Reconnaissance de l’État palestinien: l’Union européenne divisée sur la question

Reconnaissance de l’État palestinien: l’Union européenne divisée sur la question

Il s’agit d’une décision conspuée par le gouvernement israélien : trois pays européens ont décidé ce mardi 28 mai de reconnaître l’existence de l’État palestinien. La Norvège, l’Irlande et l’Espagne, dont deux appartiennent à l’Union européenne, espéraient entraîner avec eux d’autres membres de l’UE mais sur cette question très sensible, les pays européens sont encore très divisés.

Pour l’heure, seules Malte et la Slovénie ont indiqué leur volonté de suivre l’exemple de Madrid, Dublin et Oslo concernant la reconnaissance officielle de l’État de Palestine. Au sein de l’Union européenne, la France a déclaré que le sujet n’est « pas un tabou » – ce qui est déjà une évolution – mais que le moment n’était pas encore le bon pour reconnaitre l’État palestinien. Cette décision doit être « utile et ne pas relever seulement d’un positionnement politique », a justifié Stéphane Séjourné, le chef de la diplomatie française.

Toutefois, il convient de noter que le camp d’Emmanuel Macron reste circonspect, voire partagé sur la reconnaissance d’un État palestinien, au moment où Madrid, Dublin et Oslo officialisent cette démarche diplomatique qui provoque la fureur d’Israël. Pour la tête de liste de la majorité aux élections européennes, Valérie Hayer, qui s’inscrit dans la position diplomatique de la France, « les conditions ne sont pas réunies » pour une telle reconnaissance, même s’il faudra aboutir « à une solution à deux États ».

La France « reste très timorée »
L’ancien ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui pilote aussi le comité de soutien de Valérie Hayer, considère lui que la France devrait reconnaître un État palestinien pour faire pression sur Israël. « Il faut poser des actes de ce type pour avancer en Israël », avait-il dit début avril. Ce geste diplomatique est devenu « indispensable », a-t-il insisté la semaine dernière.

La gauche de son côté est unanime à réclamer une telle reconnaissance. Socialistes, communistes, écologistes et insoumis appellent tous la France à imiter l’Espagne, la Norvège et l’Irlande, ce dont la droite et l’extrême droite ne veulent pas entendre parler.

« Il faut rappeler que le Sénat et l’Assemblée nationale en France, il y a dix ans exactement, ont demandé au gouvernement de reconnaître l’État de Palestine. […] La France est sur l’idée d’une solution à deux États, mais elle reste très timorée, très hésitante sur le moment de la décision de le faire », analysait Jean-Paul Chagnollaud, président de l’Iremmo et professeur émérite des universités, la semaine dernière au micro de RFI. Autre contradiction de Paris : le pays a voté pour l’admission de l’État de Palestine aux Nations unies en avril dernier, mais tergiverse sur la question de la reconnaissance de cet État par le pays lui-même.

Fissure au sein de l’UE

Autre poids lourd de l’UE, l’Allemagne reste alignée sur la position américaine qui consiste à refuser toute reconnaissance unilatérale de l’État Palestinien tant qu’il n’y aura pas de négociations de paix entre Israël et les Palestiniens.

L’UE est donc divisée sur cette question, même si avec le ralliement de l’Espagne et de l’Irlande, l’on dénombre désormais 10 pays de l’UE reconnaissant la Palestine : outre la Suède qui a franchi le pas en 2014, il s’agit de Chypre et des anciens pays du bloc de l’Est, qui eux avaient reconnu la Palestine à la fin des années 1980, avant même la chute du mur de Berlin.

Quoi qu’il en soit, « pour les Palestiniens, ça veut dire que là où est le noyau dur du refus, il est en train de se fissurer. Au cœur de l’Europe de l’Ouest, il y a des États qui franchissent le pas. Et pour les Palestiniens, c’est très important en termes de rapport de force sur le plan diplomatique », estimait encore Jean-Paul Chagnollaud.

L’UE est divisée et de ce fait désarmée, inaudible sur le dossier du Proche-Orient, un fait flagrant depuis l’attaque du 7 octobre en Israël. Avec ces trois reconnaissances supplémentaires, elle apparaît en outre isolée puisqu’il y a de plus en plus de pays qui reconnaissent désormais l’État palestinien : 145 sur les 193 États membres des Nations unies.

L’Espagne reconnaît officiellement l’État palestinien
Ce mardi 28 mai, le gouvernement espagnol reconnait l’État de Palestine dans ses frontières de 1967 et Jérusalem-Est comme sa capitale. L’annonce de Pedro Sanchez, le chef du gouvernement, prendra immédiatement effet au terme du Conseil des ministres. C’est une décision aux grandes répercussions internationales. « Il s’agit d’une décision historique qui ne poursuit qu’un seul objectif : contribuer à ce que Israéliens et Palestiniens parviennent à la paix. La reconnaissance de l’État palestinien n’est pas seulement une question de justice historique, étant donné les aspirations légitimes du peuple palestinien. C’est en outre une nécessité impérieuse si on veut tous ensemble obtenir la paix », a déclaré le Premier ministre espagnol.

La reconnaissance des deux États comme condition indispensable à un scénario pacifique. C’est une opinion largement partagée dans le monde, mais la prise de position espagnole a une force toute particulière étant donné que le pays se dit être un allié d’Israël, et veut le rester, indique notre correspondant à Madrid, François Musseau. À l’extérieur, les pays arabes s’en réjouissent et Israël est en colère. À l’intérieur, Pedro Sanchez est seul : à droite, le parti populaire et les ultras de Vox disent que ce n’est pas le bon moment. À sa gauche, le parti Sumar veut aller bien plus loin, en coupant les relations diplomatiques avec Israël. L’opinion espagnole, quant à elle, est le principal soutien du chef du gouvernement socialiste : selon les sondages, une très large majorité approuve la reconnaissance d’un État palestinien.

RFI

Petit Ba

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