une transition qui s’éternise au Burkina Faso

une transition qui s’éternise au Burkina Faso

Cinq ans de plus pour la transition, cinq ans de plus au pouvoir pour le capitaine Ibrahim Traoré, avec le droit de se présenter aux élections. Ainsi en ont décidé, le 25 mai, les participants aux assises nationales, boycottées par la plupart des partis traditionnels.

« Pari gagné pour IB, s’exclame le quotidien Aujourd’hui. Ni surprise, ni suspense concernant l’issue de ce grand raout sur la suite de la Transition, commente le journal. D’abord, prévu pour durer 48 heures, le débat, si on peut le nommer ainsi, a été plié en une journée, samedi. »

Résultat, poursuit Aujourd’hui : « Un quinquennat plein pot pour « terminer » les terroristes, remettre le pays en ordre et dès que les conditions sécuritaires le permettent, faire goûter aux Burkinabè les délices épicés de la démocratie avec IB, comme candidat naturellement. Parvenu au pouvoir par les armes, il y a 19 mois, le capitaine tente de se mouler dans la tenue du deus ex machina politique du pays. Il est désormais le maître des horloges. »

Pas intéressé par le pouvoir ?
Pour L’Observateur Paalga, toujours à Ouagadougou, pas de surprise non plus… « L’affaire ayant été mâchée en amont, elle a été pliée en une journée, en à peine 4-5 heures chrono et sous les hurlements des partisans du régime qui manifestaient dehors. De toute façon, à supposer même qu’il y en eut qui n’étaient pas convaincus du bien-fondé du projet, qui était assez fou pour ramer à contre-courant des désidératas du « grand manitou » ? » Et commente encore L’Observateur Paalga, « pour quelqu’un qui jurait, la main sur le cœur, qu’il n’était pas intéressé par le pouvoir, se taper cinq années supplémentaires à la tête du pays, en attendant de légitimer par les urnes ce qu’il a arraché par les armes, a de quoi laisser pantois ! »

L’Observateur Paalga qui ose dresser un bilan sans concession des 18 mois au pouvoir des militaires : « Les miracles de rémission attendus du messie IB ne se sont pas réalisés et un an et demi après, nonobstant les acquisitions colossales de matériel, les recrutements massifs de militaires, de paramilitaires et de volontaires pour la défense de la patrie, malgré la reconfiguration du maillage sécuritaire du territoire et l’extraordinaire engagement de nos Forces de défense et de sécurité sur le terrain, malgré les énormes sacrifices consentis par les Burkinabè (…), force est de reconnaître que la reconquête du territoire et la réinstallation des personnes déplacées ne se font pas à grandes enjambées. (…) Ajoutez à cela la chape de plomb qui s’est abattue sur le pays et une situation économique et financière plus que préoccupante. »

« Sûrs de leurs faits et de leur force »
Alors, s’interroge enfin L’Observateur Paalga, que va donner cette transition prolongée ? « Va-t-on vers un réel apaisement sociopolitique dans ce Burkina où depuis un an et demi, toute critique de l’homme fort du moment vaut crime de lèse-majesté, où les voix discordantes sont menacées, parfois de mort, ou enrôlées de force pour le front, où les décisions de justice sont royalement ignorées par le premier magistrat du pays qui s’est fait pourtant investir par les « Grands juges » en promettant de respecter la Constitution ? On peut raisonnablement en douter, répond le journal, tant les nouveaux maîtres du pays, sûrs de leur fait et de leur force, n’ont que faire des jérémiades de ceux qui leur conjurent de savoir raison garder. »

Pour sa part, Le Monde Afrique à Paris, rappelle que « depuis le putsch de septembre 2022, le Burkina Faso a choisi de diversifier ses partenariats internationaux. Il a d’abord tourné le dos à la France, ancienne puissance coloniale, en exigeant le départ des soldats déployés sur son sol et en expulsant des diplomates. De nombreux médias français ont aussi été suspendus (dont RFI…) et aucun n’était accrédité aux assises de samedi. Parallèlement, Ouagadougou s’est rapproché de la Russie, mais aussi de l’Iran et de la Turquie et de ses deux voisins, le Niger et le Mali, également gouvernés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups d’État et, eux aussi, confrontés à des violences jihadistes. »

Rfi.fr

Petit Ba

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