Forum mondial de l‘économie sociale et solidaire / Dialogue : Face à Barthélémy Dias, Macky Sall tend la main aux Maires
Le Président de la République a présidé, ce jeudi, la cérémonie d’ouverture de sixième édition du Forum mondial de l’économie sociale et solidaire. Lors de son discours, Macky Sall a appelé à une meilleure collaboration entre l’État et les dirigeants des collectivités territoriales. La notion dialogue est d’ailleurs revenu très souvent dans son discours : “Ce dialogue me paraît indispensable, parce qu’à l’évidence l’Etat ne peut tout faire à lui seul ; mais sans lui, ses démembrements que sont les villes, communes et autres collectivités et gouvernements locaux ne pourraient rien faire”.
“D’où la nécessité d’instaurer et maintenir un dialogue constructif dans la mobilisation des moyens d’action au bénéfice des populations cibles”, a-t-il poursuivi.
l’intégralité de son discours prononcé à l’occasion.
“Au nom du Sénégal, je voudrais saluer nos hôtes et les remercier d’avoir bien voulu répondre à notre invitation en prenant part à cette 6e édition du Forum mondial de l’économie sociale et solidaire, qui se tient pour la première fois en terre africaine.
A toutes et à tous je souhaite la bienvenue et un agréable séjour parmi nous. Je me réjouis, à plus d’un titre, de présider cette cérémonie.
D’abord, en tant qu’ancien Maire, je mesure le rôle crucial de l’économie sociale et solidaire comme instrument de lutte contre la pauvreté et la marginalisation sociale.
Ensuite, de par cette expérience à la base, je crois à la collaboration entre l’Etat et ses démembrements : villes, communes, collectivités territoriales et autres gouvernements locaux, pour le renforcement des capacités productives des couches sociales vulnérables, en particulier les jeunes et les femmes.
Enfin, je suis convaincu de l’utilité de la coopération décentralisée comme moyen d’échange d’expérience sur les meilleures pratiques, et comme mécanisme de solidarité au-delà des frontières nationales.
Voilà pourquoi j’avais porté il y a quelques années, avec Monsieur Khalifa Ababacar Sall, alors Maire de Dakar, la promotion auprès de l’Union Africaine de l’Organisation panafricaine des Cités et Gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA).
C’est dans la même continuité que j’avais appuyé la requête de Mme Soham WARDINI, à l’époque Maire de la ville de Dakar, pour accueillir chez nous cette 6e édition du Forum mondial de l’économie sociale et solidaire.
Mesdames, Messieurs,
L’économie sociale et solidaire, qui désigne les entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement et les activités reposent sur un principe de solidarité et d’utilité sociale, est une réalité au cœur de la société.
Ici au Sénégal, l’économie solidaire et sociale se pratique de longue date, avec la formule dite tontine, dont les membres se retrouvent par affinité, pour cotiser et récupérer leur mise à tour de rôle.
Il est donc heureux que l’Assemblée générale des Nations Unies, ait adopté, le 18 avril dernier, sa toute première résolution sur la promotion de l’économie sociale et solidaire au service du développement durable.
La résolution encourage notamment les institutions financières multilatérales, internationales et régionales, ainsi que les banques de développement, à participer aux efforts des Etats membres pour réaliser les Objectifs du développement durable, au moyen d’instruments et de mécanismes financiers, existants et nouveaux, adaptés à tous les stades du développement.
Je m’en réjouis particulièrement parce que ce texte va dans le sens du plaidoyer que j’ai constamment fait durant mon mandat à la tête de l’Union Africaine, pour :
la mise en œuvre de l’Initiative du G20 de suspension du service de la dette ;
et la réallocation partielle des Droits de Tirages spéciaux des pays développés, sous forme de prêts concessionnels en faveur des pays en développement pour soutenir leurs efforts de résilience et de relance post COVID-19.
C’est dire que dans un contexte de crise exacerbée, l’économie solidaire doit également s’appliquer à l’échelle internationale pour permettre aux Etats de disposer de ressources additionnelles en appui à leurs efforts internes.
Alors que le monde continue de subir de plein fouet les conséquences cumulées de la pandémie et de l’invasion de l’Ukraine, j’invite votre Forum à attirer l’attention des pays et Institutions partenaires sur la situation particulière des pays en développement dont les économies, structurellement faibles, sont assurément les plus déstabilisées par la crise.
Face à des défis inédits, il faut des réponses innovantes et solidaires pour un monde plus juste et plus inclusif.
