Patriotes africains pour le travail, l’éthique et la fraternité [Pastef, dissous en juillet dernier] est sorti de prison dans la nuit de jeudi aux côtés du secrétaire-général du parti, Bassirou Diomaye Faye. C’est ce dernier qui portera « le projet » patriote devant les urnes, dimanche 24 mars, Ousmane Sonko ayant vu sa candidature rejetée par le Conseil constitutionnel.
Mais comme leurs proches ne cessent de le rappeler, « Sonko, c’est Diomaye ». C’est donc côte à côte que les deux hommes ont choisi de s’exprimer, lors d’une conférence de presse convoquée vendredi après-midi. Celui que ses partisans aiment à appeler « Pros », pour « Président Ousmane Sonko », a débuté les hostilités.
Sonko mise sur une victoire au premier tour
Il s’est longuement exprimé en wolof – à l’exception d’un court passage en français au sujet du franc CFA – pour donner sa version des évènements qui se sont déroulés en son absence. Arrêté en juillet dernier, il a été libéré, comme son bras-droit, à la faveur d’une loi d’amnistie que ses députés ont refusé de voter. « Mon objectif, c’est d’aider à gagner l’élection. La vraie victoire, elle sera à la fin de notre premier mandat », a assuré l’opposant, qui a prédit une large victoire de son camp au premier tour, à 60 % au moins.
« J’invite tous les Sénégalais à sécuriser le vote », a-t-il insisté, appelant ses sympathisants à retirer au plus vite leurs cartes d’électeurs et à voter massivement. « Aucune élection présidentielle n’est gagnée d’avance », a prévenu Bassirou Diomaye Faye, qui s’est exprimé, plus effacé, à la suite de son aîné. « Macky Sall n’est pas notre adversaire. Le plus grand danger de ce pays, c’est Amadou Ba », a taclé Ousmane Sonko, en référence au candidat de la majorité. L’opposant a également exprimé des doutes quant à l’intégrité du Conseil constitutionnel, qu’il accuse d’avoir rejeté sa candidature injustement.
Dans la cour de l’hôtel Azalai, où la conférence de presse étaient organisée, de nombreux partisans suivaient son allocution en direct, et patientaient dans l’espoir d’apercevoir leur « leader » à sa sortie. « Je suis venu saluer le président Ousmane Sonko. C’est un véritable panafricain qui lutte pour son pays et la démocratie et contre l’injustice », s’enthousiasme Mamadou Lamine Conté. Cet étudiant de 24 ans dit avoir ressenti une joie « inexplicable » à la libération de son leader. Il prévoit naturellement de voter Bassirou Diomaye Faye : « Nous faisons confiance à Ousmane Sonko. S’il nous dit de lui faire confiance, cela nous suffit ».
« On nous accuse de manipuler la jeunesse, mais le peuple sénégalais est assez mature pour savoir qu’il veut élire », a assuré Ousmane Sonko. Il s’est longuement expliqué sur sa position vis-à-vis de la loi d’amnistie adoptée le 6 mars par les députés, que son parti a un temps hésité à voter. « J’ai demandé aux députés de ne pas voter le texte si son champ d’application n’était pas clair », a-t-il précisé.
Et si Ousmane Sonko a reconnu l’existence de discussions avec le pouvoir, il a réitéré son opposition au report du scrutin présidentielle, bien que celui-ci aurait peut-être pu lui permettre d’être en lice pour l’élection.
« Nous refusons l’impunité »‘
« Il n’y a eu aucune contrepartie contre ma libération », a-t-il répété. « Il n’y aura pas de vengeance, mais il y aura de la justice », a promis Ousmane Sonko. « Nous n’avons pas le temps pour une chasse aux sorcières, mais nous refusons l’impunité », a-t-il insisté, sous les hourras de ses partisans.
« Il y a trop d’injustices dans ce pays, de mal-gouvernance, de corruption. C’est parce qu’Ousmane Sonko se bat contre ce système qu’il a tant souffert, et c’est pour ça que nous l’aimons », glisse Mamadou Seck. Le militant de 31 ans avait fait le déplacement depuis les Parcelles-Assainies, dans la banlieue dakaroise, pour accueillir l’opposant à son domicile de Keur Gorgui, jeudi soir. Il était aussi présent le lendemain pour suivre la caravane de la coalition.
La liesse qui s’était emparée des partisans de Sonko, vendredi soir, n’est pas retombée dans les rues de Dakar 24 heures plus tard, où la caravane de la coalition « Diomaye Président » a été accueillie sous les hourras et au son des vuvuzuelas. « Ousmane Sonko nous a donné ses indications. À présent, nous allons battre campagne pour lui », insiste le militant.
Après une caravane organisée vendredi soir dans la Médina de Dakar, la campagne doit se poursuivre dès samedi dans le fief d’Ousmane Sonko, à Ziguinchor, en Casamance. « La campagne a déjà commencé, et de manière victorieuse. Nous arrivons en renfort pour remporter l’élection dès le premier tour. Nous n’envisageons aucune autre alternative », a fait savoir Bassirou Diomaye Faye. Pour les deux hommes, cette campagne électorale ne fait que commencer – et elle s’achèvera dans une semaine seulement, vendredi à minuit