En plaçant votre rencontre sous le thème de la transition des économies informelles vers des économies collectives et durables pour nos territoires, vous avez voulu aborder des sujets d’actualité, dont, entre autres :
la co-construction d’économies collectives et durables créatrices d’emploi décents pour les jeunes et les femmes ;
la préservation de la pêche artisanale ;
l’économie numérique solidaire et durable ;
le financement des économies collectives et durables pour les territoires ;
l’économie verte territoriale et la souveraineté alimentaire ;
enfin, le dialogue politique entre gouvernements nationaux et locaux.
Ce dialogue me parait indispensable, parce qu’à l’évidence l’Etat ne peut tout faire à lui seul ; mais sans lui, ses démembrements que sont les villes, communes et autres collectivités et gouvernements locaux ne pourraient rien faire.
D’où la nécessité d’instaurer et maintenir un dialogue constructif dans la mobilisation des moyens d’action au bénéfice des populations cibles.
D’autre part, je note avec intérêt la priorité que vous avez accordée aux jeunes et aux femmes à travers le pré Forum qui leur a été dédié.
C’est une excellente initiative.
En effet, dans tous les pays, certes à des degrés divers, les jeunes et les femmes restent parmi les couches sociales les plus vulnérables, notamment en matière d’autonomisation, d’accès à l’emploi et autres activités génératrices de revenus, de traitement salarial, et d’accès au crédit.
C’est pourquoi, s’agissant du Sénégal, j’ai mis en place en 2018 la Délégation à l’Entreprenariat des Femmes et des Jeunes (DER/FJ) pour aider à leur insertion économique par l’octroi de prêts, y compris des nano crédits, à des conditions douces, mais également par l’encadrement et le conseil.
La DER/FJ s’inscrit dans notre vision d’un développement solidaire fondé sur la justice sociale et l’équité territoriale, dont les autres instruments sont le Programme d’Urgence de Développement communautaire (PUDC), le Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires frontaliers (PUMA), les Bourses de Sécurité familiale et la Couverture Maladie Universelle.
Mesdames, Messieurs,
En parcourant les sous-thèmes de votre Forum, je me rends également compte que le développement durable, à travers la promotion de l’économie verte, est au cœur de votre agenda.
Cela a du sens puisque le réchauffement climatique constitue désormais une menace existentielle pour la planète terre, notre habitat commun.
En même temps, il y a du sens à tenir compte de la responsabilité commune mais différenciée des pays face au péril climatique.
J’entends par là que si nous devons tous œuvrer à la réalisation du développement durable par des politiques économiques sobres en carbone, il est juste et équitable de faire la part des choses.
Les pays les moins pollueurs, qui subissent le plus les effets du réchauffement climatiques, et qui sont les plus en retard sur le processus d’industrialisation, ne peuvent pas porter les mêmes responsabilités que les pays industrialisés dont les schémas de production, depuis la révolution industrielle à la fin du 18e siècle, ont progressivement plongé la planète dans l’état d’urgence climatique actuel.
C’est tout le sens de la revendication des pays en développement pour une transition énergétique juste et équitable, leur permettant de disposer d’une énergie de base pour améliorer leur compétitivité économique et réaliser l’accès universel à l’électricité.
A titre d’exemple, je rappelle que plus de 600 millions d’africains vivent encore sans électricité.
C’est dire, mesdames, messieurs, que les problématiques que vous aborderez ici, aussi percutantes les unes que les autres, montrent qu’au-delà de l’économie solidaire et sociale, votre Forum pose des questions essentielles qui nous interpellent solidairement.
Tous, ensemble, pays du Nord et du Sud, autorités étatiques et locales, secteur privé, leaders d’opinion et citoyens, nous devons rester mobilisés pour contribuer à la recherche de solutions concertées et efficaces.
J’espère que vos assises nous permettront de poser un jalon de plus dans ce sens, pour un monde meilleur, parce que plus juste et plus solidaire.
Je félicite Madame le Ministre de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire, Victorine Ndèye et l’ensemble de ses équipes pour les efforts consacrés à la préparation du Forum.
Je tiens également à remercier et féliciter le Maire de la ville de Dakar, Monsieur Barthélemy Dias, ainsi que le Réseau des acteurs et collectivités territoriales de l’Économie sociale et solidaire pour leur contribution à l’organisation de la rencontre.
Je déclare maintenant ouverte la 6ème édition du Forum mondial de l’économie sociale et solidaire, et souhaite plein succès à vos travaux.
Je vous remercie. »